Dessin de Butch Guice
Sortie au USA: Mercredi 11 avril 2012
On retrouve le Winter Soldier, toujours aussi bien mené par Ed Brubaker et Butch Guice (lequel continue de canaliser plein d’emprunts à Steranko tout en les utilisant de manière moderne et non passéiste). La qualité est toujours là en termes de narration, qu’elle soit scénaristique ou graphique… Mais on commence à se heurter aux barrières du concept. Comme l’ex-Bucky est obligé d’aller demander de l’aide à Doom, ce dernier ne manque pas d’apprendre l’existence, la survie du Winter Soldier. Et puis le terroriste qu’il faut arrêter s’attaque à l’ONU et notre héros s’emploie donc à résoudre la menace sans que les gens l’aperçoivent. Hmm… Hep. Oh. Attendez. Rewind là ? Est-ce que malgré la qualité du travail Brubaker ne serait pas en train de se prendre les pieds dans le tapis super-héroïque ? Parce qu’après tout, OK, voilà Barnes qui depuis quatre épisodes s’emploie à passer pour mort. OK. D’accord, pas de problème. Alors que fait-il notre Winter Soldier qui veut passer pour mort ? Ben il s’habille en Winter Soldier, tient, comme ça il suffit d’un coup d’oeil de Doom pour le reconnaître. Comme ça le héros en est quitte pour prier que personne dans le personnel de l’ONU ne le reconnaisse. Et là on a juste envie d’hurler à Brubaker et Guice… Dîtes-donc… Votre ex-espion, votre specialiste de l’infiltration… Il n’a pas pensé à CHANGER DE COSTUME ? d’apparence ? On comprend bien qu’après son passage dans les pages de Captain America le nom du Winter Soldier a une valeur commerciale. Mais s’il voulait vraiment passer pour mort, Barnes aurait aussi bien pu se rebaptiser « Nomad » et hop, ni vu ni connu. Comme en plus Nomad était un double de Barnes, allez prouver la supercherie. Au pire le Winter Soldier aurait pu ne pas s’embêter à se choisir une autre identité. Il suffisait de mettre à jour son costume. Mais non, le voici qui fonce dans les couloirs en espérant que personne ne reconnaisse un costume… que personne ne l’a obligé à porter.
On se retrouve un peu dans les travers du Silver Age. Parasitée par des considérations extérieures (c’est un comic-book de super-héros, donc il lui faut porter son costume sinon les fans « premier degré » vont pas le reconnaître), la série peine conceptuellement. A plus forte raison si Brubaker commence à jouer avec la corde de « le secret risque d’être eventé ». Avec un personnage qui manque autant de discrétion, la logique interne du titre est bancale et il faut vite que le scénariste négocie un tournant s’il ne veut pas que Winter Soldier, au lieu d’une série d’espionnage, sombre dans la caricature… Du bon boulot sur le plan factuel, mais il reste du travail dans les fondations…
[Xavier Fournier]
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