Tout le problème du film réside dans le fait qu’il correspond parfaitement à ce qu’on attendait de lui : du divertissement « grand public ». Gavin Hood, réalisateur qui s’est fait connaître auprès des spectateurs grâce à Mon Nom est Tsotsi, signe une œuvre parfaitement calibrée pour remplir son office de « pop-corn movie » implacable. On ne peut absolument rien lui reprocher sur la forme. X-Men Origins : Wolverine est un bon film, bien construit, bien réalisé et bien rythmé. Pourtant, il y a un petit quelque chose qui démange. En y réfléchissant bien, ce petit quelque chose s’avère un élément essentiel pour le fan de comic-books : l’âme du personnage.
Comment faire du Wolverine grand public ? La mission est impossible. On ne peut pas parler des origines d’un anti-héros sans évoquer son goût immodéré pour la guerre et pour le sang. Il est regrettable d’aborder cette part essentielle en 2 minutes dans le générique (pourtant superbement amené et mis en scène) de Logan. Ici, le Wolverine de la Fox qu’on nous promettait « sauvage » s’avère, au final, être un bûcheron canadien plutôt bourru. Le film, conçu pour séduire jeunes et vieux, n’égratigne pas le mythe du gentil super-héros un peu soupe au lait. Et c’est bien dommage !
Avec une intrigue finalement pas si mauvaise et un casting particulièrement réussi, on aurait aimé un peu plus de profondeur. Le spectateur ne s’ennuie jamais et est pris par le rythme du film mais à quel prix ? Au final, il ne fait qu’aborder qu’en quelques secondes des segments qui auraient mérités plus que ça. L’enfance de Wolverine ne se limite qu’au traumatisme à l’origine de la découverte des griffes. Cela aurait mérité tellement plus tant les jeunes acteurs incarnant James et Victor sont très bons. Leur passion commune pour les principales grandes guerres du siècle dernier n’est que trop brièvement évoquée. Leur participation au projet « Arme X » de Stryker est à peine abordée et on ne comprend pas bien leur relation avec les autres membres de l’équipe. De même, on se pose la question sur le déclencheur de la prise de conscience de Wolverine lors de sa toute première mission avec l’équipe de Stryker.
Les séquences s’enchaînent trop vite et rien n’est correctement développé. A tel point que l’on se demande si le réalisateur n’a pas voulu faire trop plaisir aux fans en enchaînant les scènes d’action (très réussies) et les cameos qui lui assureront la reconnaissance des lecteurs assidus, plutôt que de prendre le temps de poser ses personnages principaux. C’est d’autant plus rageant qu’on avait une très bonne matière de base. La relation ambiguë entre Wolverine et Dents-de-Sabre aurait tellement mérité mieux. Leur Silver Fox est également assez réussie, même si elle n’a plus grand chose à voir avec sa version en bande dessinée. Le cameo de Gambit est assez marrant (même si, très vite, on déplore la scène de combat gratuite où le réalisateur nous démontre qu’il sait de quoi il parle parce que Gambit a ses cartes à jouer et son bâton). Et l’équipe de Stryker passe assez bien à l’écran. Sauf Deadpool.
Peut-être que le scénariste derrière X-Men Origins : Wolverine est allé surfer sur le net pour voir quel était le méchant le plus « bankable » auprès du jeune public. Ou peut-être que le costume de Deadpool, très proche de celui de Spider-Man, lui a paru super attractif en termes de produits dérivés. Nous ne le saurons sans doute jamais. En tout cas, quelqu’un s’est dit à un moment « Hep, le type là, Deadpool, il pourrait le faire en super méchant, non ? ». Et là, c’est le drame. Le Deadpool de ce long-métrage n’a absolument rien à voir avec le personnage originel. Déjà en version Wade Wilson, cela ne le fait pas. Malgré des muscles saillants, et deux-trois répliques marrantes, Ryan Reynolds ne donne pas le change par rapport à ses camarades de jeu. Et, en Deadpool, c’est le pompon ! Le scénariste fou (dont j’ai parlé plus haut) en a fait une sorte de « tueur de mutants » partageant les super-pouvoirs de jeunes mutants capturés. Et parce qu’il parlait trop (ben ouais, c’est Deadpool, quoi), ils lui ont cousu les lèvres. Une des scènes finales du film nous présente donc un Wolverine confronté à cette créature ridicule et pratiquement indestructible. Et cela ne fonctionne pas du tout.
De toute façon, on sait que Logan s’en sortira puisqu’il s’agit d’un prequel (film se déroulant chronologiquement avant l’œuvre d’origine) et que notre griffu préféré ralliera les X-Men. Car, au final, il ne s’agit que d’introduire le personnage auprès du public juste avant le premier X-Men. Et le film remplit assez bien son contrat en proposant une histoire assez bien ficelée qui explique pourquoi Wolvie a des friffes d’adamantium, pourquoi il est bisbille avec Dents-de-Sabre et pourquoi il est amnésique. Les fans ont même droit à un petit clin d’œil bienvenu à la fin du film. Toutefois, ils seront assez nombreux à ne pas accepter ce type de production « fast food » : vite consommée, vite digérée. X-Men Origins : Wolverine aurait gagné à développer un peu plus ses personnages, quitte à durer plus longtemps (1h45, c’est pas si énorme) et à creuser un peu plus dans la psyché tourmenté de son héros. Bien meilleur qu’un X-Men 3, ce nouvel épisode en décevra, malgré tout, beaucoup. Et on les comprend aisément devant ce film qui n’exploite pas son potentiel.
[Yann Belloir]X-Men Origins : Wolverine
Sortie en France le 29 avril 2009
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