Avant-Première VO: Review X-Men Black – Magneto #1
6 octobre 2018Avec les différentes « couleurs » des X-Men en pleine réorganisation, Marvel décide de donner un coup de projecteur sur le côté sombre des mutants, à travers une série de numéros spéciaux mettant en scène les principaux adversaires de l’équipe. C’est Magneto qui ouvre le bal, servi par Chris Claremont lui-même. On reste cependant dans du très convenu.
X-Men Black – Magneto #1 [Marvel Comics]
Scénario de Chris Claremont, Zac Thompson & Lonnie Nadler
Dessins de Dalibor Talajic, Geraldo Borges
Parution aux USA le mercredi 3 oct 2018
Ces dernières années, Marvel Comics a levé le pied en ce qui concerne de l’utilisation de Chris Claremont, essentiellement mis en jachère. On voit peu le travail de cet auteur qui a pourtant fait la réussite des X-Men (et donc de Marvel) pendant presque deux décennies. Toujours sous contrat avec Marvel, il n’écrit plus guère et ce n’est pas non plus comme si le reste de l’industrie des comics se précipitait pour lui proposer des projets. Aussi l’idée de lui confier l’écriture du récit majeur de ce numéro, consacré à Magneto, avait tout le potentiel d’une séance de rattrapage. Mais il faut bien le dire, ce n’est plus le Chris Claremont qui pondait trois intrigues en deux cases. Tout heureux de retrouver un personnage avec lequel il a longtemps associé, le scénariste se perd dans une forme de béatitude, quelque chose qui tient difficilement la comparaison avec certaines back-ups que Claremont écrivait pour Classic X-Men. Donc voilà Magneto qui est – on ne sait pas pourquoi – en train de dessiner dans une cafétéria et qui, malgré sa défiance envers les humains, en vient à discuter avec la serveuse. C’est à ce moment-là que la télévision se met à évoquer le cas des camps d’émigrés séparant les enfants des adultes, affaire qui a défrayé la chronique aux USA ces derniers mois. Il y a là un sujet d’actualité, de quoi souligner à nouveau, s’il en est besoin, la parabole qui anime les X-Men (et Magneto). Mais tout cela ne décoller guère et reste mou. On se demande pourquoi Magneto fait un détour par le café local alors qu’il est en route pour sauver des gosses… et on se demande aussi un peu ce que font les vrais X-Men pendant ce temps, sachant qu’eux-mêmes ne resteraient pas les bras croisés à l’annonce d’un camp pour enfants mutants. Rajouter à cela une ennemie qui n’a guère de présence et qui menace sans grand résultat. Claremont est un auteur gigantesque… mais ce récit-là n’est que routine et pas l’occasion d’un retour en grande pompe. Qui plus est le dessin de Dalibor Talajic, sans être foncièrement mauvais, n’anime guère le personnage. On a un Magneto frêle, pratiquement en mode petit vieux, qui lorgne peut-être sur les films de Singer mais qui n’est guère imposant. Magnéto par Claremont lui-même ? On attendait que le résultat s’élève plus haut que cela.
« My imagination let me explore lost worlds. »
A défaut d’être inoubliable, la back-up consacrée à Apocalypse (et qui va « feuilletonner » dans tous les numéros estampillés « X-Men Black ») a le mérite de mettre le personnage dans une situation où il est véritablement livré à lui-même et confronté à sa propre mortalité. Il est trop tôt pour dire si cela mènera à quelque chose de différent (autant au dernier chapitre Apocalypse se contentera de clamer que sa rage de vivre l’aura sauvé). Mais en tout cas il y a une ébauche de contexte dramatique et un « big boss » comme Apocalypse aux abois, ce n’est pas courant. On pouvait penser que, dans la perspective de la proche relance d’Uncanny X-Men, Marvel et ses auteurs allaient passer en revue les principaux adversaires, les dépoussiérer et les remettre en ordre de marche, capables de représenter un danger renouvelé, décuplé, pour les héros. Ce premier chapitre d’X-Men Black, au contraire, expédie dans l’ensemble les affaires courantes sans y mettre beaucoup de caractère. « Peut mieux faire… »
[Xavier Fournier]
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