Coupons court au suspens et énonçons d’emblée une évidence : l’équipe est la même, le ton général est identique… Si vous avez aimé le film Iron Man, premier du nom, le second ne peut que vous plaire tant il s’agit, à la base, d’une recette similaire. On retrouve Robert Downey Jr campant un Tony Stark toujours pourvu de la même gouaille, capable de grandir, d’évoluer… tout en restant l’enfant irresponsable qui fait son charme. Mais Iron Man II n’est pas qu’une resucée du premier film. Pour les fans de comics, notons d’abord l’impressionnant travail de synthèse auquel se livre le scénariste Justin Theroux, arrivant à compresser des choses empruntées à des périodes ou des continuités diverses. Tony Stark a d’un côté des problèmes avec l’alcool mais il souffre également de problèmes de santé qui ne sont pas sans évoquer sa version Ultimate. Officiellement, Mickey Rourke incarne Whiplash, « l’homme au fouet »… mais son histoire personnelle emprunte de nombreuses références à un autre adversaire d’Iron Man (la Crimson Dynamo) ou encore au personnage qui tentait de se venger de Stark dans le Armor Wars II écrit à l’origine par John Byrne (d’ailleurs ce dernier, tout comme Bob Layton, figure en bonne place dans les remerciements du film). Il y a donc des allusions aux épisodes des années 60 tout comme au run de Layon ou des clins d’œil à une continuité beaucoup plus récente (Matt Fraction aussi apparait dans les crédits). Tout ça est donc passé dans un énorme mixeur mais le ton Iron Man est du coup synthétisé. Whiplash (qui est loin d’être l’adversaire le plus impressionnant d’Iron Manddans les comics) y gagne assurément en dangerosité. Le jeu parfois taciturne de Mickey Rourke aura sans doute ses fans et ses anti mais en ce qui me concerne, ce côté « façade impénétrable » ajoute au mystère que représente le personnage (alors que, il faut bien le dire, son plan n’a rien de complexe).
Le scénario de Justin Theroux a par contre moins bien aménagé la présence de l’affolante Veuve Noire. Le physique de Scarlett Johansson et la férocité du personnage assurent à cette combinaison un charisme devant lequel Tony Stark, comme une bonne partie des spectateurs, ne manqueront pas de céder. Et elle a effectivement quelques bonnes scènes qui montrent l’étendue de ses capacités non seulement en matière de séduction mais aussi pour ce qui est de sa combativité. Par contre, structurellement, sa présence n’est pas tant que nécessaire que ça dans l’histoire (elle ne fait rien qu’un autre super-agent, comme Nick Fury par exemple, n’aurait pu faire à sa place). On attends un revirement ou un rebondissement la concernant. Il ne vient pas… Bref, on est content de voir la Veuve Noire si bien incarnée mais sa présence reste très « factuelle ». Reste une scène qui la met en valeur vers la fin, quand il s’agit de s’infiltrer dans les locaux d’Hammer Industries. Nick Fury, lui, perd un peu de sa superbe au fur et à mesure qu’il sort de l’ombre. Il est en sens moins impressionnant que lors de sa brève apparition à la fin du premier film. En termes de scénario, c’est assurément James Rhodes/War Machine qui tire son épingle du jeu. D’un part l’acteur Don Cheadle n’a aucun mal à se glisser dans le rôle (avec même une phrase d’introduction du genre « que ça vous plaise ou non je suis là… »). Par ailleurs la mise en place d’une autre armure beaucoup plus paramilitaire est en un sens bien mieux justifiée que dans les comics. D’un coup le film gagne une dimension « bromance » avec cette histoire de deux amis qui ne partagent pas vraiment la même philosophie. Cet aspect-là marche sans problème, y compris l’irrésistible scène de l’anniversaire de Tony Stark, qui justifie la mise en place d’une « doublure ».
Le réalisateur a profité de l’expérience acquise pour donner un long-métrage beaucoup plus soutenu en termes d’action et d’humour. Souvenez-vous : dans le premier, on sentait quand même une baisse de tension sur la fin du film. Favreau peinait un peu à convaincre dans le combat final ou finalement le héros principal était presque un spectateur, sauvé de justesse par sa propre secrétaire. Ici, les combats sont beaucoup plus au point (même si, assurément, il s’agit d’un film au premier degré), qu’il s’agisse du duel avec Whiplash, d’escarmouches entre armures ou d’une armée de drones passant à l’attaque. La chose est cette fois autrement chorégraphiée. Bonne pioche, également, dans la relation entre Tony Stark et son père Howard (ici clairement inspiré par Walt Disney dans sa phase futuriste). Jon Favreau et Justin Theroux dégagent une sorte d’identification entre les deux générations qui est totalement absente dans la BD d’origine et qui fonctionne très bien, même si elle intervient surtout dans ce qu’on pourrait qualifier de « baisse de tension » à un moment du film, quand le héros tente de se livrer à un peu d’introspection. Tony Stark en mec sérieux qui réfléchit sur lui et sur le sens de la vie, c’est forcément moins fun que le même Stark en mode irresponsable. Si la phase de croissance est nécessaire, on sent que le film se fait un peu plus maladroit dans ce passage. Globalement tout ça reste du tout bon, dans lequel l’amateur de comics s’amusera à retrouver de nombreuses allusions (y compris l’apparition d’un accessoire très célèbre d’un autre héros, ici utilisé à des fins surprenantes). On n’y philosophe pas à outrance mais le résultat est là : Il y a fort à parier que la phrase qui reviendra, in fine, est surtout qu’Iron Man II, c’est le même en mieux…
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