Review: Gotham S01E02

[FRENCH] C’est la deuxième semaine pour Gotham, avec de l’amélioration sur certains plans, des archétypes qui remontent à la surface. si plusieurs acteurs commencent à trouver la mesure de leur rôle, des éléments scénaristiques semblent assez peu novateurs et n’échappent pas à certains clichés.

Aux origines

Dans le premier épisode, la mort des Wayne était le déclencheur de tout. Normal, donc, qu’ils occupent le début de l’épisode. Mais cette fois encore on retrouve le jeune Bruce (David Mazouz) en ouverture. Il est un peu trop pour crier à « la loi des séries » mais on peut se demander si les concepteurs du show n’entendent pas faire le contraire d’Agents of S.H.I.E.L.D. et de Marvel, friand des scènes post-génériques. Là, on dirait que l’on s’achemine vers chaque début d’épisode chroniquant la virée de Bruce vers les ténèbres. Le pré-générique de Gotham pouvant alors devenir une « Origin story » en soi. Alfred (Sean Pertwee) s’y impose une nouvelle fois comme un personnage bien teigneux (l’accent y fait aussi pour beaucoup). Il en devient presque un nouveau personnage qui se trouve être domestique mais qui incarne un caractère totalement différent. Dans le contexte de la série télévisée, ce n’est pas forcément un mal. Cela permet de faire d’Alfred un personnage capable d’aller vers d’autres zones, de lui fixer de nouvelles limites. D’un autre côté cet Alfred plus enragé passe par des moments de foi pratiquement mystique, naïve en tout cas, envers la qualité des Wayne. Pour que cela fonctionne, le show devra nous en montrer rapidement plus sur la manière dont il est entré au service de Thomas pour en venir à le révérer de la sorte.

« not a bad guy, just a bad cop… »

Ben McKenzie incarne de manière bien plus investie le Détective James Gordon. Plutôt impassible ou incrédule dans l’épisode précédent, la corruption ambiante de ses collègues, ce que l’on attend de lui et le cadre dans lequel il est coincé font de lui un homme aux traits tirés, un type énervé qu’il faut de moins en moins chercher. Et assurément cela fonctionne mieux, McKenzie arrivant à se hisser à la hauteur d’un Bullock qui l’éclipsait la semaine dernière. L’essentiel des problèmes de jeux d’acteurs a été corrigé. Et certains personnages sont affinés. C’est le cas pour Barbara Kean (Erin Richards), amorcée comme un véritable top-model des beaux quartiers dont on se demandait ce qu’elle faisait avec un détective de bas étage. Cette fois elle est présentée sous un jour beaucoup plus humain, moins glamour. On la voyait potiche, elle amorce un virage vers un rôle de « bonne conscience » de Gordon. Par contre, je n’arrive pas à évaluer le travail de Camren Bicondova jouant Selina Kyle tant l’écriture du rôle est plombée par des clichés scénaristiques. « Hé ho! Regardez comme elle va devenir Catwoman alors non seulement elle a peur des chiens mais les chiens, dans une foule d’une centaine de personnes, la détestent sans raison ». Au moins l’avantage, c’est que, cette fois, elle fini par parler… et cela ne vient pas tout de suite, au point que je me suis demandé s’ils allaient oser titrer un épisode « Selina Kyle » sans qu’elle ait une ligne de dialogue. Non, d’ailleurs à un moment, je me suis demandé qui avait mélangé les vidéos de l’enfance de Max Guevera (Jessica Alba/Dark Ange), tant le coup de la jeune nana mystérieuse qui rode en noir sur les toits tout en sauvant des enfants que l’on veut enlever pour faire des expériences, c’est du déjà vu.

Format

D’ailleurs c’est ce qui cloche dans Gotham (mais sans doute pas pour un public visé qui ne connaît pas les séries concernées), c’est que plusieurs éléments font écho à des concepts antérieurs. À un moment de cet épisode, je me suis pris à me dire qu’il ne restait plus qu’à ajouter des logos OCP dans les rues pour que Gotham ressemble à la Detroit de la série TV Robocop (encore que la « connexion Miller » pourrait en partie l’expliquer). Pas « graphiquement », vingt ans en arrière. Mais ce James Gordon-là, luttant à la fois contre la corruption dans la police et chez les riches, dans une ville ravagée par le crime, c’est à peu de choses près l’Alex Murphy de Robocop avant qu’il tombe dans un traquenard. Le côté surjoué de certains éléments n’arrange pas l’affaire. Ici, les « deux tueurs aux aiguilles » sont un élément décalé que l’on apprécie ou pas mais qui est volontaire et assumé, pas de problème. Par contre, que la même femme arrive à neutraliser trois quidams en leur faisant des piqûres sans que ceux-ci aient le temps de tiquer, dans le contexte, ça fonctionne beaucoup moins. Le cliché, il est aussi interne puisqu’il apparaît que les deux policiers vont mener des enquêtes minimales qui vont se borner à aller voir à chaque fois Fish Mooney (Jada Pinkett Smith) puis aléatoirement choisir un endroit suspect où, comme le monde est petit, c’est justement là que la solution de cache. C’est un problème souvent généralisé dans bon nombre de séries policières. Mais les promesses de série « procédurale » semblent s’évanouir. En matière de limiers ? Bullock et Gordon ne tiendraient pas un round face aux gens de Law & Order. Exposer une enquête policière en une heure n’est jamais simple. Mais, là, forcément, il faut en plus faire de la place pour les états d’âme de Bruce, de Selina ou du Pingouin. Et n’oublions pas Nygma qui prend du temps pour… rien. On retirerait son rôle des deux premiers épisodes, ils n’en seraient pas dénaturés.

La route de l’enfer est pavée de…

Ce dernier (Robin Lord Taylor) poursuit sa route en dehors de Gotham et retrouve une sorte de base (minimale) d’opération. « il est vraiment très méchant » et il a le chic pour tomber sur de pauvres gens qui ont tendance à lui dire « mais dites donc, vous ? Vous ne ressembleriez pas à un Pingouin des fois ? ». Là aussi, la subtilité n’est pas de mise. Et la peur du cliché fait que j’espère qu’on ne va nous servir sa lente remontée au fil de la saison histoire de l’installer comme Caïd du crime de Gotham devant un Gordon qui se dira « ah ben non alors, si j’avais su… ». Il ne s’agit pas de juger d’avance la saison dans son ensemble mais de dire que, si jamais c’était la route prise, alors elle serait sans surprise. Ce qui est plus piquant, inattendu, c’est la présentation d’un Bruce qui, pour le coup, ne sait pas à l’avance ce qu’il va devenir. On nous le montre même comme un type à deux doigts de virer au serial killer tellement il est obsédé par la mort de ses parents (normal) mais n’arrive pas à s’élever. Cette idée qu’il faut avoir une « case en moins » pour devenir Batman est parfois utilisée dans le comic-book d’origine mais très rarement. Si cette piste était explorée, si Bruce devait rester sur le fil du rasoir pendant un moment, prêt à sombrer, ce serait une route plus intéressante. Mais pour l’instant Gotham est un show qui ne me passionne pas. Les acteurs font un effort notable d’une semaine à l’autre mais le côté « on prend les vieilles ficelles et on recommence » fait que je le rapproche assez d’un Agents of SHIELD première saison (avec des décors plus soignés, quand même).

[Xavier Fournier]

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