Comic Box Virgin #59 – American Splendor vol 1
6 novembre 2009[FRENCH] Fans d’Harvey Pekar, le jour de gloire est arrivé ! L’anthologie American splendor volume 1 vient de paraître. Elle est en noir et blanc, bien entendu, et contient les histoires parues entre 1976 et 1982. Pekar les a toutes écrites, et, au dessin, on a en vrac du Robert Crumb, du Gary Dumm, du Gerry Shamray, du Greg Budgett et du Kevin Brown. Mais c’est là que le bât blesse… Car, on remarque encore plus que dans un volume avec plusieurs histoires courtes du même auteur qu’elles sont très inégales…
Ancien employé au classement de l’hôpital public de Cleveland, critique de jazz et collectionneur de vieux disques pour arrondir ses fins de mois, Pekar est un bonhomme fascinant. Ce n’est pas un hasard si Hollywood a accepté de lui dédier un film ! Malheureusement, comme souvent dans la bande dessinée underground américaine, ses héros le sont nettement moins que lui… Les passages où il met son double en scène sont donc souvent les plus réussis, pour le reste, pas de doutes, on a affaire à un ramassis de losers sans grande envergure ! Sans compter le petit côté années 70 qui a un rien perdu de son acuité, sauf pour les nostalgiques, évidemment… De temps en temps, bien sûr, des références comme The Kissinger letter sont plutôt sympas car elles sont désormais entrées dans l’Histoire. Les histoires d’Herschel également, ont un certain charme. Mais dans la globalité, il faut bien l’avouer, on s’ennuie un peu dans ce catalogue fourre-tout de types qui rêvent de leur voisine du dessous… Certes, elles mettent en lumière la vie d’un américain lambda de l’époque avec un certain humour, c’est le principe même de la série, mais on ne peut pas dire qu’on se sente très concerné non plus, surtout quand on les lit aujourd’hui pour la première fois… Et c’est sans doute là la limite de l’exercice. N’ayons pas peur des mots, American Splendor a pris un coup de vieux… Ce qui était transgressif ou avant-gardiste dans les années 70 est devenu assez banal de nos jours. A l’inverse d’un Eisner qui lui aussi nous parle des petites gens mais en stigmatisant ce que l’âme humaine peut avoir de plus universel, le Pekar de ces premières années s’en tenait encore trop souvent à la couche de vernis supérieure de ses héros. Ce qui ne les rend pas antipathiques, mais pas non plus inoubliables… Espérons juste que les volumes suivants seront plus passionnants !
[Rebecca Frati]Anthologie American Splendor Volume 1. Ça et là. 19 €.