Qu’est devenu Steve Rogers depuis la bataille de New York (Avengers I) ? Et bien il apprend à vivre à l’ère moderne et se taille un réseau à plusieurs étages. D’un côté son alliée la plus proche, Black Widow (Scarlett Johansson) avec laquelle une complicité est née. De l’autre un vétéran rencontré de manière inopinée, Sam Wilson (Anthony Mackie). Il entretient aussi un lien avec quelqu’un qui l’a connu dans les années 40 mais c’est, en un sens, plus un monologue qu’autre chose. Et puis il y aussi la relation plus complexe avec Nick Fury, qui se doit de faire le sale boulot dont les autres ne veulent pas. Rajoutez à ça un facteur inconnu, Alexander Pierce (Robert Redford) et les dominos sont en place, prêt à tomber le jour où, contre toute attente, Steve doit compter ses amis. Et quand, finalement, le plus ancien d’entre eux (un indice: son nom de code est dans le titre) refait surface, le héros n’est pas à la fête.
Captain America (Chris Evans) revient et c’est – à plus d’un titre – la mission de tous les dangers. Pourquoi ? Parce que dans le premier film, tel que réalisé par Joe Johnston, on faisait référence à une menace qui faisait (sauf cas pathologique) l’unanimité : Captain America, le héros des années 40, pourfendait du nazi. Le film jouait d’ailleurs tellement la carte du consensus que le mot « nazi » en était pratiquement absent, mettant en avant le terme d’Hydra. En se réveillant au XXI° siècle à la fin du long métrage, Cap se retrouvait forcément dans une situation politique différente, dans une interprétation potentiellement différente de la part du public. Face à ce défi, les scénaristes Christopher Markus et Stephen McFeely ont choisi de prendre le taureau par les cornes. On pourra dire que c’est – encore – un film post 9/11 dans sa réalisation et ses enjeux. Mais ici la chose est bien différente. Comprimant non seulement des éléments empruntés aux comics d’Ed Brubaker, l’histoire lorgne aussi ouvertement sur des aspects de Civil War (sans s’empêcher d’y retoucher un jour) mais aussi la minisérie méconnue Nick Fury vs. S.H.I.E.L.D. et des choses comme l’introduction du Falcon.
Ce dernier n’est pas à sous-estimer dans le film. En un sens il est aussi présent, aussi important que Soldat de l’Hiver lui-même. D’ailleurs d’une certaine manière c’est un « film de groupe », pas (seulement) l’histoire d’un conflit entre Steve Rogers et son ancien frère spirituel. La tête encore bien tourmentée, l’ex-Bucky a moins de temps de parole qu’un Sam Wilson qui, lui, s’installe de manière organique dans le récit. La « Veuve Noire » aussi est omniprésente (elle a encore plus de temps d’écran que dans Avengers). Cependant Scarlett Johansson la joue de manière différente, moins allumeuse que dans Iron Man II, moins humoristique que dans Avengers (encore qu’il lui reste de l’humour) et plus sombre. Peut-être parce qu’il apparait à partir d’un moment du film que quoi qu’il arrive, victoire ou défaite, elle va y laisser des plumes.
Anthony Russo et Joe Russo signent ici un film qui est VRAIMENT bourré d’action. C’est à dire que là où dans IM III Tony Stark prenait d’assaut une villa pratiquement avec un pistolet à eau, ici ce sont des immeubles entiers qui explosent, des Helicarriers qui s’écrasent, des déluges de balles qui tombent. Et au delà de ça, la portée du film fait que les frères Russo ouvrent un pan nouveau, une tonalité un peu différente. Là où Captain America pouvait nous la jouer un peu Indiana Jones, là où les films basés sur Iron Man ou Thor assument un certain côté benêt de leur protagoniste principal, où Avengers était un plaisir coupable de voir ces persos réunis, Captain America: Le Soldat de l’Hiver raconte l’histoire d’un homme de conviction (tout ce qu’il faut pour démontrer que, non, quoi qu’en disent ses détracteurs, Cap n’est pas un boy-scout. On est plus dans le registre scénaristique de la saison 5 de 24). Ca n’empêche pas (surtout au début du film) une ou deux vannes lancées au milieu d’une mission mais l’objectif est plus intense, plus resserré, plus tendu. A part, il faut bien le dire, tout le préambule à la bataille contre Batroc si vous voyez le film en VO. Car pour le coup les accents franco-suisso-québecquois qui semblent sorti d’un synthétiseur vocale font rigoler (mais cette fois-ci de manière involontaire) le public francophone. Au-delà de cette anecdote, « Captain America: Le Soldat de l’Hiver » ouvre la porte d’une gamme Marvel au ciné qui ne se sent plus obligé de forcément faire dans le même humour potache. Reste un autre problème lié l’inter-continuité des films : Les enjeux sont si globaux qu’on se retrouve un peu dans la même situation que dans Iron Man III (au moins sur ce plan-là). C’est à dire que si on comprend tout à fait que dans Thor II le dieu du tonnerre, coincé en Grande Bretagne, ne peut pas compter sur les Avengers pour sauver le monde, ici comme dans IM III on se demande pourquoi (en dehors du cachet de Robert Downey Jr) un Steve Rogers ne téléphone pas à un Tony Stark et inversement.
Mais, dans le bilan, c’est le bon qui l’emporte. D’abord sur la toile de fond en général, sur la manière d’enfoncer le tout-sécuritaire que voudrait une certaine partie des USA. Mais aussi parce que le film secoue à sa manière l’univers ciné de Marvel, redistribue les cartes et laisse plusieurs personnages dans des rôles différents, s’interrogeant sur leur avenir. Après Captain America: Le Soldat de l’Hiver, on a l’impression qu’il ne suffira pas de convoquer tout ce petit monde pour faire équipe dans Avengers: Age of Ultron, « comme avant ». La Veuve Noire en sort plus mure, Captain America aussi est « dérangé » dans sa routine. Et puis il y a bien sûr les personnages qui viennent s’ajouter à ce qui existait (Winter Soldier, Falcon mais aussi le rôle – assez bien porté – par Frank Grillo). On prendra aussi plaisir à écouter des noms familiers, liés à d’autres héros pas encore apparus au ciné. Si bien qu’à la fin on signerait facilement pour trois ou quatre films explorant le sort des personnages éparpillés. On peut aussi se demander comment une série comme Agents of S.H.I.E.L.D. va rebondir sur les évènements dépeints ici (normalement c’est, pour le moins, une porte ouverte pour changer les règles). Il y a aussi des pistes pour le futur feuilleton prévu pour l’Agent Sharon Carter. C’est d’ailleurs sans doute la différence avec les films individuels précédents. Jusqu’ici chaque fin d’un Iron Man ou d’un Thor était bien sûr importante pour le héros concerné mais les dominos ne tombaient guère plus loin (je veux dire une fois qu’on avait fait le nécessaire pour sauver le monde). Là, ce film de Captain America est important non seulement pour lui mais aussi pour les autres. On a l’impression qu’il est incontournable pour comprendre la suite, la position dans laquelle on retrouvera les héros à l’avenir… Niveau fidélité ? « Le Soldat de l’Hiver » n’est pas une adaptation aussi littérale qu’on pouvait le penser de la saga portant le même nom dans les comics mais les allusions à la BD, à des arcs ou des épisodes sont nombreuses.
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