Marvel’s Agents Of S.H.I.E.L.D. S07E12-13
13 août 2020C’est terminé pour les Agents Of S.H.I.E.L.D., le dernier épisode (double) de la série venant d’être diffusé aux USA. On peut parler par la même occasion de la fin d’une ère de la branche « Marvel Television », depuis revenue sous la houlette de Marvel Studios. Reste que les deux parties avaient pour but de faire le ménage. Les Agents resteraient-ils piégés sur une autre timeline ? Seraient-ils effacés ? Oubliés ? Le moment de la dernière mission est venu…
Après sept saisons les Agents Of S.H.I.E.L.D. rendent cette semaine leur plaque. En tout cas les Agents Of S.H.I.E.L.D. de la télévision (on verra de ce qu’il adviendra de ceux du grand écran et de Disney+, certainement pas décidés à prendre leur retraite). Avec une série active depuis 2013, nulle doute que la nostalgie l’emportera pour beaucoup. Hé oui, fini les rendez-vous hebdomadaires avec Daisy, Mack et toute la bande, écrasons une petite larme, d’accord, ok. Malheureusement si le niveau était à la hausse ces derniers temps le final, lui, semble largement à la peine, entre un trop plein d’explications et quelques personnages particulièrement mal écrits ou mal interprétés (parfois les deux).
A certains égards showrunners et scénaristes ont fait du travail d’orfèvre sur cette dernière saison, achevée de tourner juste après la sortie d’Avengers Endgame. En quelques épisodes on a revisité les références des films traitant du temps, que ce soit Terminator, Retour vers le Futur, Bill & Ted’s excellent adventure, Un jour sans fin… Sous la surface, il s’agissait aussi de donner une sorte de reflet d’Endgame. Les « agents » font essentiellement un « Time Heist » tel que Captain America et les autres l’exécutent dans le deuxième tiers du film. Là où Thor et Iron Man avaient pu revisiter un parent disparu, Daisy a pu croiser sa mère. Steve Rogers a voyagé dans le passé pour y retrouver sa belle ? Pas de problème les Agents Of S.H.I.E.L.D. prennent la chose à l’envers et expédie un agent du passé vers son futur. Avec les deux derniers épisodes les choses se font encore plus apparente puisque les rapprochements avec Ant-Man et son Quantumverse sont plus manifeste (encore qu’ici ce qu’on voit semble plus proche de la dimension de Dormammu.
Cette ambition, bien sûr, est servie avec les moyens du bord et des budgets qui ne sont pas les mêmes. On a eu droit à certains plateaux et certaines reconstitutions (décors, figurants…) impressionnants mais ces « money shots » se payent par d’autres moments où la production est plus à l’étroit. Dans les premiers épisodes de la saison 7 la chose de façon agréable puisque d’une certaine manière les personnages eux-mêmes ne semblaient pas dupes. Le show avait une certaine distance avec lui-même, riait sous cape des choses les plus grosses. Et le spectateur pouvait rire de façon complice avec ces touches de second degré. Sur la seconde moitié de la saison c’est devenu de moins en moins vrai. L’humour a rétropédalé pour revenir à un premier degré plus en phase avec les premières saisons. Ce qui peut se comprendre puisqu’à mesure qu’on se rapproche du combat final on est sans doute moins enclin à énoncer des vannes sur Toto. Mais le souci c’est qu’en se prenant à nouveau au sérieux la série se retrouve face à ces défauts. Par exemple figurez-vous que la centrale énergétique du vaisseau-mère des Chromicons c’est un décor déjà utilisé dans d’autres saisons (il était anciennement « l’arène des Kree » où Daisy s’était déjà battu). Jusqu’ici rien d’anormal, il est habituel de récupérer et d’optimiser. L’ennui c’est qu’en configuration « énergétique » le décor est désormais orné de deux espèces de « dômes géodésiques », source de puissance du vaisseau et fait… avec du plastique d’emballage qui s’ébranle quand les acteurs s’en approchent ou les touchent. Ce qui devrait passer pour les moteurs du vaisseau semble moins solide qu’une tente de jardin. Servi avec une dose de non-sens, ça passerai. Au premier degré ? Ca fait cheap. Mais ce n’est pas le principal problème…
C’est le propre de la plupart des Chronicoms : la menace majeure de cette saison, de ne guère avoir de personnalité. Du coup tout le grain que l’on pouvait attendre de la dernière moitié de la saison 7 venait de Nathaniel Malick (Thomas E. Sullivan) et son acolyte Kora (Dianne Doan), d’autant plus que tous les deux donnent un côté personnel aux choses pour Daisy Johnson (Chloe Bennet). Même si on ne demandait pas Josh Brolin affublé d’un gant de l’Infini, il faut bien dire que Malik tel joué par Sullivan a le charisme de… enfin non, n’a pas du tout de charisme. On a connu des lycéens qui avaient l’air plus menaçant que. Autant dire qu’on ne croit pas du tout au fait qu’il représente un danger pour le monde entier. D’ailleurs vu que sur sa terre d’origine il a été établi qu’il s’agissait d’une timeline différente, qui avait déjà divergé, il n’a aucune motivation qui tienne une fois passé l’épisode 12, aucune raison de vouloir que le plan des Chronicoms se réalise. A peu près même impression pour Kora, la sœur de Quake. Pour le coup ce n’est pas entièrement dû à l’interprétation de Dianne Doan. Le scénario la fait passer sans subtilité aucune de « Je suis une folle furieuse et j’essaie de tuer tout le monde » à « non mais en fait je suis une gentille. Tiens d’ailleurs j’avais oublié, mes pouvoirs peuvent sauver des gens ». Si ces deux rôles avaient été mieux campés, la fin de saison aurait assurément un autre goût.
Si les parallèles possibles avec Endgame faisaient qu’on pouvait se dire que Fitz (invisible pendant la plus grande partie de la saison) était peut-être parti avec une autre machine à voyager dans le temps réunir tous les alliés vus dans la série. Vers la fin il serait réapparu avec Deathlok, Mockingbird, Ghost Rider et quelques autres agents pour sauver les choses. Ou bien on aurait pu penser que la série se paierait le luxe de quelques secondes d’apparition de Nick Fury (cela s’est vu ailleurs) pour féliciter Coulson et ses troupes. Après tout puisqu’on s’est rapproché d’un personnage de la série Agent Carter, une démarche « mythologique » des Agents Of S.H.I.E.L.D. pour revoir quelques visages connus n’aurait pas été absurde. Mais vous n’aurez pas ce genre de retrouvailles ici. Pas plus que l’ébauche réelle d’une série suivante (certains imaginaient que les derniers instants ou qu’un post-générique pourraient révéler une série Disney+ à venir dans laquelle les personnages auraient pu revenir). Non, la fin appartient aux visages « historiques » de la série. Ceux autour de qui elle tournait. Et c’est finalement la monde des choses. Mais hélas le climax souffre des mêmes problèmes d’écriture que les Chronicoms ou que Kora. Si deux d’entre eux ont une raison de vouloir se ranger, les motivations des autres semblent évacuées un peu vite. Les personnages ne sont plus que des figurants dans les gimmicks. Honnêtement la série a connu des fins de saison plus palpitantes que cela et c’est un peu « service minimum » en matière d’adieux.
Agents Of S.H.I.E.L.D. a été un fil rouge des activités de Marvel Television. Et s’il reste, techniquement parlant, la future série télévisée « Helstrom » sur Hulu et quelques vagues projets annexes incertains, conçus par la même branche TV, il ne fait pas de doute que le chapitre se referme, à quelques semaines de l’arrivée de The Falcon and the Winter Soldier chez Disney+ pour en ouvrir un nouveau. On a apprécié quelques éléments (comme l’utilisation du personnage secondaire tiré d’Agent Carter si « peachy ») mais le final des Agents Of S.H.I.E.L.D. tombe un peu à plat, surtout dans les scènes « post-combat », quand il s’agit de nous parler du destin des personnages. Il n’y a pas la petite émotion qui aurait transformé la chose.
[Xavier Fournier]
2.5