Les Ultimates retrouvent leur numérotation d’origine… bien que ce soit une série et une équipe différente. Pourtant, Al Ewing cherche à légitimiser les choses en provoquant le retour des Ultimates originaux. En tâche de fond, cependant, le but de ce numéro est de re-reconstruire l’univers Marvel après ce qu’il a traversé dans les numéros précédents… au risque de perdre un peu de vue les personnages.
Scénario de Al Ewing
Dessins de Travel Foreman, Filipe Andrade…
Parution aux USA le mercredi 16 Août 2017
Les grosses numérotations sont de retour ces temps-ci chez Marvel. Le paradoxe étant que Ultimates 2 #100 devrait être, de manière plus logique, tout simplement Ultimates #100 tout court. Seulement voilà, Ultimates 2 touche à sa fin et il a sans doute été jugé en haut lieu que changer la numérotation ET enlever le numéro de volume en même temps aurait créé encore plus de confusion. Tout cela pour dire que vous n’avez pas manqué environ 90 épisodes de la série écrite par Al Ewing ces derniers mois mais que celle-ci arrive néanmoins à sa fin. Dans ce numéro le scénariste doit donc remettre un peu d’ordre, après que les épisodes précédents aient maniés des concepts plutôt énormes, lorgnant sur ce que Hickman avait pu faire pour Secret Wars. On peste parfois quand les crossovers manquent de retombées mais Ewing, ces derniers temps, a sans doute été celui qui a le plus directement et le plus régulièrement exploré les pistes post-Secret Wars, que ce soit dans Contest of Champions, USAvengers ou donc ses Ultimates. Là, ces derniers temps, les manigances du Maker (le Reed Richards version Ultimate) ont provoqué la fin du Multivers et sa refonte en un seul « univers », au grand déplaisir des entités cosmiques et de l’équipe guidée par Captain Marvel. Le Maker, pour sa protection, utilise les « Ultimates Classic » (ceux de Millar et Hitch) et le clash est inéluctable…
« Galactus sent us. Via a reality warp from a cosmic ghost. So you know this is serious… »
Le contexte est plutôt épique mais… les éléments (héros de la série compris) se retrouvent vite noyés dans la masse. C’est à dire qu’en dehors de deux coups de poing assez colossaux donnés par Blue Marvel et Captain Marvel, les choses s’enchainent presque en pilote automatique. On a l’impression que les « Ultimates 2 » sont un peu des passagers embarqués, qui ne sont même pas totalement responsable de la défaite du Maker. Toute la dernière moitié de l’épisode est occupée à décrire des combats gargantuesques opposant des entités cosmiques, les unes après les autres. Pour ceux qui s’intéressent à l’ordre des choses dans la réalité Marvel, qui dévorent les Marvel Handbook et qui veulent savoir combien Eternity a de frères/sœurs ou le devenir des Celestials, c’est un feu d’artifice, culminant avec l’arrivée des « Ultimate Ultimates »… Pour ceux qui s’intéressent à Captain Marvel, Miss America, Spectrum, Black Panther et Blue Marvel… l’expérience est plus frustrante. Même le sort des Ultimates originaux est un peu expédié de façon vague, tandis qu’Ewing se concentre sur celui qui aura été le fil rouge, pardon, le fil doré, de ses deux séries Ultimates : Galactus. Et pourtant même la scène finale sonne de façon plutôt naïve, avec le personnage qui n’a pas la hauteur qui lui convient. Marvel a bien fait de confier les dessins à Travel Foreman, qui a la légitimité pour œuvrer sur les deux équipes d’Ultimates. Mais tout au long de l’épisode ses traits sont bien trop souvent « noyés » dans des couleurs à la fois trop massives et trop sombre. Puis, sur la scène finale, ce n’est même plus Foreman qui dessine et le décrochage est manifeste. Ultimates 2 #100 est ambitieux. Al Ewing y glisse, au chausse-pied, le (rapide) combat entre les deux versions du groupe puis tente de régler aussi son intrigue majeure, obligé pour cela de faire passer quelque chose de similaire à la fin de Secret Wars dans une moitié d’épisode normal. Il y a vraiment de l’idée et une volonté de bien faire. Mais le fait que tout soit comprimé désintègre toute subtilité. Et les pages trop sombres finissent d’amoindrir les choses. Quelque part en cours de route les aventures du groupe de Carol Danvers touchent à leur fin mais on oublie la plupart des personnages au bout de dix pages et, mis à part Black Panther, plus aucun d’entre eux n’aura de rôle parlant. Beaucoup d’efforts louables, donc, mais pour un résultat très brouillon.
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