She-Hulk #21 (oct.2007)
Scénario de Dan Slott & Ty Templeton
Dessins de Rick Burchett
Encrage de Cliff Rathburn
Sortie américaine prévue: 5 septembre 2007
A quoi reconnait-on un bon run scénaristique ? Au fait que l’auteur sera resté maître de sa série du début à la fin. Dans le cas contraire ce n’est d’ailleurs pas toujours la faute du seul auteur puisque bien des événements (maladie, revirement éditorial ou encore mévente) peuvent venir interférer avec ce qui était prévu. Du coup, finir un bon run tient un peu du parcours du combattant et ces réussites sont finalement assez rares (dans des registres forcément différents, les fins de run du Sandman de Gaiman et du Hulk de Peter David viennent, entre autres, à l’esprit). Ce She-Hulk #21 est le dernier écrit par Dan Slott et bien que « Miss Hulk » soit finalement une série mineure de Marvel (elle aurait sans doute mieux fait de se faire transfuser du sang de mutant que celui de Hulk) la tenue de ce run aura été remarquable. Dans ce numéro Slott fait ses adieux (ou son au revoir ?) au personnage et s’en tire de main de maître. Comme souvent depuis qu’il a relancé She-Hulk, il y va d’un méta-commentaire sur la réalité et la continuité tout en évitant de singer ce qu’avait fait John Byrne en son temps. Et comme d’autres personnages qui sont devenus indissociables de certains auteurs (par exemple Adam Warlock et Jim Starlin), la Miss Hulk de Slott trouve le moyen de se réapproprier des aspects « batards » qu’avaient ébauchés d’autres scénaristes (notion d’univers partagé oblige). Et hop, au passage d’une case, voilà que disparait un écart de conduite de Jennifer Walters, avec un hilarant « I knew it! ».
Dans cet ultime épisode, Slott trouve le moyen de s’octroyer un droit d’inventaire sur ce qui se passe dans l’univers Marvel concernant Miss Hulk et de faire un ultime pied de nez à la continuité tout en la respectant. Bien sûr, l’astuce dévoilée dans ce numéro est un « deus ex machina » mais elle permet d’expliquer toute erreur de continuité d’une manière bien plus fun qu’une Sorcière Rouge disant la mauvaise phrase ou un Superboy Prime tapant sur un mur. Les mauvais costumes au mauvais moment ? Des héros qui ne sont pas du même camp dans Civil War selon les scénaristes ? Les gens apparaissant vivants quand ils sont supposés être morts ? Dan Slott a une solution pour tout ça mais nous vous laisserons la découvrir. Comme souvent avec lui, elle est teinté d’humour… Même si vous n’êtes pas des lecteurs habituels de She-Hulk et que cet aspect vous intrigue, vous pouvez vous amusez à lire ce numéro tant, à travers son sentiment de folie générale, il reste accessible. Si vous ne vous êtes pas tapé l’intégrale de Miss Hulk, vous ne serez pas perdu puisque – à part les noms et destins d’un ou deux employés (genre Stu ou Two-Gun Kid) de la firme où travaille Jennifer Walters – tout est relativement auto-contenu.
Que les fidèles de la série se rassurent, ce n’est pas pour autant un « one-shot » générique et l’épisode recelle bien des pépites. On apprend ainsi des détails de ce qui est arrivé à Stu (les allusions à une magicienne très connue de l’univers Marvel laissent à penser que c’est sans doute un « plot » que Slott aurait exploité plus sur la longueur, s’il était resté). Sur les dernières pages, vous tremblerez même en voyant ce qui arrive à votre héroïne tant Slott joue avec la possibilité de rebooter le personnage, « emportant » avec lui son incarnation bien particulière. Est-ce qu’il franchira la ligne (ou plutôt le portail?). C’est l’autre intérêt de ce numéro, qui anime la dernière partie de l’histoire.
Si ce n’était pas Peter David qui reprenait la suite des opérations à partir du prochain numéro, j’aurais tendance à penser que le type qui va succèder à Slott a du souci à se faire. Peter David en ayant vu des vertes (oui oui, avec jeu de mots, bien sûr) et des pas mures mais ayant en plus plusieurs choses en commun avec son prédécesseur sur le titre, on devrait regarder l’avenir d’un oeil plutôt serein. Reste que She-Hulk #21 est excellent et termine ainsi un run qui aura été lui aussi captivant, bien que n’aillant pas toujours été accompagné par les dessinateurs qu’il aurait mérité.
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