Paramount Roadshow : Star Trek
26 décembre 2008[FRENCH] Majel Barrett Roddenberry, veuve du créateur de Star Trek vient de nous quitter. Elle n’aura pas vécu jusqu’à la sortie, très attendue, du nouveau Star Trek signé JJ Abrams. Avec un peu de retard, voici un petit résumé de ce que nous avons vu du film lors du roadshow Paramount. Le réalisateur J.J. Abrams était venu lui-même présenter la bande annonce (désormais disponible partout) ainsi que quatre scènes tirées du film qui sera en salles au printemps…
J.J. Abrams est un véritable « entertainer ». Il connait son job et assure la promo dans les règles de l’art. Alors qu’il faisait un tour du monde avec l’ambition de convaincre un public, au mieux indifférent, au pire hostile à son film, il s’est acquitté de la tâche avec brio. Et ce n’était franchement pas de la tarte ! En France, Star Trek souffre d’une image déplorable du fait de sa diffusion tardive et chaotique. On se rappelle que notre beau pays avait dû attendre les années 80 avant de découvrir la série (vingt ans après sa diffusion originale aux USA). Et encore, en version Québécoise !
Bref, Abrams capte rapidement son auditoire en confessant qu’il est toujours ravi de revenir à Paris, une ville qu’il a habité pendant un an pendant ses études. Après la projection de la bande annonce (disponible ici : http://www.startrek.com/startrek/view/movie/index.html), il introduit 4 scènes inédites tirées du long métrage.
Dans la première, on voit un James Kirk rebelle entrer dans un bar bourré de cadets de Starfleet (le corps de la fédération des planètes unies). Il cherche à draguer une jeune recrue afro-américaine nommée Uhura. Mais le tout se finit dans une bagarre digne d’un saloon ! Et Kirk se fait passer à tabac par des molosses. Il aurait même été encore plus sérieusement amoché sans l’intervention du Capitaine Christopher Pike. L’homme fort de Starfleet est aussi celui qui va bientôt diriger le vaisseau spatial Enterprise, actuellement en construction. Pike a connu le père de Kirk, ce dernier lui ayant sauvé la vie. Le jeune et bouillonnant Kirk a un gros problème avec l’ordre établi. Mais Pike veut croire que le fils de son ami disparu a un destin. Il lui propose de rejoindre la nouvelle promotion d’officiers qui part le lendemain. Kirk décline. Mais la nuit portant conseil, il se rend sur le lieu de rendez-vous et embarque pour l’aventure.
La seconde scène se passe sur le vaisseau. Kirk a obtenu une information de première main : la mission qu’on leur a confié est un piège. Les Romuliens, une race extra-terrestre plutôt belliqueuse, veut casser le bel idéal de la Fédération et va se payer l’Enterprise en guise de trophée. Sauf que vu son statut, Kirk ne devrait pas se trouver sur l’Enterprise. Il a été mis à pied pour des questions de discipline et devait être renvoyé sur Terre. Il a néanmoins convaincu son ami ‘Bones’ McCoy, l’un des médecins du vaisseau de l’aider. Ce dernier lui a injecté un virus qui lui permet de rester à bord, par sécurité. Il doit maintenant aller au centre de communication, retrouver Uhura qui s’y trouve et apporter la preuve au Capitaine Pike de la félonie des Romuliens.
Dans la troisième scène, place à l’action ! J.J. Abrams veut montrer à quel point il respecte la tradition Star Trek. Dans cette partie, Sulu et Kirk partent en mission avec un troisième cadet habillé en rouge. Et dans la série originale, généralement, les officiers en rouge se faisaient dézinguer en 2 minutes ou, en tout cas, ne survivaient pas plus d’un épisode (mis à part Scotty, mais c’est une autre histoire).
Enfin, la dernière scène fait la part belle à Mr Spock. Là encore, JJ montre son souci de ne pas s’aliéner les nombreux fans de la saga en incorporant un monstre sacré de la série dans son film : Leonard Nimoy, le Spock original. Ce dernier est donc en « double » dans le film : version jeune incarné par Zachary « Heroes » Quinto, et version « vintage » avec Nimoy. Ici, Spock, Scotty (le futur ingénieur de l’Enterprise) et Kirk sont prisonniers d’une planète glaciaire. Spock trouve le moyen d’aider les deux jeunes gens à remonter à bord de l’Enterprise en leur apprenant les bases… de la téléportation! Ce à quoi le jeune Kirk réplique « c’est de la triche ! ». Et le vieux Spock d’ajouter : « c’est un truc que j’ai appris d’un vieil ami ». Il fait référence à Star Trek II, la colère de Khan, dans lequel Kirk avait avoué avoir triché pour entrer à Starfleet.
Décidément, J.J. Abrams est plein de surprises. Il disait ne rien connaitre à Star Trek, mais peut-on raisonnablement le croire ? Il affirme avoir voulu faire un film pour tous ceux qui ne connaissent pas la série… Mais elle en assume toute la continuité et les codes. Abrams déroute, brise des interdits, mais semble, sur la foi de ce que nous avons vu, avoir réussi l’impossible : (re)concilier Star Trek et le grand public.
Longtemps, les Trekkies (les fans de ST) ont été ringardisés par les fans de Star Wars. Et il est vrai que la saga de Lucas a donné un coup de vieux à la série de Roddenberry en s’enlisant dans les conventions et s’arc-boutant sur sa propre mythologie. Abrams n’a peur de rien. Il fait des combats spatiaux décomplexés, sa bande annonce lorgne du côté obscur en montrant un James Kirk à la sauce Skywalker. La réhabilitation est à portée de main. Star Trek va enfin redevenir cool. Comme il l’était dans les années 60 lorsqu’il bousculait les codes de la télévision et était en avance de plusieurs décénnies sur son temps. En se modernisant, en acceptant l’héritage de Star Wars et cela sans se renier, Star Trek pourrait bien être l’événement SF de 2009. En tout cas, nous sommes conquis…
[Fabrice Sapolsky]
Merci beaucoup Mr Fabrice !