Avant-Première VO: Review Wonder Woman #1
24 juin 2016[FRENCH] Tout se dérobe sous les pieds de Wonder Woman. Perdant ses repères, elle doit aller chercher de l’aide en Afrique, tandis que Steve Trevor et une autre de ses alliés « historiques » prennent leur place sur l’échiquier de Greg Rucka. Un épisode de toute beauté, bien servi par les crayons de Liam Sharp.
Wonder Woman #1 [DC Comics]
Scénario de Greg Rucka
Dessins de Liam Sharp
Parution aux USA le mercredi 22 juin 2016
« Wonder Woman, c’est devenu le foutoir », voilà un peu le constat qu’à fait le scénariste Greg Rucka avant de passer un coup de balai et de semer le doute sur tous les éléments de ces cinq dernières années, afin de pouvoir se ménager un droit d’inventaire. La chose étant qu’il s’exprime à travers la voix de Wonder Woman elle-même, désormais consciente que sa propre histoire n’arrête pas de changer et qu’elle est ou a été manipulée. Ajoutez à cela qu’elle est un peu seule au monde et vous obtenez un personnage conscient de sa propre reconstruction en cours. Pour ce premier épisode de la série régulière, Rucka ne perd pas de temps, nous ramène une adversaire assez courante de Diana mais aussi l’amorce d’un entourage, comme Steve Trevor (qu’on avait vu dans Justice League mais qui avait été largement snobé par la précédente série Wonder Woman) et enfin une toute nouvelle version d’Etta Candy. On a l’impression (mais à ce stade il est difficile d’être catégorique) que Rucka envisage moins Trevor comme une sorte de « Nick Fury de DC » et plus comme un acteur sur l’échiquier géo-politique. Cette incarnation de Candy est toute nouvelle et il est intéressant de voir, à quelques semaines d’écart de Wonder Woman Earth One, à quel point deux équipes créatives peuvent faire quelque chose de différent de ce personnage. Peut-être qu’à ce stade cette Etta gagnerait à ne pas passer pour une Amanda Waller de substitution, autant par le look que par la fonction, mais là aussi, on la voit à peine quelques pages et il faut laisser le temps au temps pour voir vers quoi elle tend.
« The story keeps changing. Nothing makes sense. »
Après des semaines passées à voir l’aperçu des pages de Liam Sharp dans les previews, la lecture de Wonder Woman Rebirth #1 m’avait un peu inquiété ou tout au moins calmé mon enthousiasme. Mais il faut dire que deux dessinateurs se partageaient les pages et, avec le recul, il devient évident que les deux ambiances ne collaient pas tout à fait (d’où l’idée judicieuse de les mettre en alternance sur le titre, pour deux intrigues différentes). Laissé à lui-même mais aidé aussi par une mise en couleur très complémentaire, Liam Sharp peut ici montrer réellement sa conception du monde visuel de Wonder Woman. C’est à dire que la force y est présente (Diana est bardée de muscles) sans pour autant tourner le dos à la féminité. Ce premier épisode est une bonne preuve des talents de narrateur du scénariste comme du dessinateur. Objectivement, Diana ne fait que rendre visite à une vieille connaissance tandis que sa supporting cast semble s’activer sur une autre histoire. Bien des auteurs auraient « grillé » la chose en nous donnant l’impression d’un truc d’une douzaine de pages, lu aussi vite qu’on se mouche. Rucka et Sharp donnent de l’ampleur à tout cela (en particulier via les décors et les textures de l’artiste). On lit mais on regarde et les premiers pas de cette amazone qui a conscience d’être paumé semblent bien être la chose à faire pour qu’elle se retrouve… Et pour que nous-mêmes la retrouvions, par la même occasion.
[Xavier Fournier]