C’est peu de dire qu’Agents of S.H.I.E.L.D. se cherche encore et donc… ne s’est pas encore trouvé. Après un cinquième épisode particulièrement « emmerdant » (injecter un pseudo Sunfire, lointainement inspiré d’un épisode de Night-Trasher pour réveiller les fans, ça ne métamorphose pas une écriture trop absente), c’est un peu comme si les dialogues des personnages viraient au méta-commentaire. L’agent Ward commence par donner des leçons sur le petit truc qui différencie le succès de l’échec. Puis Skye enchaîne en se demandant ce qu’elle doit faire, après sa pseudo-trahison, pour se faire accepter. Et l’un des laborantins poursuit sur le ton de « nous faisons tous des erreurs ». Ce n’est sans doute pas l’intention mais pendant un petit wagon de minutes c’est un peu comme si la majeure partie des personnages demandaient à voix haute « Mais, bon sang, vous allez nous aimer ? » tout en se demandant pourquoi ce n’est pas déjà le cas. Et c’est sans doute finalement ce qui plombe la série. Une partie conséquente du cast ne cesse de s’interroger. Qui suis-je ? Que fais-je ? Est-ce que j’ai changé ? A part le personnage de Melinda May mais qui elle est traitée à part et ne s’allume que par moments. Pourtant force est de constater que cette fois on remonte…
J’entends ou je lis de ça et là des gens qui se plaignent qu’Agents of S.H.I.E.L.D. ne soit pas une série de super-héros. En ce qui me concerne ce serait une hérésie parce que, quand on prend le comic-book d’origine, Nick Fury ne joue pas les aventuriers masqués, n’enfile pas (sauf circonstances très spéciales) un masque pour jouer au gendarme et au voleur. Le S.H.I.E.L.D., en théorie, c’est James Bond dans l’univers Marvel. Et là nous avons un seul agent qui pourrait passer (de loin) pour Bond avec un peu trop d’agents Q dans le labo. Mais cette semaines les auteurs prennent le taureau par les cornes et découpent l’épisode en deux parties. D’abord la quête proprement dite (un mystère à éclaircir), réglée en vingt minutes (ce qui m’a paru bien plus soutenu et dense que l’épisode 5). Un seul truc gênant : la capacité des personnages a essayé de nier qu’on a déjà vu ça dans la série. « Des gens qui flottent ? On a jamais vu ça ! » Euh… ben si, moi j’aurais dis « tiens ça me rappelle furieusement l’effet de la technologie de Frank Hall » mais à aucun moment les héros ne s’intéressent au rapprochement possible. Ca tombe bien, la vérité est… hum… ailleurs. Et c’est dans la deuxième partie que les agents vont être secoués, quand l’enquête n’est plus une enquête, quand ce n’est plus une mission lambda et que la vie d’un ou de plusieurs d’entre eux pèse dans la balance. Très franchement on se prend à espérer que tout ça permette de faire le ménage à l’intérieur de l’avion. Néanmoins la pression amène un peu de « gravitas » (à défaut de la gravité) à tout ça. Justement par rapport à ce que je disais au début il y a un moment où les protagonistes passent de l’impuissance à la détermination et on arrive à quelque chose de plus réveillé. A l’évidence, les Agents of S.H.I.E.L.D. fonctionnent mieux quand ils sont en situation de siège, de menace intérieure (et pas quand Skye balance des LOL sur son blog d’activiste comme dans d’autres épisodes).
Là où Agents of S.H.I.E.L.D. ne respecte pas la recette Marvel (comics), c’est dans ce retour constant à l’unité, à la foi dans le groupe. Dans les BD, la plupart des équipes ont été construites sur l’instabilité. Hulk claquait la porte à la fin du deuxième épisode des Avengers ! Et là on a un peu trop tendance à toujours vouloir en revenir au « sixpack » de l’avion. Ceux qui (comme moi) attendaient beaucoup de l’intervention promise de l’agent Blake (Titus Welliver) resteront cependant sur leur faim. J’espérais que l’arrivée d’un autre agent avec plus de bouteille forcerait le groupe à réinventer ses interactions… Mais finalement nous n’avons de Blake que la portion congrue, un temps d’écran qui se compte en quelques dizaines de secondes et une intervention minimale, juste pour faire la « blague ». A mon avis la série se porterait autrement mieux si elle intégrait un peu de rotation, si en plus du noyau il y avait quelques agents supplémentaires qui venaient la jouer « mission impossible » sur des compétences précises. Mais là, clairement, ce n’est pas ce que les scénaristes avaient à l’esprit pour Blake. On n’est pas loin d’une présence subliminale. Quand à la scène de pré-générique, ce segment dont Marvel Studios nous annonçait qu’il allait nous scotcher chaque semaine… Et bien c’est le service minimum également. Quelques ronds de jambes pour marquer le coup, pour parler une fois encore d’homme changé et puis allez hop…
Très franchement ce n’est pas le plus mauvais épisode de la série et je dirais même qu’on revient de loin après l’épisode d’il y a quinze jours. On ménage une certaine dose d’action (même si idéalement j’aurais préféré voir passer une combinaison façon écureuil volant, comme les aimait Steranko, plutôt qu’un parachute) et le fait que certains personnages soient directement mis en danger, aient leur moment de bravoure, dynamise tout ça. On apprécierait par contre que Coulson soit capable d’entamer une conversion avec quelqu’un sans toujours en revenir à « En fait je suis mort à New York mais je suis désormais un homme changé ». Épisode après épisode, plusieurs fois par épisode, ca devient rengaine. Mais sinon, il y a du mieux. Clairement il faut que les choses remontent encore et on verra la semaine prochaine si le feuilleton sait tirer partie (ou pas) de la sortie de Thor The Dark World. C’est là qu’est le vrai test à mon avis. Si là ils loupent le coche, ce serait comme oublier son parachute alors qu’on saute dans le vide…
[Xavier Fournier]
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