Review: Amazing Spider-Man 2: Le Destin d’Un Héros

[FRENCH] Amazing Spider-Man revient sur le grand écran le 30 avril prochain pour la deuxième aventure de cette incarnation (celle dirigée par Marc Webb). Au menu ? Une relation Peter/Gwen (Andrew Garfield/Emma Stone) au premier plan mais aussi une avalanche de super-méchants avérés ou à venir. Et quand même, quelque part, l’impression qu’il y a deux films en un et qu’on a voulu trop en mettre… D’où un constat forcément partagé.

DE RETOUR SUR LA TOILE

Rapide petit retour en arrière pour « synchroniser nos montres »: le premier Amazing Spider-Man de Marc Webb m’avait laissé froid, avec des incohérences monumentales de scénario et des tentatives de jeunisme qui tombaient à côté de la plaque (ou en tout cas à côté du personnage principal), Peter Parker n’ayant jamais été ce skateur tendance. Et, pire, dans les dernières minutes on terminait sur un coup de « après tout la promesse faîte à ton père de jamais te revoir, on s’en fout il est mort… ». Il ne s’agit pas ici de refaire le match du premier film mais bien de dire que sur ce point il y a une nette progression dans ce second film, avec un Peter Parker beaucoup plus torturé par ses responsabilités et ses promesses passées ou actuelles. Passé une scène d’intro qui est une nouvelle fois consacrée à la saga familiale des Parker, le Peter/Spider-Man qu’on retrouve ici est beaucoup plus proche de l’esprit du personnage. Le côté « guedin », « rien à battre », a cédé la place à une posture beaucoup plus positive, à un héros qui se préoccupe plus de son prochain (avec parfois des phases naïves, c’est vrai, mais elles font partie du « package » de Spider-Man). En même temps on voit de bons exemples de l’évolution. Là où l’aide apportée par la « confrérie des grutiers » sentait le mélo, l’intégration des relations avec la police et les pompiers est plus naturelle cette fois. Marc Webb a aussi profité de l’expérience du premier film pour nettement progresser en ce qui concerne la manière de filmer Spider-Man. Si parfois quelques mouvements de caméra font un peu fouillis (ça bouge de partout), il y a un vrai parti pris sur les angles (plus en plongée, plus souvent plus en haut et moins prisonnier de ce qui avait pu se faire dans des films précédents). Sur ce plan là, le Spider-Man de Webb ressemble beaucoup plus au héros de la BD que dans le film d’avant. Qui plus est si dans le premier film l’acteur posait sa cagoule à tout va parce que le studio voulait attirer les midinettes, cette fois il garde le masque beaucoup plus (à part une ou deux courtes scènes où c’est nécessaire). Cette progression établie, se pose la question de savoir ce que nous raconte ce film et là il faut bien voir qu’on ressort un peu mitigé. Car il y a le film qu’on aime et l’autre…

L’HISTOIRE DE GWEN

Gwen Stacy avait porté le premier Amazing Spider-Man à bout de bras. Elle était raccord, elle était la garante. Cette fois-ci elle revient et elle éclate tout. Même si dès les premières minutes des phrases lourdes de sens nous éclairent sur la tournure des évènements à venir, Emma Stone incarne cette fois encore et avec plus de force la girlfriend primordiale de Peter Parker/Spider-Man. Qui plus est, comme la mentalité de Peter est mieux cernée, les liens du couple occupent une bonne partie du film avec une alchimie redoutable. Gwen Stacy n’est pas une potiche mais une véritable partenaire du héros (à ce niveau-là, la Mary-Jane Watson de la trilogie de Sam Raimi est largement éclatée). C’est un élément d’équilibre de Peter, de comédie mais aussi de raison. L’ombre du père de Gwen passe par là mais de manière finalement assez logique et bienvenue. Après tout si Peter est marqué par la mort de son oncle, le Capitaine Stacy est la seule personne qu’il n’a pas réussit à sauver depuis qu’il est Spider-Man (en tout cas pour l’instant). C’est vraiment une bonne phase, qui devrait satisfaire les fans de comics qui ont connu l’ère de Gwen. Encore que pour être honnête la relation Peter/Gwen à l’écran est plus fusionnelle, plus complète, puisque les deux tourtereaux partagent le secret de l’identité du héros (alors que dans la BD c’est resté un non-dit entre eux). Cette Gwen Stacy là c’est une « Gwen+ », qui plaira sans doute à pas mal de spectateurs/lecteurs mais aussi au public féminin parce qu’elle ne s’en laisse pas raconter.

LE CÔTE OBSCUR

L’autre dimension, c’est celle qui concerne les bad guys. Et alors là, comment dire… il y a du boulot. Passons au delà du débat sur la fidélité en ce qui concerne Électro. On savait clairement que Max Dillon (Jamie Foxx) serait très différent ce qu’on connait dans la BD mais – pour faire simple – disons qu’on était prévenu et qu’on n’est pas pris en traître. Par contre les auteurs se trouvent en plusieurs endroits incapables d’établir des motivations complexes et/ou crédibles pour le personnage. Ce qui fait qu’on a trouvé la solution en décidant que Dillon a depuis le début un « grain », qu’il s’attache ou se détache pour la moindre phrase et que la plupart du temps il est dans un délire à peine cohérent. On est plus proche du Lennie Small de « Des souris et des hommes »… Niveau pouvoir c’est un peu le même grand écart car, pour schématiser, une fois mordu par une murène radioactive (ou presque), Électro reçoit un attirail de pouvoirs qui vont de la « simple » décharge électrique à de la dématérialisation pure et simple. La créature chauve et bleue entre alors plus dans le registre d’un Docteur Manhattan. Tout devient vite flou. Pour le Bouffon Vert, c’est un peu la même chose. Dane DeHaan est d’une manière générale très bien en Harry Osborn mais ça se complique un peu par la suite, ses motivations perdant une part de logique. Et sur le Rhino comment dire ? On a été « volé » en ce qui le concerne… Alors qu’en ligne de mire Sony nous annonce un film consacré aux Sinister Six, je dois avouer que cette partie là ne m’a pas rendu spécialement impatient d’en reprendre une louchée consacrée seulement aux méchants.

TROP C’EST TROP

L’erreur de Sony et de Sam Raimi pour Spider-Man 3 avait été de trop vouloir en mettre. L’Homme-Sable, Venom et la fin du cycle du Bouffon… Il y en avait trop pour pas assez d’espace. Cette fois c’est aussi le cas. Il y avait largement de quoi faire un film avec la relation Peter/Gwen et un « bad guy » majeur (le Bouffon). Saucissonner le reste nous donne des éléments expédiés (le Rhino) ou mal géré (Électro, avec un joli costume noir qui semble apparaître de nulle part et qui doit être fait de molécules instables tellement il subit les transformations de son propriétaire). Si globalement Amazing Spider-Man m’a plus convaincu que le premier, avec sa gestion humaine des héros et de réels efforts dans le code super-héroïque (par exemple les batailles sont bien mieux réglées, y compris par rapport à Marvel Studios qui peine souvent dans la gestion des corps-à-corps), des erreurs persistent. Moins nombreux que sur le premier film, les illogismes sont cependant encore de la partie : un type qui attend de voler dans un avion vers l’étranger pour télécharger un fichier qu’il pouvait très bien lancer de chez lui ou envoyer à la presse, une fille poursuivie par la sécurité… qui ne s’en occupe plus dès lors que les portes de l’ascenseur se sont refermées (alors qu’ils ont son nom et donc son adresse), le laboratoire « Roosevelt » qui est digne de la grande foire du trône (comment penser que le propriétaire aurait dépensé tant de fric dans de tels gadgets qui font QG de super-vilain dans le feuilleton Batman des sixties) ou encore une ville qui passe du jour à la nuit en 12 secondes parce que quelqu’un à la prod s’est rendu compte que les scènes de blackout le jour c’est moins spectaculaire… Il y a quand même quelques scènes où on se demande comment personne n’a dit au scénariste « celle-là coco tu me la refais ».

UNE AFFAIRE DE SENTIMENTS

D’un autre côté dans le premier film les erreurs de logique portaient sur certaines réactions de Spider-Man/Peter là où elles sont plus périphériques ici. Je parlerais donc d’un constat mi-figue mi-raisin… où le bon l’emporte quand même d’une courte tête en raison du cycle Peter/Gwen. Ah, un petit regret aussi la caméo de Stan Lee qui pour le coup n’est pas aussi marrante que dans le Spider-Man précédent (ou dans Captain America: le Soldat de l’Hiver). Amazing Spider-Man 2: Le Destin d’Un Héros est un film qui assume son côté « pop-corn » (ce qui n’excuse pas tout non plus) mais qui aurait été plus inspiré de sortir sous forme de deux chapitres à six mois d’écart (comme ça a pu se voir sur d’autres licences ciné). Ca va dans le bon sens. Si vous aviez aimé l’opus précédent de Webb, celui-ci vous plaira encore plus sans doute. Mais pour être honnête je pense que je préfère Amazing Spider-Man 2 à Spider-Man 3 malgré des défauts similaires. Ca tient aussi et surtout aux acteurs. Que Sam Raimi soit un cinéaste supérieur à Marc Webb c’est une chose. Mais Emma Stone et Andrew Garfield s’y entendent bien mieux que Tobey Maguire et Kirsten Dunst (on se souviendra de leurs pleurs pathétiques devant la dépouille d’Harry, qui valait bien la mort de Talia dans Batman) pour incarner aussi bien la complicité que le pathos nécessaire. Je ne sais pas si c’est le fait qu’ils soient un vrai couple à la ville. En tout cas cette tranche de vie, à défaut de justifier un film par ailleurs perfectible, fait qu’on s’attache à eux. Je n’avais vraiment pas aimé Amazing Spider-Man. Là, j’ai vu deux films en un, et j’ai bien aimé un des deux… mais j’aurais préféré faire sans l’autre. Disons que j’ai bien aimé le film sur Gwen mais que j’ai beaucoup moins apprécié celui sur Spider-Man luttant contre le Docteur Manhattan…

[Xavier Fournier]
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