Comic Box Virgin #23 – Le Tour du monde en bande dessinée
26 février 2009[FRENCH] Vive les voyages immobiles sans bouger mes amas graisseux de mon fauteuil tellement peu adapté à mon anatomie délicate. A défaut de jouer le globe-trotter qui prend un aller simple pour le monde et part découvrir les richesses culturelles des autres pays (la différence, l’ouverture sur les autres, la tolérance, tout ça tout ça), je me prends une heure pour m’évader avec le collectif d’auteurs du premier volume du Tour du monde. Un voyage visuel passionnant qui nécessite moins de vaccins à mettre à jour et me conforte dans une lecture cocooning. Vous passez d’un pays à un autre sans décalage horaire… Juste un décalage graphique dépaysant qui permet de faire la comparaison d’un auteur à un autre. J’ai adoré ma balade en Côté d’Ivoire, mon périple Belge et mon saut au Canada mais les autres destinations valent également le détour…
Quand les dessinateurs de BD deviennent les reporters de l’air du temps… Un oeil subjectif du monde dans lequel ils vivent, reflets en image de leur société. Douze auteurs se sont prêtés au jeu pour nous livrer une histoire qui traduit les préoccupations de leur pays en lien avec le reste du monde. Les styles sont différents, mais finalement de la Côte d’Ivoire à la Belgique, en passant par le Japon ou les USA, les préoccupations restent les mêmes.
Aller simple sur la planète BD…
Le point commun entre toutes ces histoires ? Elles saisissent l’actualité en quelques pages. Actualité politique avec la BD de Miriam Katin aux USA qui raconte l’exaltation de l’élection d’Obama. Ou l’évocation à l’humour corrosif de Clément Dubrerie et Marguerite Abouet sur les vertus de l’immigration choisie. Actualité qui touche aux préoccupations des sociétés et traduit une évolution dans les moeurs. L’Asie est à l’honneur avec le récit d’Usamaru Furuya, qui dresse un portrait sans concession des jeunes filles japonaises. Ancco s’intéresse davantage à la famille coréenne et Séra revient sur le traumatisme de la guerre au Cambodge. La BD de Karlien de Villiers condense dans son récit tous les points sensibles de l’évolution de la société en Afrique du Sud. Les thématiques comme l’écologie sont en bonne place avec la BD du français Etienne Davodeau ou de l’Argentin Enrique Breccia qui place sa BD du côté de la science-fiction. L’américain Kikuo Johnson nous refait la théorie du battement d’aile du papillon en version catastrophe. Pierre Bailly nous présente la Belgique à travers ses moeurs et coutumes. Et Jimmy Beaulieu propose une BD au verbe haut pour cerner sa culture québecoise. Un saut de page nous fait traverser les frontières avec le plaisir de pénétrer aisément dans chaque culture sans nous oter tous nos repères.
Patchwork de bulles
Le Tour du monde en bande dessinée offre des échantillons de talents à travers des histoires courtes. Pas le temps de se lasser d’une BD à une autre. Vous passez de la légèreté à des dessins plus emprunts de violence ou de gravité. Vous survolez le monde le temps d’une escale en BD qui prend la température du pays décrit. A l’humour noire de Clément Dubrerie et Marguerite Abouet répond la tranche de vie tranchante d’une scène en Afrique du Sud. Chaque auteur apporte sa note, en mineur ou majeur, pour composer une mélodie qui s’accorde sur la musique de ses confrères. Le tour du monde est trop vite réalisé et l’envie de repartir pour un voyage en BD est tenace en attendant le deuxième volume avec impatience.
[Ange-Lise]Le Tour du monde en bande dessinée (Volume 1)
Ecrit et dessiné par Annco, Pierre Bailly, Jimmy Beaulieu, Enrique Breccia, Etienne Davodeau, Karlien de Villiers, Usamaru Furuya, Kikuo Johnson, Miriam Katin, Clément Oubrerie et Marguerite Abouet, Séra.
Editions Delcourt, janvier 2009
Tout cela à l’air fort intéréssant…Il ne nous reste plus qu’à embarquer.