Review Ciné: Tron l’Héritage
14 janvier 2011[FRENCH] Il aura fallu attendre 28 ans pour revoir l’univers de Tron. Mais notre patience a été récompensée. Tron L’héritage arrive sur les écrans le 9 février 2011et l’on peut prédire qu’il ne laissera pas indifférent. On aimera ou on détestera. Décryptage…
L’histoire
Kevin Flynn (Jeff Bridges) est parti un soir de 1989 en laissant son fils chez ses grands-parents. Mais il n’est jamais revenu. 22 ans plus tard, Sam Flynn, ledit fils, est devenu un marginal, un rebelle. Il garde néanmoins un œil sur la societé de son père, Encom, et dont il est le premier actionnaire depuis la disparition de son paternel. Alan Bradley, fidèle de Flynn et inventeur de Tron, revient voir Sam en l’informant qu’il avait reçu un message provenant de l’ancienne salle d’arcade créée par son père. Curieux, Sam s’y rend et est transporté dans l’univers numérique. Il ne tarde pas à saisir la nouvelle réalité qui est la sienne et part à la recherche de son père dont il comprend qu’il est bel et bien là. Mais il doit composer avec Clu, un programme créé par Kevin Flynn à son image et tellement obsedé par la perfection numérique qu’il a imposé un régime dictatorial et « purgé » tout ce qui lui paraissait impur. De ce fait, il a fini par chercher à éliminer son créateur, Flynn, contrait à l’exil. Sam, Flynn et sa protegée, Quorra vont donc tenter de repartir dans le monde réel afin de mettre un terme aux agissements de Clu.
Mais encore…
La perfection est l’un des thèmes de Tron L’héritage. Et le film n’est pas parfait. Mais, il est bourré de bons moments. À la différence d’un Star Wars Episode 1 qui se trahissait sans cesse avec ses dialogues en carton pâte et son premier degré consternant, Tron L’héritage est un film qui amalgame beaucoup et assure le spectacle en même temps. Le Tron version 2010-2011 a integré Star Wars (la séquence de combat aérien est directement issue de « Un nouvel Espoir »), Mission Impossible (le piratage d’Encom), Terminator (Clu est une sorte de Skynet) ou même Blade Runner (la séquence finale).
Ce n’est pas un film 100% premier degré. Il y a un poil de réflexion sur le thème de la technologie et de ses dangers, sur la liberté informatique et le cynisme marketing de certains éditeurs (logiciels gratuits ou pas, nouvelles versions inutiles,…). Tron L’héritage assume aussi sa propre histoire. Même s’il n’est pas nécessaire d’avoir vu le premier film pour se sentir à l’aise, les scénaristes ont truffé leur film de références : un poster du film le Trou Noir par-ci, une borne d’arcade par-là. Tron L’héritage est un pont entre deux générations, celle des années 80 et celle du numérique. Les designs de Syd Mead et Moebius d’il y a pres de 30 ans sont rafraîchis avec bon goût. Le fils du vilain du premier film (incarné par le toujours surprenant Cillian Murphy) est introduit brièvement, mais on sait que dans de futures séquelles, il sera un opposant terrible à Sam Flynn.
Et surtout, il y a les deux acteurs qui ont fait le mythe : Jeff Bridges (Flynn) et Bruce Boxleitner (Alan/Tron). Si le second n’a qu’un petit rôle (quoique décisif), le premier est l’ADN du film. Le « dude » est, comme toujours impeccable. Campant à la fois Flynn et Clu, il arrive, malgré un double numérique parfois peu crédible, à donner de l’épaisseur au big baddie du film. C’est la meilleure nouvelle du film d’ailleurs : le tripatouillage de pixels qui rajeunit Jeff Bridges n’est pas réaliste. On voit que c’est une image de synthèse qui remplace sa tête. Les acteurs ne seront donc pas remplacés par des doubles numériques de sitôt dans le cœur des spectateurs. Et puis il y a la bande son signée Daft Punk. Omniprésente, contagieuse, lancinante, imparable… sublime. On a envie de courir se l’offrir après la projection. Elle est aussi importante dans le film que le thème du premier Tron.
In fine…
Tron L’héritage porte bien son titre. C’est un passage de relais. Vu le final, tout pourrait s’arrêter ou recommencer de zéro. Les scénaristes ont une nouvelle page à écrire et ils peuvent aller où ils veulent. Joe Kosinski (le réalisateur) et Steve Lisberger (le producteur et créateur du concept Tron) ont à la fois bouclé la boucle et ouvert de nouvelles perspectives. 28 ans? Nul doute que nous n’aurons pas à attendre si longtemps pour revoir Tron et (Sam) Flynn. Disney a d’ailleurs annoncé une série en 3D et de nombreux projets autour de la franchise. En 1982, Tron m’avait fasciné par ses innovations, son côté Gladiator du numérique balbutiant et ses designs, malgré un rythme ultra lent. Tron L’héritage est un blockbuster rapide et efficace. Il ne se prend pas au sérieux mais apporte juste ce qu’il faut pour se faire aimer. Il déplaîra sans doute à beaucoup. Mais en le regardant, j’ai eu 12 ans à nouveau et cela n’a pas de prix.
[Fabrice Sapolsky]Tron l’héritage (Disney Pictures), à partir du 9 /02.