En effet, bien que la légende selon laquelle Marvel Comics et son Editor se soit toujours tenu à l’écart (voir opposé) de l’engagement américain soit complètement fausse il est certain qu’en 1965 Stan Lee est revenu sur son soutien à la guerre suite aux nombreux contacts qu’il a eu avec les étudiants. Il décide donc de replonger son héros dans un conflit qui porte une charge héroïque et de fierté extrêmement forte contrairement à celui du Vietnam. Un conflit ou les USA ont eu un rôle non équivoque (au moins dans la mémoire collective américaine) et les adversaires représentaient le mal absolu.
Captain America [Steve Rogers] va donc se replonger dans son combat contre les nazis, et quelle meilleure introduction que de raconter de nouveau son origine sous la plume de celui qui est son co-créateur : Jack Kirby. Le style de Kirby est beaucoup plus dynamique que celui de l’époque et la narration est également plus condensé. L’action commence avec une case symbolisant la conscription des recrues et une autre l’action de la 5e colonne du Bund. Mais immédiatement après, nous entrons directement dans les préparatifs de « L’opération renaissance ». Les plus hauts responsables de l’armée américaine se réunissent dans un magasin de curiosité gardé par une vieille femme qui n’est un fait qu’une couverture.
Le laboratoire du Professor Erskine (qui a été rebaptisé puisqu’il s’appelait Reinstein dans la version originale) est plus « futuriste » que celui de l’époque et ressemble un peu plus à une installation du S.H.I.E.L.D.. Entre alors le chétif Steve Rogers qui se contente de boire un sérum de la formule du super-soldat (alors que dans l’épisode originel il est également irradié) avant de se transformer en spécimen parfait de l’espèce humaine. Mais malgré les précautions draconiennes, un espion nazi a réussi à s’introduire dans le laboratoire et réussi à abattre le Professor Erskine qui n’a jamais transcrit sa formule secrète, laissant Steve Rogers comme un spécimen unique.
Le haut commandement des forces armées américaines (alors que dans la version originelle il s’agit du F.B.I.) décide de lui donner son costumé étoilé ainsi que son célèbre bouclier qui est déjà rond (et non pas en forme d’écusson comme dans la première version). Il affronte alors une nuée de saboteurs, d’espions & de membre de la 5e colonne sous son identité de Captain America tandis qu’il se fait passer au camp Lehigh pour un deuxième classe incapable sous son identité de Steve Rogers au grand dam du Sgt. Duffy.
Heureusement, Steve s’est lié d’amitié avec Bucky Barnes, la mascotte du camp dont le père est mort au combat et qui constitue sa seule famille. Bucky est bien entendu un admirateur sans condition de Captain America [Steve Rogers]. Il est assez intéressant de voir dans ce schéma une reprise assez proche de celui des aventures de Superman telles que créées par Jerry Siegel & Joe Shsuter.
C’est donc avec une tenue rappelant celle de son mentor et un simple loup que le jeune Bucky Barnes va connaître son baptême du feu sous le simple alias de Bucky. La première mission commune du duo sera de neutraliser des nazis débarquant des explosifs d’un sous-marin. D’autres succès suivront ce premier pendant le conflit. Suite à cette redite des origines du personnage, Stan Lee va continuer à plonger ses personnages dans le conflit de la seconde guerre mondiale en reprenant certains scénarios de l’époque et en réintroduisant des super-vilains également d’époque.
En France l’épisode de Tales of Suspense (1959 Series) #63 qui rapporte de nouveau l’origine de Captain America [Steve Rogers] et ouvre cette grande période de retour aux sources du personnage a été publié par l’éditeur nordiste Artima – Arédit dans le numéro 21 de son Petit Format Aventures Fiction 2ème série n° 21.
[Jean-Michel Ferragatti]
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