Disparition du dessinateur John Severin (1921-2012)
14 février 2012[FRENCH] L’année 2011 s’est mal terminée pour les comics avec la disparition de plusieurs grands. 2012 ne démarre pas mieux puisqu’après la disparition d’Al Rio c’est au tour du grand dessinateur John Severin de disparaître à l’âge de 90. L’artiste avait participé au lancement de la revue Mad mais on a pu aussi le voir illustrer de nombreux récits de genre pour les fameux EC Comics ou encore pour Marvel.
Après des études artistiques, John Severin est recruté très jeune par le studio d’Harvey Kurtzman. Au début il s’agit juste de partager les frais d’un local mais rapidement Severin devient un membre à part entière de l’équipe. A l’époque il travaille surtout pour des illustrations publicitaires ou pour du packaging. Mais les autres membres du studio arrondissent joliment leur fins de mois avec des pages de BD qu’ils placent auprès des éditeurs de comics. Severin les suit donc sur ce terrain-là, vers la fin des années 40. Parmi ses premières histoires publiéés on trouve aussi bien des Westerns qu’un épisode des Boy Commandos (série lancée par Simon & Kirby). Ironiquement on verra par la suite à quel point il n’en a pas terminé avec les westerns ou les séries de guerre associées à Kirby. En 1951 on note son arrivée dans les pages de la revue Two-Fisted Tales (EC Comics). Chez le même éditeur Severin participera aussi à Frontline Combat. Enfin, avec des gens comme Wally Wood ou son compère Harvey Kurtzman, Severin fera partie des collaborateurs initiaux du magazine humoristique Mad (à l’origine publié par EC, depuis repris par DC Comics). Mais les jours d’EC, écrasé par les pressions moralistes des années cinquante, sont comptés…
Tout en collaborant à la revue Cracked, sorte d’homologue de Mad, Severin arrive alors en parallèle chez Atlas/Marvel. L’artiste avait déjà livré quelques pages à cet éditeur depuis 1949). Il dessine alors les aventures du Ringo Kid (un cow-boy), de Kid Colt, Wyatt Earp, Rawhide Kid, Cheyenne Kid ou encore d’Outlaw Kid en parallèle de quelques histoires guerrières (Battleground, Marines In Action, Marines in Battle…). Dans les années soixante on le retrouve aussi chez d’autres éditeurs comme Warren Publishing, dans les pages de Blazing Combat. C’est en 1965 qu’il s’installe vraiment dans l’univers Marvel en dessinant Nick Fury, Agent of S.H.I.E.L.D. dans Strange Tales, d’après un découpage de Jack Kirby.
Rapidement Severin, avec son CV « guerrier », se voit confier la tâche d’illustrer la jeunesse de Fury dans Sgt. Fury (à partir du #44). Severin est également encreur pendant des années sur la série Incredible Hulk, apportant une touche d’élégance certaine. Par la suite on le retrouvera sur des séries aussi diverses que Hulk, Conan The Barbarian, The Nam ou King Kull. Plus récemment on avait pu le retrouver sur des séries modernes comme Desperadoes (Wildstorm), la série « MAX » du Rawhide Kid (Marvel) ou encore Conan, BPRD ou Witchfinder (Dark Horse). Avec un style très reconnaissable, John Severin était un vétéran qui ne connaissait pas le sens du mot « retraite » et dont la richesse est à (re)découvrir, par exemple en parcourant les volumes de Blazing Combat et de Frontline Combat qu’Akileos a pu publier ces dernières années.
Cette disparition intervenant après l’impression de notre prochain numéro (Comic Box #75), nous y reviendrons dans les pages de Comic Box #76.
triste news
C’est clair que toute une génération est en train de « tirer se révérence ». Perso, je ne me remets toujours pas du départ de Gene Colan. Severin était un grand dont je me rappelle surtout ses King Kull (un péché de jeunesse).