Dessins de David Finch
Parution aux USA le mercredi 17 juin 2015
D’une manière générale, je trouve qu’on fait un mauvais procès à la scénariste Meredith Finch, un peu accusée de tout et son contraire. Sans la porter au pinacle, ses scripts ont parfois de bons moments, d’autres moins inspirés… Mais enfin cela n’en fait pas la pire scénariste qui soit passée sur Wonder Woman et j’ai toujours un moment d’étonnement quand des gens me parlent d’une grosse différence scénaristique entre le run d’Azzarello et le sien, tant ils ne me semblent pas si différents. La preuve dans ce numéro où, non contente de ramener plusieurs personnages associés au run d’Azzarello, elle les fait parler comme il le faut, avec leur « voix » d’origine. C’est particulièrement frappant avec sa manière d’écrire Héra. L’essence est là, donc, mais c’est à d’autres endroits que le bat blesse. Sommés de faire preuve de leur féminisme après qu’une réponse à une interview ait pris une ampleur démentielle, les voici donc qui relookent l’amazone pour correspondre à la mode du moment, c’est à dire un rhabillage des pieds à la tête. Cela correspond à quelque chose que l’on a vu dernièrement dans des séries comme Batgirl ou Spider-Woman, qui veut qu’une femme, quand elle veut procéder à de grands changements dans sa vie se dépêche de… changer de garde-robe, ce que je trouve puéril et finalement contre-productif dans la manière de faire, équivalent à un « je m’occuper plus sérieusement de ma vie, et le prouve en faisant du shopping ». A c’est sûr, si ton idée pour calmer les amazones et leur montrer que le monde des hommes, c’est de changer de tunique…
Après, seulement, vient la nature du costume. Et si, comme pour tout relookage de Wonder Woman, la chose a donné lieu à des protestations préalables. Je crois – en particulier après lecture – qu’il ne faut pas se tromper sur les symptômes quand on recherche une maladie. Tout simplement : le costume de Wonder Woman est un machin défiant toute logique depuis ses débuts, qu’on excuse généralement en tenant compte du contexte patriotique de l’époque. Le costume classique n’a pas grand sens mais en général on ferme les yeux, par nostalgie ou par habitude. Celui-là est moche, maladroit, mais le vrai problème est qu’il intervient au moment le décrit comme un symbole de ses trois visages, faisant référence à ses attaches avec les trois mondes (humanité, amazones, Olympus). Et c’est là que ça fait mal. Parce que dans l’histoire on nous dit « regardez ce costume, il a du sens ». Alors qu’en fait il n’en a pas plus qu’auparavant et qu’il semble à peu près aussi pratique qu’un anorak sur la plage au mois d’août. En tout état de cause, je ne vois pas très bien, par exemple, comment le costume reflète son aspect « déesse de la guerre ». S’il n’y avait pas toute cette histoire de « allez, je change ma vie puisque je change de look », Meredith Finch aurait signé un épisode assez efficace raccordant son run et celui d’Azzarello. Au lieu de cela, les deux Finch rajoutent une direction plus lourde en disant « regardez ! Ça fait sens : ». Et là pour le coup, l’endroit qu’ils montrent du doigt est.. vide. Du coup, comme un boomerang, ce costume va devenir le symbole de ce qui ne va pas dans cette série, éclipser le reste et devenir comme un boulet. En attendant la prochaine fois où on la relookera. Si Meredith Finch s’était contenté de l’aspect avec Hera, et peut-être même avec Donna, on aurait un épisode pas inoubliable mais pas mauvais. En donnant au costume plus d’importance qu’il peut en porter, on obtient quelque chose de moins bon et surtout d’incohérent.
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