Cinéma: The Dark Knight Rises
18 juillet 2012[FRENCH] On dit qu’une claque fait moins mal quand on la voit venir. Qu’on a le temps de s’y préparer. Mais non. En 2008, après la claque du Dark Knight de Christopher Nolan, on avait pourtant été prévenu. Il n’y aurait pas de faux semblant. Nous étions donc prévenus : La fin de la trilogie de Nolan sur Batman n’avait plus le choix. Il lui faudrait finir par une apothéose sous peine de décevoir. Même un film moyen, seulement sympathique, serait pris comme une contre-performance. Alors depuis 2008 on l’attendait la claque. On l’espérait. On la sentait venir. Et puis, là, sur l’écran noir. La claque. Celle à laquelle on croyait être préparé. La claque qu’inexorablement on se prend en pleine figure.
« This is Batman ! »
Nous avions laissé un Batman devenu hors-la-loi à Gotham, acceptant de prendre sur son dos toute la terreur du monde, de mentir sur sa réputation pour devenir un ennemi commun, un symbole qui allait unir Gotham contre lui, héros méconnu et conspué. Seul Gordon saurait que tout ça était du mensonge. La suite semblait évidente : beaucoup pensaient qu’on aurait droit à un Batman pourchassé par les forces de police. En fait, l’imposture de Gordon et Wayne a fonctionné et personne n’a vu Batman (ou Wayne) depuis des années. La force du double symbole de Dent et de Batman a suffit à instaurer une paix forcée. Les criminels sont en fuite ou en prison. Il n’y a guère qu’une cambrioleuse, une certaine Selina Kyle (Anne Hathaway), qui sévit. Comme dans les deux précédents films le scénario de Christopher Nolan, son frère Jonathan et David S. Goyer s’intéresse plus particulièrement à l’autodestruction de Bruce Wayne et à son lien avec la ville. Il s »agit plus d’un film sur Wayne et sur Gotham que d’un long-métrage reposant sur Batman. Oui, mais là où les démasquages incessants de Peter Parker dans The Amazing Spider-Man semblent une excuse maladroite pour démarcher les midinettes, Bruce Wayne (Christian Bale) habite Batman et inversement. Bale nous avait déjà fait la preuve de sa capacité à jouer les personnages détruits, hantés, dans des films comme The Machinist et ici il ne démérite pas, en campant un Bruce/Batman souvent au bord de l’abime. « THIS is Batman ! » s’exclame un gosse à un moment. Un peu que c’est Batman, mon petit gars…
Cataclysme
Non seulement c’est Batman, mais c’est aussi une véritable leçon sur la manière de transposer un super-héros des comics vers le cinéma. Et si Nolan prend ses libertés, si certains personnages n’ont pas exactement le même nom (pour nous réserver la révélation à l’instant ultime), il le fait d’abord pour servir un sens. Pour raconter non pas seulement un film mais aussi pour inscrire ce chapitre dans une saga globale qui ne se repose pas sur ses lauriers. En prime, les scénaristes savent faire référence au matériel d’origine quand on sait y regarder. Non, vous ne verrez pas à la fin, en post-générique, une scène annonçant la formation de la Justice League. Non, vous n’apercevrez pas non plus dans la Batcave une référence à Flash ou à Green Lantern avec une réplique comique façon Avengers. Mais les comics y sont respectés. Peut-être pas à la lettre mais dans l’esprit. Puisqu’il est notoire que le film abrite Bane (Tom Hardy), il est évident que le personnage arrive avec un certain nombre de pratiques et de caractéristiques. Mais ce n’est pas tout. Au delà des personnages la chute de Gotham telle que vue dans le film fait aussi penser à diverses sagas de la BD, comme Batman: Cataclysm ou No Man’s Land. En particulier grâce à la présence du commissaire Jim Gordon (Gary Oldman) mais aussi la conduite d’autres flics (comme le petit nouveau, John Blake, incarné par Joseph Gordon-Levitt, qui découvre un peu les choses d’un nouvel œil) ou Foley (Matthew Modine)… Des rapprochements avec les arcs Black Glove ou R.I.P. sont également à faire, à mon sens…
« Chat-Pardeuse »
Mais (parmi les choses dont il est possible de parler sans gâcher différentes surprises) il y a un autre noyau de références ou Nolan fait particulièrement mouche : Selina Kyle. Peu importe que les premières photos de presse lui aient donné un air froid et guindé. Peu importe qu’elle soit moins délirante que les Catwoman entrevues dans le feuilleton des sixties. Peu importe, enfin, qu’elle ne soit pas Michelle Pfeiffer (la Catwoman de Tim Burton était très bien mais ce n’est pas le débat). Pour avoir, pour les besoins de la revue, lu et relu les premiers épisodes utilisant Catwoman ces derniers mois, il ne fait pas pour moi l’ombre d’un doute. Cette Selina là est la Catwoman que Bill Finger, le créateur du personnage, entrevoyait au début des années 50, quand il a commencé à lui greffer l’identité de Selina. Cette mademoiselle Kyle, ce n’est pas seulement une voleuse ou une chapardeuse. C’est aussi quelqu’un qui est quête de rédemption, d’un redémarrage dans la vie. Un retour à l’innocence que le système refuse de lui offrir. Elle est moins nymphomane que certaines versions. Mais elle est authentique. Elle respecte les intentions de Finger tout en servant au propos de Nolan.
« Rise ! »
Ce propos, on le connait déjà. The Dark Knight Rises fait la fusion entre les caractéristiques des deux précédents films. D’un coté l’ascension d’un Bruce Wayne qui, d’une certaine manière, cherche à se punir. De l’autre le Mal qui tente de manipuler par la terreur, de pousser les uns contre les autres, de s’arranger pour les « bons » en viennent finalement à faire une partie de son boulot. The Dark Knight Rises n’est pas exempt des défauts qu’on avait déjà pu voir sur les deux premiers Batman de Nolan : Des longueurs par endroits, quelques curiosités de montages qui font qu’un personnage emmené à un endroit se retrouve à un autre dans la scène suivante… Il y a aussi un problème d’ellipse temporelle qui fait que des événements supposés se dérouler sur 5 mois de temps à Gotham semblent en fait se dérouler en 48 heures top chrono (même dans une ville à la dérive Selina et Miranda trouvent le moyen d’être coiffées et maquillées, les prisonniers des catacombes gardent les mêmes vêtements mais ceux-ci sont relativement intacts tandis qu’on se demande où ils ont trouvé de la nourriture). Mais ce ne sont que des peccadilles dans un torrent d’énergie martiale (sauf bien sûr si vous faîtes des allergies violentes au réalisateur et si les deux films vous ont déplu. Mais vous allez vous sentir bien seul !). Nolan continue sa réflexion sur la logique de la terreur, sur la perte des libertés individuelles, sur l’indifférence dans lequel le Mal fait son nid. Non seulement il la continue mais il la mène aussi à sa conclusion logique.
Finalité
Car une trilogie qui avait commencé avec l’origine ne pouvait se finir que de cette manière. Avec une fin que, pour le coup, les comics et leur mode feuilleton n’oseront jamais nous offrir. Oui, Dark Knight Rises n’est pas un film de comédie. Il n’a pas le côté hamburger d’un certain nombre d’autres adaptations de super-héros à l’écran. Mais il a de la force, il a du sens. Il consacre une trilogie, la mène à son bout sans défaillir. Certes, Bane, ce n’est pas le Joker en termes de charisme (d’ailleurs c’est déjà le cas dans la BD) mais les événements s’enchaînent pour dépasser l’identité ou le costume d’un bad boy pour aller plus loin. Pour pousser Batman à faire finalement un choix inédit. La fin vient avec ses tiroirs, avec les percussions de Hans Zimmer. Mais la fin vient. Ultime claque qui fait qu’on a plus qu’une envie. On voudrait trinquer avec un Alfred en train de siroter son Fernet-Branca, en souhaitant bien du courage à celui qui aura la redoutable tâche de passer derrière Nolan pour réaliser un futur Batman. Je ne sais pas ce que donnera le box-office. Je ne sais pas si The Dark Knight Rises flanquera une rouste aux Avengers ou à Spider-Man. En un sens peu-importe. Les entrées, les chiffres, restent une histoire d’argent. La vraie victoire, celle du sens, est déjà là, dans ce film de 2h45 qui s’impose non seulement comme le film de super-héros de l’année. Oui mon gars : THIS is Batman !
[Xavier Fournier]
The Dark Knight Rises, sortie VF le 25 juillet 2012
En fait dans divers forum que je fréquente , après les projection presse , des » geeks » ce plaignent que Nolan n ‘ a pas compris Batman etc etc , alors que justement il la mis le doigt la ou sa fait mal , comme Morisson d ‘ ailleurs , cassé le mythe pour connaitre l ‘ Homme
Ah, c’est sur que l’approche Adam West garde ses fans 😉
Mais justement la force d’une grande icône populaire n’est elle pas justement que le mythe puisse s’adapter,et survivre, à toutes formes d’approches,celles-ci finissant par former les differentes facettes d’un tout?
C’est pour ça que Tarzan a pu être Johnny Weissmuller et Christophe Lambert,c’est pour ça que Batman peut être Adam West comme Christian Bale.;)
Excellente critique que je partage totalement. Je fais partie de ceux qui ont applaudi à la fin de la projection, petit moment de solitude car je devais être un des rares de ma rangée… J’ai vu le Batman, j’ai vu un vrai héros qui correspond au dessin animé de mon enfance (même pas le comic) qui me l’a fait découvrir. Le reste c’est du débat de geeks.
Je n’aime pas batman ni ses films que se soit les débiles de shumacher ou les intello/chiants de nolan, donc je passerais avec joie mon tour.
Ah ben c’est sur qu’Elektra… 😉
Dsl de ne pas aimer l’icône batman mais je préfère avengers sans tomber dans la caricature car elektra ne valait pas mieux qu’un batman & robin !
Cool!
J’avais peur qu’il soit raté.
Les débats de geeks, c’est bon pour les ados, qui cherchent toujours à savoir quel es le héros le plus fort? (Hulk)
Ce dont on avait besoin, c’est d’une oeuvre adulte sur les Super-héros.
La voilà! Tant mieux.
Ben, Alain, ce serait un bien triste monde si les gens étaient obligés d’aimer la même chose. Donc c’est heureux que les gens aient le choix entre aimer Batman ou ne pas l’aimer. Après, disons que, bon, c’est un peu dommage que qq qui ne compte pas aller voir le film pour une détestation du personnage nous explique par avance en quoi ce sera intello/chiant 😉
Pas encore vu le film mais je suis étonné par le commentaire de Kynerion: j’ai aussi découvert Batman et son univers par BTAS et ses suites avant de lire ses aventures en comics et j’aimerais savoir où tu as retrouvé ce Batman dans ceux de Nolan? Certes les films de Nolan sont des vrais films et pas juste des films pour fan boy (en gros pas de fan service), mais j’ai du mal à comprendre l’engouement pour cette saga. Personnellement je trouve qu’elle manque de souffle épique et j’ai du mal a retrouver Batman dans l’interprétation de Bale (alors que je trouve vraiment que c’est un super cast pour le perso). Je me suis refait récemment les deux premiers et ils ont de sacré manque de rythme en plus d’être largement pompeux a force de vouloir faire rentrer la thématique principal de chaque film à coup de marteau piqueur.
Je suis conscient de ne rien dire d’original, mais les films de Nolan, jusque là m’ont plus donné l’impression de vouloir prétendre être des films su Batman sans l’être. On a des personnages qui rappelle les personnages de l’oeuvre sans l’être, comme un cosplay très bien fait et très, trop sérieux.
En gros la vision de Nolan manque de magie et de sense of wonder. D’où ma question en début de commentaire.
Ben, Madedd, dès lors que quelqu’un n’aime pas le style de Nolan il est évident qu’il ne va pas aimer le Batman de Nolan. C’est logique que si vous n’avez pas aimé les deux premiers, je ne vois trop l’intérêt de vous taper le troisième. Vous allez détester, c’est certain. Manque juste une petite précision dans votre dernière ligne. Ce serait mieux avec un « pour moi »: « En gros la vision de Nolan manque *pour moi* de magie et de sense of wonder. ». 😉
moi j’aime les films intello et chiant, contrairement aux films Disney nian nian (non aucune réf aux films Marvel je n’oserai pas tout de même cela va de soit)
Batman c’est le mythe de l’homme qui transcende sa condition humaine pour faire ce qui est juste quel qu’en soit le prix à payer. En ce sens les films de Nolan sonnent juste tout comme la série des années 1960 ou les origines de 1939. Nous avons tous rêver un jour d’être la personne qui dit : « non » mais bien sur au dénier moment on se déballonne parce que c’est raisonnable et puis les exemples historiques ne manquent pas pour montrer que l’homme seul face à un système ne peut qu’échouer. C’est ça Batman peu de réussite flagrante et des échecs qui nous rapellent que notre condition humaine est faites de faiblesse. Au fond il y a tous les autres super héros d’un côté et Batman de l’autre, c’est presque un genre à part.
Batman begins je n’ai pas résisté 1/2 heure ! Et puis je trouve qu’on en fait trop sur batman, c’est tout que ce soit en BD ou ciné, je m’emmerde c’est tout lorsque frank miller fait du batman on crie au génie moi je préfère son dardevil, les films sont géniaux moi je trouve qu’avec son armure (plus qu’un costume il faut avouer), il a la grâce d’un hippopotame et dans les scènes de combats filmées avec les pieds il bouge tellement lentement que son ennemi aurait tout le temps de se barrer en courant sans rien craindre et la batmobile ? Cette espèce de char d’assault à coté duquel un leclerc à l’air d’un 4L, non franchement ça craint un max, ça veut paraitre sérieux, somble, psychologique et je trouve chiant et prétentieux. Et j’ai tellement vu de bandes-annonces et de trailers et d’extraits inédits que j’ai déjà l’impression d’avoir vu le film et de ne pas l’aimer plus que les autres, je suis con je sais, j’ai tort je sais mais j’aime pas voilà c’est tout et ses adversaire, le joker, le pingouin, nuls, ridicules. Là aussi je suis con, j’ai tort, je suis un bourrin ok mais j’ai l’impression que l’existence de batman est un long épisode de spidre man avec la spider mobile contre le kangourou, ça craint ! Tenez, je vais même agraver mon cas, je n’aime pas alan moore et les watchmen entre autres, je suis con je vous dit !
Je déteste les batmans de Nolan et Burton!
La Bat lassitude me guette! Pourquoi toujours Batman, et pas plastic man, metal men, hawkman, wonder woman, aquaman? De plus ce n’est qu’un vulgaire justicier sans pouvoirs!
En même temps, je fais en sorte que ne pas regarder trop de BA et autres trailers. Sinon, la surprise n’est plus une surprise.
moi j ai ma place pour mardi aux grand rex pour le film intello/chiants de nolan AIE!!!!
Alain Langlois: OK. Donc vous n’aimez pas Batman. Dont acte. Mais alors franchement pourquoi ne pas utiliser cette énergie à commenter avec la même force des comics ou des films qui vous conviennent ? Parce que OK, y a pas de mal à ne pas aimer Batman. Mais on avait compris au premier ou au deuxième message. Pourquoi ne pas en faire des tartines aussi quand vous aimez des séries Marvel ? 😉
@Pascal: La bonne nouvelle c’est que personne, absolument personne, ne va venir avec une arme chez vous pour vous forcer à le regarder ce film. Mais inversement personne ne vous a forcé à vous taper une chronique sur un personnage que vous détester. Vous haïssez Batman ? Il va juste falloir apprendre à vivre dans un monde où les gens ont quand même le droit d’aller le voir (et d’aimer ou pas). Mais enfin commenter pour dire qu’à la base vous détester le perso, c’est un peu comme venir à l’entrée des restaurants pour vous plaindre que les gens vont manger des plats que vous n’aimez pas…
Manque de variété chez les héros DC au cinéma
Alors repassez-vous Les Indestructibles 🙂
@ admin: oui j’voue avoir oublier le « pour moi » pour le sense of wonder. J’avoue aussi que c’étais volontaire.
En fait je les aimais bien au début mais à force de les voir et de les revoirs, j’ai finis par ne plus voir que les défauts (de rythme, scènes de combats, etc…). Je trouve que son style (à Nolan j’veux dire) ne correspond pas à Batman. Par contre je l’aurais très bien vu sur un héros urbain du type Punisher & co. Bref un héros où le réalisme ne risque pas de tuer l’ampleur mythologique de Batman.
Enfin j’irais quand même le voir (bon peut être pas au ciné mais je le verrai).
Pascal déteste donc Batman en plus des mangas. Nous progressons , je le sens…
ahhh !les gouts et les couleurs ! pour ma part Chris Nolan a parfaitement su capté l’essence de Batman ,preuve en est les deux premiere parties de la trilogie et le bouquet finale a l’air de s’annoncer de toute beauté , jai hate de voir Ca ! c’est le film du genre que j’attends avec impatience , bien au dela de avengers , qui bien que reussi , reste grand public( trop ) et pop corn movies quand meme! alors qu’avec Nolan , cest un autre niveau , du vrai cinoche , plus profond tout en etant spectaculaire et distrayant ! Qualité et quantité ?
Et si le vrai héros du film c’était le Fernet-Branca? LIFE IS BITTER 🙂
Veni, vidi, bofbofi
J’avais adoré le dernier
Avec le joker
et ce sentiment de malaise permanent.
Là, désolé Xavier, mais trop prévenu.
Et Marion Cotillard… Après on va encore dire que les français c’est que des collabo… (et de mauvais acteurs)
Alors, je ne vois pas pourquoi il faudrait être « désolé », chacun a droit d’exprimer son opinion.
Et, oui, Marion Cotillard a été plus inspirée dans d’autres films (là, sa dernière scène). Par contre rapprocher ça des collabos… Faut un peu garder de mesure quand même…
Ce film est une grosse purge sentencieuse et pompière, et peu importe qu’il soit fidèle ou pas aux comics finalement…
Après tout on attendait juste un bon film, et là on est loin du compte, entre les longs couloirs de dialogues redondants, des scènes d’action pas folichonnes et puis Cotillard, hum…
Le précedent avait déjà ces défauts (tout le sous texte sur le 11 septembre d’une lourdeur elephantesque) mais moins appuyés et puis la prestation de Heath Ledger faisait qu’on sortait quand même content, mais là, Nolan montre clairement ses limites.