Mort de Carmine Infantino (1925-2013)
5 avril 2013[FRENCH] Carmine Infantino, l’ancien éditeur-en-chef de DC Comics mais aussi le co-créateur de Barry Allen (Flash), de Batgirl, de Black Canary, de Deadman et d’Elongated Man vient de s’éteindre le 4 avril 2013. Il avait commencé sa carrière dans les comics il y a 70 ans…
C’est un pan d’histoire qui s’en va. Déjà, rien que la longévité du bonhomme dans l’univers des comics est en soi un exploit. L’Amérique vient à peine d’entrer dans la seconde guerre mondiale que le jeune Carmine Infantino trouve ses premières commandes chez des éditeurs comme Timely (futur Marvel Comics) et dessine les aventures d’un certain Captain America avant d’oeuvrer également sur les exploits du Angel du Golden Age ou encore d’Human Torch. Puis il enchaine avec d’autres maisons d’éditions comme Holyoke, pour qui il dessine plusieurs aventures des Hell’s Angels dans Sparkling Stars, qu’on peut considérer comme sa première série régulière, entre 1944-1946.
C’est en 1947 qu’Infantino s’installe chez DC et travaille rapidement sur Flash Comics. Il n’est là que depuis quelques semaines quand on lui demande de dessiner une nouvelle adversaire pour le héros Johnny Thunder, une femme fatale manipulatrice et vêtue de noir, Black Canary. Le personnage deviendra vite populaire, au point que les auteurs en feront une héroïne membre de la Justice Society (dont Infantino dessinera également quelques épisodes) et, au fil des décennies, une héroïnes les plus marquantes de la firme. En 1949 Infantino sera le dessinateur de Flash Comics #104, dernier numéro de la série, mise en jachère parce que les super-héros sont passés de mode. Du coup l’artiste passera ensuite sur des séries d’aventures comme les Boy Commandos, Lady Danger, Pow-Wow Smith, King Faraday… Puis il touche à la Science-Fiction : Chris KL-99, Knights of the Galaxy ou encore Captain Comet, qu’il co-créé avec John Broome en 1951. L’année suivant c’est le même duo qui lance un héros mystique, le Phantom Stranger. Infantino fait déjà preuve d’un style plein de mouvement. Quand une grenade explose, ses personnages perdent l’équilibre, sont projetés dans les coins de la page…
Mais la vraie percée d’Infantino vient quand on lui demande de créer, avec Robert Kanigher, une nouvelle version de Flash. Le héros, réinventé, avec un costume repensé, est désormais le policier scientifique Barry Allen. Dans Showcase #4 (1956), son lancement est un tel succés qu’on le transfère immédiatement dans une nouvelle série qui reprend la numérotation de Flash Comics. Infantino va alors perfectionner sa gestion du rythme et des mouvements, avec des perspectives folles, souvent trafiquées, et des silhouettes démultipliées du héros. La réussite est telle qu’on attribue à la création de Barry Allen le signal de la seconde génération de super-héros. Un renouveau massif auquel Infantino continuera de contribuer, par exemple en co-créant Elongated Man (Flash 112) puis en dessinant Flash #123 (1961) dans lequel on ramène le premier Flash (celui des années 40) et qu’on lance le concept de terres parallèles chez DC.
Infantino est encore là quand il s’agit de sauver… le soldat Batman. En 1964 le héros de Gotham est en effet passé de mode, le public le juge trop ridicule. Infantino va procéder à des modifications du costume (c’est lui qui insère le logo de la poitrine dans un cercle jaune) et réinventer quelques personnages périphériques de la série. Un peu plus tard, Infantino est encore là quand il faut créer une nouvelle héroïne pour Gotham… Batgirl (Barbara Gordon). Dans la liste longue des héros à qui Carmine Infantino a donné une apparence, on peut également citer le fantomatique Deadman.
Vers la fin des années 60 la carrière d’Infantino prend un autre tournant alors qu’il devient éditeur-en-chef de DC Comics. C’est sous son règne que des dessinateurs comme Neal Adams sont recrutés. Infantino est soucieux de donner la parole aux artistes, les intègre plus au processus éditorial. Et il garde toujours une main sur l’aspect créatif (même quand il passe d’éditeur au rang supérieur de directeur de publication du groupe), co-créant Human Target dans les années 70. C’est aussi lui qui négocie l’arrivée de Captain Marvel (Shazam) dans l’univers DC. Mais dans le milieu de cette décennie, il quitte finalement DC. Les fans de Marvel le retrouveront alors sur des séries comme Spider-Woman, Nova et, excusez du peu, Star Wars. Par la suite Freelance, on le reverra encore chez DC…
C’est une figure historique de DC Comics qui vient de disparaître… Mais aussi un titan de la BD américaine ! Nous avions eu la chance de rencontrer ce géant pour une interview (Comic Box vol.2 #8) mais aussi de publier son épisode initial de Batgirl (Comic Box HS: Légende des Comics). Cette disparition intervient trop tard pour figurer dans Comic Box #82, actuellement à l’imprimerie, mais nous y reviendrons évidemment le plus rapidement possible dans nos pages.
Triste nouvelle… Ils nous quittent les uns apres les autres!
Encore une figure historique des comics qui nous quitte
Triste nouvelle, en effet. Je me souviens d’un livre sur les comics où un passage parlait de la « perspective absurde » d’Infantino et démontrait, exemples à l’appui, que si ses cases avaient été dessinées avec des perspectives normales, elles n’auraient plus eu aucun impact.
Encore une légende des comics qui s’en va…