Colloque Mythe du Surhomme et Volonté de Puissance
1 octobre 2011[FRENCH] Je ne suis pas le dernier à pester quand des bien-pensants nous disent tour à tour que les super-héros c’est idiot puisque c’est de la BD, que ca vient des Etats-Unis ou encore que leurs superpouvoirs sont naïfs et qu’il n’y a rien à chercher sous la surface. Souvent on se dit que les universitaires qui tiennent un discours plus positif sont des raretés (comme Jean-Paul Gabilliet à Bordeaux) Mais cette semaine, c’était tout le contraire. Il se tenait un événement étonnant du côté de Nancy. Un colloque interdisciplinaire consacré au surhomme où les super-héros avaient une place de choix. Pendant deux jours des chercheurs, des artistes, des journalistes et même (gasp) de vrais super-héros se sont interrogés sur les diverses facettes de ce genre de personnages. Autant vous le dire tout de suite, quand (par exemple) un sociologue vous fait un exposé sur les Marvel Zombies, on découvre des angles totalement inédits sur la question…
L’évènement culturel de la rentrée à Nancy, c’est le festival Souterrain Porte VI, consacré cette année aux Heroes. Sur l’affiche un Captain America annonce la couleur. Organisé par Matéria Prima Art Factory et la Maison Close, ce bouillonnement créatif et intellectuel donne tout simplement une place de choix aux super-héros. Un brassement créatif qui annonçait 4000 m2 d’exposition, des concerts, des performances… En fait le programme semblait tellement diversifié que je ne savais pas trop à quoi m’attendre en acceptant l’invitation. Mercredi 28 septembre, je m’installe donc dans le train, en route vers un (relatif) inconnu. Et puis tant qu’à faire je décide de profiter du voyage pour profiter du voyage. L’ordinateur s’allume. Le terme « super-héros » apparait sur les premières lignes de mon article… et mon voisin de fauteuil tique : « Je crois que nous allons au même endroit ». Je réalise que je suis assis à côté d’un sociologue par ailleurs grand amateur de comics, trop heureux de se rendre à un endroit où, chose rare, il va pouvoir conjuguer ses deux passions. Me voici donc d’emblée dans le bain. Je réalise que le Colloque Interdisciplinaire: Mythe du surhomme et volonté de puissance, de Achille à Captain America » va nous permettre quelques rencontres assez étonnantes… J’espère qu’on voudra bien m’excuser l’effet « listing » du résumé de ces interventions mais il m’a paru plus judicieux de traiter tous les intervenants par ordre d’apparition, pour mieux faire ressortir les contrastes entre les approches…
THIERRY ROGEL
Quelques heures plus tard, c’est avec Thierry Rogel (Professeur en Sciences Economiques et Sociales) que le colloque démarre véritablement, dans l’amphi du Museum Aquarium de Nancy. La salle est presque vide (il faut dire qu’en semaine peu de personnes auront pu se libérer) mais qu’à celà ne tienne, les participants sont d’emblée très intéressés par le champ d’expertise des autres. Thierry Rogel aussi se trouve être un lecteur de comics, qui prépare par ailleurs un livre (prévu pour 2012) sur la sociologie des super-héros, plus particulièrement sur un « Silver Age » de Marvel délimité par les années 1961-1973. Sa présentation, ce jour-là, repose plus particulièrement sur « le corps fragile du super-héros », c’est à dire, en fait, l’étude du talon d’Achille du super-héros, qu’il s’agisse de la célèbre kryptonite où des problèmes cardiaques d’Iron Man. Un « stigmate » que Thierry Rogel analyse via le prisme de la sociologie et de la psychosociologie. Il s’intéresse à tout ça sans réduire le super-héros à ce qu’il n’est pas mais en l’élevant au rang d’une sorte de rébus sociologique, avec des interprétations à mon sens inédites (y compris le sens qu’il donne à certaines scènes du film X-Men First Class). D’emblée, donc, on est en face de quelqu’un qui connaît bien les deux facettes du sujet. c’est du haut vol…
GERALD BRONNER
Du haut vol ? Ce n’est que le début ! Gérald Bronner (Professeur de Sociologie de l’Université de Strasbourg) lui succède sur l’estrade pour s’intéresser à la notion d’héroïsme. Les fidèles lecteurs de Comic Box se souviendront d’avoir entendu parler de Gérald Bronner dans nos pages. Il est l’auteur du roman « Comment je suis devenu Super-Héros ». Et donc, également, un sociologue. Lui s’intéresse alors, pendant son intervention, à la « radicalité morale » des super-héros. A partir de quel point est-on un héros ? Quand ne le sommes-nous plus ? Lui aussi maîtrise bien son sujet. Au point de bientôt définir une courbe de notre aptitude (ou de notre inaptitude) à l’héroïsme à travers une étude faîte avec le concours de ses élèves lors d’un exercice dérivé du « Jeu de l’Ultimatum ». Difficile de résumer dans ces quelques lignes la portée de cette logique mais ceux qui suivent la rubrique Docteur Psycho dans Comic Box auront compris que là, c’est une approche qui la dépasse au moins à la puissance 3 !
ETIENNE ARMAND AMATO
Etienne Armand Amato est (entre autres choses) Directeur en Sciences de l’Information et de la Communication. Il s’intéresse plus particulièrement aux avatars, expliquant comment « avec les jeux vidéos les héros anciens ou contemporains sont descendu de leur panthéon médiatique ». Dès lors ce chercheur s’intéresse à ce que devient l’être ordinaire quand il a la possibilité de vivre dans la peau du héros. Et si la démonstration s’appuie plus particulièrement sur une étude de Fall Out 3, elle reste totalement pertinente pour les comics. On peut la transposer sans aucun mal sur des hordes de lecteurs qui se projettent chaque mois dans les aventures de leurs héros préférés même si, bien sûr, l’interactivité n’est pas du même ordre…
EWEN CHARDRONNET
Ewen Chardronnet est auteur, artiste et curateur de formation journalistique qui s’intéresse plus particulièrement aux tentatives des militaires de créer un super-soldat. Dès son entrée en matière et l’appartion d’un lobo « Molécules de combat » sur écran géant, on est plongé dans un monde où les armées ne sont finalement pas si loin de créer un surhomme à mi-chemin entre Steve Rogers ou Deathlok. Ewen Chardronnet rythme sa démonstration d’extrait de documentaires, nous parle des expériences sur les drogues, sur les possibles tenues du futur. A sa manière, sans réellement insister sur l’aspect comics, il explique cependant ce qu’il y a de réel derrière des personnages façon Captain America. Ce qui a déjà été tenté, ce qui a fonctionné (ou tout au moins a été utilisé) et ce qui nous attend à courte échéance…
ERIC MAIGRET
Vient alors Eric Maigret, Professeur à l’Université Paris III, la Sorbonne Nouvelle, qui commence son exposé en expliquandt comment, à une époque, il était difficile de vaincre les réticences, de faire des recherches sur les comics où leurs héros. Il fallait passer par un jeu de définitions pour pouvoir enquêter sur ce sujet. Mais comme le prouve le colloque de Nancy, la chose s’est non seulement débloquée, les chercheurs peuvent maintenant comparer leurs idées et informations. Eric Maigret, lui, s’intéresse, pour cette discussion, aux zombies et plus particulièrement aux Marvel Zombies (même si une bonne place est réservée à Walking Dead ou à Blackest Night). Même Deadman et Brother Voodoo sont de la partie ! Son approche est, elle aussi, totalement intéressante, démontrant que ce genre de séries se rattache, à un certain niveau, à une remise en cause de la masculinité (forcément, réduit en trois phrases, mon résumé ne sera sans doute pas très descriptif de la force de l’idée mais les textes du colloque seront publiés d’ici quelques mois et reprendre, entre autres, cette notion de manière bien plus détaillée que je suis en mesure de le faire).
PIERRE ELIE DE PIBRAC, LIFE ET NYX
Les super-héros existent. Aux Etats-Unis les « Real Life Super-Heroes » se comptent désormais par centaines. Le photographe Pierre Elie de Pibrac en a rencontré plusieurs et tiré une série de photos (fort logiquement exposées lors du festival). Mais ce jour-là, à Nancy, il n’est pas venu tout seul. Deux RLSH américains, Life et Nyx, l’ont accompagné. Avec Phil Von Magnet (qui traduit la discussion) et de Gérald Bronner (qui l’anime), les deux super-héros expliquent alors leur quotidien, qui ils aident et comment, la nature de leurs relations avec les autorités. Il se s’agit pas de bouffons costumés mais de gens qui veulent agir en gardant bon esprit. La rencontre est simple, loin des caricatures et les deux héros se livrent avec humilité, en répondant aussi aux questions du public. Cette dernière rencontre marque la fin de la première journée mais (regardez le menu des premières conférences) témoigne bien de la diversité et de la richesse de l’événement.
LE TOTEM
Le point central des manifestations de Souterrain Porte VI se trouve au Totem, lieu culturel qui pour le coup accueille des reproductions géantes des photos de Pierre Elie de Pibrac mais aussi de nombreuses oeuvres d’artistes contemporains. Les rideaux de fer sont repeints à l’effigie de V For Vendetta ou des Watchmen, des choses plus symboliques ornent certains murs. L’endroit est étrange et ne s’interdit rien.
Dans le cadre du festival les concerts ont également une place de choix. Et forcément il faut bien que, parmi les groupes de rock qui passent certains musiciens aient des T-Shirts « The Thing ». Même sur la scène (par ailleurs endiablée) on n’échappe donc pas aux super-héros ! Et dans un autre coin un étrange performer prend un bain dans… 600 kilos de verre brisé (Kids: n’essayez pas ça à la maison)…
YANN MARUSSICH
Justement c’est ce performer que nous retrouvons pour le deuxième jour du colloque. Au demeurant son intervention pourrait surprendre et paraître iconoclaste (ce qui ne serait d’ailleurs sans doute pas pour déplaire à l’homme, toujours intéressé par les réactions qu’il génère). Yann Marussich est un artiste qui explore les limites de sa résistance en se plaçant dans des situations parfois extrèmes (c’est l’exemple du verre brisé de la veille) mais aussi interactives puisque souvent le public peut intervenir. Au demeurant quel rapport avec le super-héroïsme ? Au début la chose parait lointaine mais on comprend vite que, d’abord, Yann Marussich fait un certain don de lui-même, qu’il dépasse les limites de son énergie et de sa résistance. Et que ses installations remettent souvent en cause les notions de bien et de mal (ceux qui veulent l’aider et le tirer de pièges obtenant parfois le résultat inverse). Pas de la sociologie, pas de lien avec les comics mais assurément un autre angle pour voir des choses communes…
BERNARD ANDRIEU
Philosophe et professeur en Epistémologie, Bernard Andrieu s’intésse aux avatars du corps. Non pas les avatars de jeu vidéos comme pour la conférence d’Etienne Armand Amato mais bien les extensions du corps. On entre alors de plain pied (encore que l’expression est peut-être mal choisie) dans la question de la prothèse, du cyborg, de la mutation interne. Et, très directement, Bernard Andrieu pose la question de savoir « comment être dans le corps des héros ». Terminator ou Steve Austin n’ont alors qu’à bien se tenir…
DANIELA CERQUI
L’anthropologue Daniela Cerqui intervient ensuite pour parler du post-Humain et des expériences passées et présentes pour s’implanter des puces électroniques. Une pratique qui peut aussi bien servir à se faire ouvrir la porte d’un club privé en Espagne qu’à gérer par sa simple présence le comportement de son bureau ou de sa maison. En fait, elle montre alors certains des chercheurs les plus impliqués dans cette question, qui cherchent à arriver, via l’implantation, à une réinvention de l’être humain. Et si tout ça pourrait paraître abstrait à certains, l’anthropologue peuple son exposé d’allusions à des oeuvres de fiction comme Terminator 4 (opposition du cyborg à cerveau humain mais corps mécanique et du robot à apparence humaine).
CHRISTOPHE BOURIAU
Puis que le colloque traite globalement du super-héros, comment ne pas parler de Superman, donc de Surhomme, donc de Nietzsche ? Maitre de conférence en Philosophie à l’Université de Nancy II (et directeur du département de Philosophie de la même université) Christophe Bouriau vient alors parler pendant une heure des travaux de Nietzsche dans ce qu’ils ont de meilleur et de pire, idéologiquement parlant. Et il tente alors de décrypter en quoi le Surhomme de Nietzsche précède Superman mais aussi en quoi ils sont totalement opposés. Un autre point de départ fascinant pour réfléchir au surhomme…
JEAN-MARC LAINE
Jean-Marc Lainé, bien connu des amateurs de comics, intervenait lui pour parler plus précisément de l’oeuvre de Kirby (fort judicieusement défini comme l’équivalent pour la BD américaine de ce qu’Hergé a été à la Franco-Belge) et de l’évolution de la philosophie de l’auteur à travers les décennies. On passait donc en revue la création de Captain America, des Fantastic Four, des New Gods, des Inhumans où même l’héritage de Kirby dans des séries comme Kirby Genesis. Un côté assurément plus BD qui semblait captiver les chercheurs présents (plusieurs prenant des notes, peut-on espérer que Kirby est destiné à apparaître comme référence dans encore plus de travaux universitaires ?).
Sur la dernière conférence du colloque… on me permettra de ne pas l’évoquer, ne pouvant pas être à la fois juge et partie (puisque c’est l’auteur de ces lignes qui finissait l’ultime journée avec « Le super-héros : un être d’exception). Je me tiendrais donc à mon sentiment de « spectateur » sur ce à quoi j’ai pu assister pendant deux jours à Nancy : une puissance et une diversité de points de vue qui montre à quel point la science et l’imaginaire sont connectés. Effectivement, comme le disais Eric Maigret lors de son exposé, je me souviens d’une époque encore récente (et d’une pratique sans doute encore en vigueur dans certains cercles) où les seules recherches sur les super-héros ou les comics devaient être seulement à charge (plusieurs stagiaires m’ayant raconté leurs difficultés à faire accepter ne serait-ce que le sujet). Il ne faudrait pas non plus tomber dans l’excès inverse et clâmer que tout est beau, tout est bon dans le super-héros mais des rencontres comme celle qui avait lieu à Nancy cette semaine sont rares en France et donnent vraiment des tonnes d’idées pour explorer le sujet. En clair, j’ai l’impression d’être revenu avec des pages entières de sujets potentiels pour de futurs articles. Non pas en recopiant ce qu’a pu dire le voisin mais bien parce chaque interrogation menait à de nouvelles pistes. Tout en remerciant Matéria Prima Art Factory (et plus précisément Didie Manuel et Virginie Gabriel) pour l’invitation à ce rendez-vous si particulier, j’espère que ce colloque en déclenchera d’autres du même type. Quand à ceux qui, à travers mes simples (et forcément très réducteurs) énoncés auront compris la pertinence des rencontres, qu’ils ne se lamentent pas trop s’ils ont manqué ces conférences. Les textes seront regroupés dans un livre à paraître en 2012 et qui devrait lui aussi bouillonner d’idées et de référence. De quoi fermer le clapet à ceux qui vous diront que les super-héros sont un truc naïf dont il n’y a pas grand chose à tirer !
[Xavier Fournier]
Au contraire, si les super-héros fascinent autant, c’est peut-être qu’on en a besoin aujourd’hui pour remplacer les idéologies qui se sont cassé la figure (y compris le libéralisme) et leur porteurs qui sont maintenant regardés comme de faux prophètes, des carriéristes ou des escrocs. Il nous faut des super-héros pour survivre dans un environnement dégradé et une société en décomposition et pour retrouver un espoir dans l’homme et dans un avenir meilleur (le « sense of wonder). Superman n’est-il pas né en pleine dépression alors qu’en Europe des idéologies glorifiaient le surhomme (fascisme/futurisme, nazisme, stakhanovisme…) ?
Euh… J’ai du mal à comprendre le « Au contraire ». Au contraire de quoi ? Parce qu’en gros ce que vous dites, ce sont des éléments qui n’ont pas manqués d’être évoqué lors des deux jours (je ne peux pas retranscrire mot à mot les discussions, faute de temps, mais la compilation des textes l’exprimera mieux que moi. C’était bien une des idées présentes).
Je réagissais à une partie de la dernière phrase : « les super-héros sont un truc naïf ».
« De quoi fermer le clapet à ceux qui vous diront que les super-héros sont un truc naïf dont il n’y a pas grand chose à tirer ! »
J’en suis moins sûr que vous. Le propre des idiots, c’est justement de s’accrocher à leurs préjugés comme l’escargot à sa coquille : faute de quoi, ils seraient mis à nu, et leur sottise apparaîrait aux yeux de tous… Mais heureusement, on n’est pas obligés de les écouter.
Des réactionnaires et des ignorants qui n’aiment pas les comics et les dénigrent , on n’a pas fini d’en voir : mais qu’importe ?
Ce sont les mêmes qui hier dénigraient le jazz, le roman policier, la SF, Almodovar, la Nouvelle Vague et j’en passe.
Dans vingt ans, l’oeuvre de Kirby sera toujours là, imposante et magnifique ; alors que l’Histoire aura oublié jusqu’au nom de ses détracteurs .
Le chien aboie, le Fantasticar passe.
Et il y aura heureusemnt toujours des connaisseurs et des passionnés comme MM Ferragati et Laîné, l’équipe de Comic Box ou les intervenants de ce colloque pour rétablir la vérité.
Pour ce qui est du colloque : est-ce que vous avez enregistré des vidéos des interventions, qui paraissent très intéressantes ?
PS : Est-ce que les liens (très forts) entre comics et street art ont été évoqués ?
@ Zaitchick : Ok. Je vois. Mais effectivement la majorité des participants partageaient votre/notre avis. Encore que dans l’absolu je suis intéressé par écouter un avis contraire mais argumenté. Ce qui m’énerve ce ne sont pas les gens « contre » (ils ont droit de ne pas apprécier, tout comme nous avons le droit de penser le contraire). Mais bien les gens qui s’arrêtent à la couverture et viennent nous dire ensuite que ça ne vaut pas la peine de creuser 😉
@ Baron Rouge : Vous n’avez pas tort sur le fait que la fermeture de clapet est toute relative. Peut-être que c’est ma phrase qui est mal tournée. L’idée n’est pas non plus de forcer les gens à aimer. Mais, clairement, dans les années passées, j’ai croisé des gens qui avaient voulu faire des thèses sur le sujet et qu’on avait découragé. Le fait que des gens puissent de réunir et exposer diverses argumentations sur l’intérêt visionnaire des comics est à marquer d’une croix blanche à mon avis. Ca ne fera pas taire les « anti », c’est vrai, mais ça encourage les « pour » à sortir du bois. J’espère qu’on aura un jour une littérature universitaire beaucoup plus large qu’elle l’est aujourd’hui. Et ces deux jours à Nancy semblaient être un pas dans la bonne voie.
Pour le street art il n’a pas fait l’objet de conférence mais il y a une large partie exposition intégrée dans le festival, et l’image vaut mieux qu’un grand discours parait-il 😉
Pour les transcriptions, elles seront reproduites dans un livre à venir courant 2012, publié par les organisateurs. J’imagine que nous ferons tourner l’info au moment de sa sortie.
» J’imagine que nous ferons tourner l’info au moment de sa sortie. »
Ne serait ce que pour nous permettre de lire l’intervention de notre chroniqueur préféré ! 😉 ( je n’en fais pas trop ? )
« Mais, clairement, dans les années passées, j’ai croisé des gens qui avaient voulu faire des thèses sur le sujet et qu’on avait découragé. »
C’est pour ça qu’il faut remercier les lecteurs de mangas.
Maintenant, c’est eux qui sont dénigrés et on nous lâche un peu.
@ Baron rouge, je pense que la nouvelle vague et Almodovar n’ont pas connu la même forme même rejet car ils souffrent moins de l’étiquette « populaire » qu’on a pu accoler à la SF, au polar « roman de gare » et à la BD en général (et comic book en particulier mais on pourrait aussi parler du fumetto, et, maintenant du manga.)
Et, franchement, qu’est-ce qu’on a à foutre de l’agrément de la culture officielle ou d’un intelligentsia bien en cour quand la culture popu s’impose dans sa diversité grâce au net.
« C’est pour ça qu’il faut remercier les lecteurs de mangas. Maintenant, c’est eux qui sont dénigrés et on nous lâche un peu. »
Mouais, déjà il y a des gens qui lisent des mangas ET des comics. Mais je crois que si les anti-culture populaire tapent sur les mangas c’est surtout parce qu’il ne faut pas se voiler la face, les mangas se vendent plus que les comics, qui sont considérés comme moribonds. On ne s’acharne pas sur une bestiole qui titube. Enfin je dis pas que c’est la fin. Mais clairement c’est comme ça que certains, en face, imaginent les choses.
« Et, franchement, qu’est-ce qu’on a à foutre de l’agrément de la culture officielle ou d’un intelligentsia bien en cour quand la culture popu s’impose dans sa diversité grâce au net. »
Déjà je ne pense pas que le but soit l’agrément de quiconque mais en tout cas la liberté de chercher dans les champs de recherches désirés sans qu’en face il y ait blocage. Dans certains cas ca peut se traduire par le kiosquier qui vous regarde d’un drôle d’air si vous prenez un Spider-Man. Dans d’autres cas, c’est l’étudiant qu’on vient voir en lui disant « attends, tu vas pas choisir ça comme sujet ». Après, oui, le net peut fournir de superbes ghettos où se retrouver. Mais ça ne suffit pas. Je n’ai pas l’impression que depuis la popularisation du net les ventes de comics soient spécialement en hausse par exemple. « On » n’en a rien à foutre de l’agrément de la culture officielle en soi même. Mais j’aimerais bien que les comics soient traités comme autre chose que des menus kids chez McDo. Ou qu’on arrête de nous dire qu’un Avengers par John Buscema c’est pas de l’Art pour ensuite retrouver la même image agrandie dans une galerie d’art, par un peintre qui s’est contenté de la photocopier pour nous parler de détournement. Il y a des gens qui sont clairement découragés d’aller voir le matériau de base parce qu’on leur dit que c’est seulement du premier degré, ou pire, de la pensée fasciste/nationaliste américaine.
Vivement que l’ensemble des interventions soient sur votre site ! When?
Euh. Ben non. A priori non. Les interventions du colloque vont être réunies dans un livre, comme je le disais plus haut. Rien de prévu sur le site. Mais ca donne en tout cas des idées pour d’autres articles.
« Ou qu’on arrête de nous dire qu’un Avengers par John Buscema c’est pas de l’Art pour ensuite retrouver la même image agrandie dans une galerie d’art, par un peintre qui s’est contenté de la photocopier pour nous parler de détournement. »
Cela me fait aussi penser à Roy Liechtenstein, le faux ami des comics, qui pillait leur iconographie tout en les regardant de haut…
« @ Baron rouge, je pense que la nouvelle vague et Almodovar n’ont pas connu la même forme même rejet car ils souffrent moins de l’étiquette « populaire » qu’on a pu accoler à la SF, au polar « roman de gare » »
Il ne faut pas oublier que si Almodovar est aujourd’hui un cinéaste acclamé (parfois par ceux-là même qui le conspuaient autrefois) il fut un temps ou on lui reprochait sa passion pour le cinéma de genre , dont il a injecté des éléments dans son cinéma.
Un critique avait même qualifié un de ses films de « bande dessinée » (injure infâmante, sans doute, à ses yeux…)
« Cela me fait aussi penser à Roy Liechtenstein, le faux ami des comics, qui pillait leur iconographie tout en les regardant de haut… »
Et bien je n’attends pas que tout le monde aime forcément les comics. En un sens les panneaux de Roy F. Lichtenstein peuvent se comprendre un peu comme l’urinoir « Fontaine » de Duchamp. C’est une démarche que je ne partage pas mais dont je peux comprendre qu’elle existe. Ce qui est plus énervant, c’est quand des gens arrivent, regardent du Lichtenstein au premier degré et s’extasient sur le style… sans se rendre compte (ou sans *vouloir* se rendre compte) que le style vient des comics.
@admin
On peut être lecteur de comics et de mangas, je suis d’accord – c’est par les comics que jai découvert les mangas (avant le black and white flip – ou flop ?)
Le paradoxe des comics étant qu’ils n’ont jamais connu une telle lisibilité et qu’ils se vendent très mal. Je le concède.
Pourquoi ? La faute à un système de distribution en kiosques désuet (alors que les points de ventes disparaissent) et l’acharnement à vouloir calquer le comics sur l’album franco-belge en librairie.
Le comic book na pas non plus la vitalité du manga, notamment parce que les histoires sont écrites par d’anciens fans à l’intention d’ancien fans.
Il serait bon qu’on retrouve le sense of wonder !
Voir les super-héros à McDo, ou sur les classeurs ne m’irrite pas. Ils font désormais partie du paysage. ça m’*mm*rd* moins que de voir trois quatre p*t*ux disserter dans une galerie d’art autour d’une planche.
La BD était dans ghetto culturel, si on l’en a sorti pour la faire crever dans une cage dorée… A quoi bon.
Oui, j’aimerais que le comics soit reconnu comme étant aussi valable que n’importe quel mode d’expression… Mais pas au point d’accepter qu’on en fasse un objet à la mode, prétentieux et ch**nt.
Ce qui est important, c’est de renouveler le lectorat, or cette préoccupation ne semble pas effleurer les éditeurs, ni d’un côté, ni de l’autre de l’Atlantique.
Les gamins pensent que les super-héros sont des personnages de dessin animé ou de film, voire de jeux vidéo.
Pourtant, nos héros survivent aussi grâce à ces autres supports et même dans de « superbes ghettos » – est-ce que ce mot a vraiment un sens sur le net ? c’est oublier qu’il est aussi capable de fédérer les goûts et de briser l’isolement.
Mais c’est un vaste débat.
Roy Liechtenstein , Il mettait en exergue le caractère industriel de la reproduction des cases de bande-dessinée qu’il sortait de leur contexte. preuve qu’il ne connaissait pas grand chose au comics : les cases étaient dessinées à la main et reproduites ensuite. Même si un dessinateur laissait la place à un encreur, la standardisation était dans le mode de reproduction, pas dans le style, ni dans la narration car les cases racontaient une histoire.
(Il est vrai que si Roy tombe sur certaines planches tirées des scénarii de Bendis, ça tombe un peu à l’eau comme argument.)
« … La BD était dans ghetto culturel, si on l’en a sorti pour la faire crever dans une cage dorée… A quoi bon. »
Euh j’avoue que je ne vois pas trop le sens de toute cette première partie du post. Enfin je veux dire dans l’absolu, ok. Mais qui parle d’enfermer les comics dans une cage dorée ? Certainement pas les gens de ce colloque.
« Ce qui est important, c’est de renouveler le lectorat, or cette préoccupation ne semble pas effleurer les éditeurs, ni d’un côté, ni de l’autre de l’Atlantique. »
Là quand même faut être honnête. On peut aimer ou pas ce que fait DC mais enfin quand même on ne peut pas dire qu’ils se bougent pas en ce moment. On verra si ca marche au delà de quelques mois mais bon ils se remuent, on peut pas leur reprocher le contraire.
« Euh j’avoue que je ne vois pas trop le sens de toute cette première partie du post. Enfin je veux dire dans l’absolu, ok. Mais qui parle d’enfermer les comics dans une cage dorée ? Certainement pas les gens de ce colloque. »
Je ne réagissais plus par rapport au colloque – qui a le mérite d’aborder les coimics sans a priori.
Je parlais de la BD en France et en général. Les magazines de prépublication sont moins nombreux. L’album devient le canal principal. Parmi les albums, on valorise « les romans graphiques », une appellation fourre-tout destinée à distinguer les « bons » albums des productions « industrielles ».
Donc, il y a la « bonne » BD (les romans graphiques, plus créatifs, parfois très bon, parfois moins)et le reste (séries franco-belge, comics mainstream, mangas et assimilés – et quand c’est bon, comme Watchmen, ça devient du roman graphique.) Résultat de l’évolution : les BD se vendent en librairies (et en supermarché dans des aires « culturelles ») ce qui les valorise (elles sont dans le même espace que les « vrais » livres – sic) mais les auteurs peinent à en vivre, les lecteurs sont moins nombreux que du temps de la presse, le rapport est moins spontané, bref, la BD « valorisée » souffre d’un modèle économique désuet (l’album) et relativement cher.
Et que font les Américains : ils produisent moins de comics, lorgnent sur la formule du trade paper back et commencent à investir les librairies.
Alors, Spidey à McDo, on peut trouver ça dévalorisant, mais, au moins, il reste proche de son public – et présent dans son esprit – alors que dans une librairie… J’en suis moins sûr. Et ce n’est plus le kiosquier qui te regarde d’un œil soupçonneux, c’est le libraire si tu prends un comics ou un album Soleil.
DC se bouge, OK. Mais est-ce qu’un comics DC acheté peut-être le premier comics de tout le monde ?