Ils reviennent pour sauver le monde. Mais comment faire quand votre seul super-pouvoir est d’être pris de paralysie quand on vous ment ? D’avoir le pouvoir de contrôler mentalement seulement ceux qui sont du même avis que vous ? Ou quand le leader en théorie de la bande commence à en avoir marre de chez marre qu’on vienne l’enquiquiner à cause du sort de l’humanité ? En ce début de semaine l’équipe d’Hero Corp présentait quatre épisodes devant un public comprenant aussi bien des proches que quelques journalistes. Au passage, le principe de projeter cette série en « mini-marathon » sur grand écran donne quelque chose d’assez intéressant, tant à la base il s’agit d’une série destinée au petit écran (qu’il s’agisse de la diffusion TV ou du DVD, comme celui de la saison 1 fraîchement sorti). Regarder Hero Corp en public est donc une occasion rare mais pas désagréable du tout et il serait intéressant que la prod organise des « évents » de ce genre. En guise d’introduction, on nous expliquait comment, du côté de Comédie, on a toujours cru à la série mais que, dans le même temps, le résultat n’a cessé de les surprendre.
Il faut dire qu’Hero Corp, c’est un ovni. Ce type d’humour laisse peu de personnes indifférentes. On partage ou pas la vision de Simon Astier sur ces super-héros has-been réfugiés quelque part dans la France profonde. C’est avant tout une regard, avec les règles du jeu bien définies dès le départ. En clair, soit vous n’aimez pas Hero Corp et il faut vite arriver au constat que la série n’est pas faite pour vous, toutes saisons confondues (Encore que. J’ai l’impression que dans le discours des quelques détracteurs du show il y a bien souvent un malentendu qui tendrait à dire que Simon Astier se moque des super-héros). Soit la première saison vous plaisait déjà et à partir de là il n’y a pas de raison que sa « petite sœur », sa version 2.0, vous déçoive : De l’avis général à la sortie de la salle, Hero Corp saison 2, c’est la même chose en mieux. En fait (et c’est le cas au moins autant pour cette deuxième saison) Astier et sa bande émettent en simultané sur deux canaux. D’un côté il y a le rire : Un humour verbal, souvent teinté de flegme, et qui arpente les mêmes chemins de l’absurde que certains sketchs des Monty Python. De l’autre, il y a une certaine tendresse pour les personnages et même un respect du genre pour peu qu’on gratte sous la surface. En termes d’archétypes et de rebondissements, Simon Astier et ses compères auraient sans doute aussi bien pu écrire un vrai récit « sérieux » (sans pour autant se prendre au sérieux) de super-héros (la chose est d’ailleurs plus tangible dans cette saison 2 où on sent soit un peu plus de moyens, soit plus de débrouillardise… sans doute un peu des deux) digne d’un scénario de comics, avec la refondation de l’équipe, des morts, d’autres qui reviennent avec un passé mystérieux, la recherche d’une nouvelle base et quelques perles du même ordre. Hero Corp ne se moque pas vraiment des super-héros (bon, allez, Captain Canada en prend bien pour son grade par endroit) mais plutôt (et jamais vraiment méchamment) de ceux qui se prennent pour des super-héros.
Dans Hancock, avec pourtant 150 millions de dollars le réalisateur Peter Berg s’était misérablement pris les pieds (sur le plan commercial le film a fonctionné mais nous parlons bien ici de la bérézina artistique qu’il fut par ailleurs) avec un propos qui hésitait entre le réalisme et la comédie, avec par endroits de faux effets de caméra embarquée sur l’épaule pour « faire comme si » quelque part on cherchait l’authenticité… Ne sachant pas exactement le budget dont disposent Simon Astier et sa fine équipe pour nous conter les aventures de Hero Corp, je ne pense pas, néanmoins, qu’il faille d’importants dons de voyance pour deviner que le budget est ici bien moindre pour une ambition cependant voisine de celle de de Berg. Et pourtant, dans le genre, Astier se sort bien mieux de cette problématique qui consiste à se demander « et si finalement les surhommes étaient des gens normaux, qu’est-ce que cela donnerait ? ». Au delà de cela, Hero Corp refuse de ressembler à du formaté, aussi bien pour ce qui est des critères des « aficionados des super-héros à la française » que pour les poncifs de la série TV (à ce propos, difficile de ne pas voir des clins d’œil a la saison 2 de Lost, avec des histoires de bunker et de code a entrer dans un ordinateur). Le cru 2010 d’Hero Corp s’accompagne de nouveaux uniformes (révélés dans la bande annonce) qui sont encore et toujours sortis de l’imagination d’Olivier Péru, qui contribue également à l’effet « case de BD » qui continue non seulement d’habiter les génériques mais aussi les flashbacks (l’intégration est d’ailleurs assez bien sentie). D’ailleurs même des persos déjà en cape dans la saison première bénéficient d’un petit relookage (Captain Canada par exemple n’a plus tout à fait le même costume). L’inventivité de l’équipe est également parvenue à caser quelques pouvoirs un peu moins abstraits ou drôles, un peu moins dans le créneau « Mysterymen » et plus (encore plus que dans Hero Corp version 2009) dans l’ébauche d’un univers qui a sa propre cohérence. Un univers dont on n’a d’ailleurs sans doute pas vu le bout. D’abord parce que deux saisons sur le thème du super-héros c’est bien mais que, selon l’exception consacrée « jamais deux sans trois ». Ensuite parce qu’à la sortie de la salle, Simon Astier nous confirmait qu’il ne se lassait pas de ses personnages et que l’envie de les faire vivre ne faiblissait pas. Et c’est plutôt une bonne nouvelle pour les fans de la série…
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