Equipé de la carte « démoniaque » qui lui sert à repérer les agissements des puissances du mal (on se demande d’ailleurs un peu comment il faisait avant), John Constantine (Matt Ryan) prend la route d’une ville minière où il se passe des choses pas très claires (je n’ai pas très bien compris pourquoi son ami chauffeur ne peut pas être du voyage). Sa route croise celle de Zed Martin (nouveau personnage régulier de la série), interprétée par la très belle Angélica Celaya. D’emblée, on met les choses à niveau. Dans l’épisode pilote, Constantine promenait et sauvait une jeune voyante/médium qui ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Zed est un ton au dessus dans le sens où elle ne se contente pas de subir les événements, est capable d’être proactive et peut surprendre ou même manipuler (un peu) Constantine (par exemple lui piquer ses papiers). Le personnage est plus mûr. En tout cas scénaristiquement. Il y a aussi un peu de fan service avec des apparitions de tableaux lorgnant sur les premières couvertures d’Hellblazer. Là où ça cloche, c’est sur l’interprétation d’Angélica Celaya, qui étouffe d’une certaine manière ce que le scénario tente de faire. L’actrice joue tout de la même manière, avec un regard de biche transie. Au début, je me disais que le show tentait simplement d’instaurer une tension sexuelle entre les deux personnages principaux. Mais plus tard Zed va dans un bar, croise un prêtre tombé dans l’alcool et lui balance le même regard de biche amoureuse… Ce qui rend perplexe sur sa capacité à adopter une autre expression. En fait, elle tire tout vers l’atmosphère amoureuse/romantique/sensuelle. Et il n’y a pas que l’actrice en cause. La réalisation s’y met aussi. Si bien que quand Zed, la jeune femme dans le scénario, dis à Constantine que « hé là coco faut pas mettre la charrue avant les bœufs », l’actrice est mollement avachie, comme offerte, sur le lit même du héros. Et là du coup le scénario raconte une histoire mais la réalisation va dans l’autre sens…
La menace de la semaine, ce sont des gros démons/fantômes surgissant de terre ou crachant une sorte de liquide pétroleux. Pourquoi pas, d’ailleurs ? Il était à prévoir que Constantine aurait à zigouiller au moins un démon par épisode. Seulement, voilà, assez vite je n’ai pas eu l’impression de voir une aventure de John Constantine/Hellblazer, plutôt qu’on essayait de me refiler quelque chose à la place. Je m’explique : la semaine dernière, je faisais partie de ceux qui étaient plutôt partis pour faire confiance. Alors que certains des critiques américains se lamentaient de ne pas voir le Hellblazer de Pete Milligan ou de Paul Jenkins, je voyais les traces de celui de Jamie Delano (les premiers épisodes du comic-book). Cette semaine, ce sentiment est absent car on nous donne une aventure générique. Et je ne parle même pas des comparaisons évidentes avec des shows tels que Supernatural ou Grimm. En fait une première partie de l’épisode m’a fait penser à… Doctor Who. Très sérieusement il ne manque guère que le bruit du Tardis quand Constantine débarque dans la ville et se trouve un nouveau « compagnon » en racontant qu’il veut pas, qu’il ne peut pas. Une bonne partie de l’intrigue aurait pu être jouée par Peter Capaldi et Jenna Coleman sans qu’on ait besoin de changer grand chose. Rajoutez juste un tournevis sonique à Matt Ryan et vous êtes ! Si vous êtes fan de Doctor Who, vous me direz que ce n’est pas pire. OUi mais voilà, ce n’est pas Constantine. Et d’un seul coup, sur toute une autre partie, j’ai reconnu le show que l’on était en train de me montrer…
Non, la semaine dernière, ok, j’ai vu une version du Constantine de Delano et Ridgway. pas de problème. Mais là, j’étais en train de me demander qui était ce personnage plus mou, plus fébrile et d’un seul coup, alors qu’il sautillait de manière ridicule derrière une pelleteuse en faisant mine de passer inaperçu, je l’ai reconnu. Ce personnage-là, ce n’est pas Constantine mais… Kolchak The Night Stalker, une vieille série des années 1970 (traduite en France sous le titre de Dossiers Brûlants, sur Canal +) où le héros était joué par Darren McGavin. Kolchak, c’était un peu le Columbo du surnaturel. Un journaliste un peu suant, souvent fébrile. En fait, cela me rappelait tellement Kolchak (y compris, forcément, le moment où Constantine se fait passer pour un journaliste) que j’ai plongé dans les guides de la série. Cela titillait mon spider-sense. Bingo : Dans le vingtième épisode de Kolchak, on a bien un monstre au fond d’un tunnel de chantier qui commence à tuer les ouvriers. Le fait est que le monstre de Kolchak est plus reptilien mais quand même… Je ne dis que c’est le même épisode. Mais ça me rappelle quand le feuilleton The Incredible Hulk était en fait un remake du Fugitif. Là, si l’on se base sur ce deuxième épisode, Constantine court le risque d’être un remake clandestin de Kolchak.
Il est trop tôt pour tirer un bilan de la série dans son ensemble. Deux épisodes, cela ne permet pas réellement d’estimer une trajectoire. Mais cette deuxième livraison est assurément, pour moi, une déception. Alors, admettons que c’était une volonté de faire un coup de chapeau assumé à Kolchak mais, si c’est le cas (et je n’en suis pas convaincu), mettre un hommage si tôt dans le démarrage de Constantine ne me paraît pas fameux. Et puis il y a Zed, qu’il va falloir « tuner » un peu, alors que le scénario voudrait en faire une femme qui ne s’en laisse pas raconter… et que l’actrice, elle, joue en mode jolie potiche. Mais, plus encore, il y a ce sentiment d’avoir vu Doctor Who, Kolchak ou Supernatural mais pas John Constantine. Et là pas question de versions entre Milligan ou Delano. Pas de Constantine à l’horizon mais quelque chose qui cultivait les clichés. Il y aussi des passages assez faibles, comme la séance d’hypnotisme qui permet à John de placer Zed en transe. Il suffit d’à peine deux secondes et c’est à peu prêt aussi crédible que la mort de Talia dans Dark Knight Rises. La semaine prochaine, on verra bien si le futur épisode nous permettra de trianguler un peu mieux et de voir où la prod veut en venir (on nous promet Papa Midnite, un personnage lié aux premiers épisodes du comic-book). Mais pour l’instant, c’est déception…
[Xavier Fournier]
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