Bien que Robert Downey Jr. se défendait, lors de son récent passage à Paris, d’avoir voulu marcher dans les pas des Avengers, Iron Man 3 est le premier film post-Avengers des studios Marvel et ça se sent. Au propre comme au littéral d’ailleurs puisque le héros porte encore les stigmates des épreuves passées. Les lecteurs de comics que nous sommes sont sans doute un peu blasés en raison du côté feuilletonnant de ce support. Après avoir lu 200 ou 300 aventures d’Iron Man, nous sommes habitués, le personnage aussi. Il passe d’une menace globale à une autre et ça sur une base au moins mensuelle. L’Iron Man du cinéma, c’est une autre paire de manches. D’abord parce que depuis quelques années Robert Downey Jr. a dressé le portrait d’un potache qui est héros bien malgré lui et qui doit encore mûrir. Ensuite parce qu’il n’a connu que deux ou trois aventures. Et nous le retrouvons donc dans Iron Man 3 durement marqué par le combat final du film Avengers. Conscient d’avoir échappé de peu à la mort, victime de crises d’angoisses, Stark se replie de plus en plus dans ses expériences et dans sa carapace, son lien principal avec la normalité est Pepper Potts, avec qui il forme désormais officiellement un couple. Mais les ennuis vont vite rattraper Tony Stark. Il attire la colère du Mandarin, terrible terroriste évoquant énormément Ben Laden dans les premières scènes. Au point d’ailleurs que ça met d’abord mal à l’aise (heureusement le propos va diamétralement changer par la suite). Et à partir de là, les choses vont redevenir personnelles…
Le scénariste/réalisateur Shane Black se glisse aux commandes d’Iron Man 3 en poussant le côté post-humain du personnage principal. Stark utilise de plus en plus de drones au point où la chose devient inconsciente et où il envoie l’armure remplir ses fonctions humaines (sa vie de couple) tandis qu’il est occupé ailleurs. Il y a une petite pincée du Dr. Manhattan des Watchmen. Stark est un peu partout à la fois sans y être vraiment… mais un flashback placé dès le début du film va nous montrer que c’est un comportement que l’industriel avait bien avant l’armure et cette conduite passée est sans doute, d’ailleurs, à la base de tous ses ennuis. S’il avait écouté le docteur Yinsen, s’il avait porté plus d’attention à Maya, s’il avait donné plus de considération à Killian… Et là tout va lui revenir dans la figure. Privé de ses jouets et perdu en pleine nature avec une armure défaillante, Stark va être obligé de sortir de sa coquille et de dompter son côté misanthrope à la faveur d’une rencontre avec un petit garçon, d’une réunion avec Rhodey et enfin de l’impératif de sauver sa chère Pepper. Même si les « one-liners » de Stark sont encore au rendez-vous (elles sont visiblement injectées pour une bonne partie par l’acteur lui-même et donc indissociables de lui), Black induit un humour de situation légèrement différent (mais pas incompatible) de celui de Favreau. Si le film ressemble avant tout à un film Marvel, c’est assurément aussi un film de Black. Difficile par exemple de ne pas faire le rapprochement entre la scène finale, dans le port, avec un autre final déjà vu dans l’Arme Fatale (également écrit par Shane Black). Don Cheadle ne dit pas « je suis trop vieux pour ces conneries » mais le voisinage est là…
Allez voir un film des Marvel Studios c’est forcément, à un certain niveau, un plaisir coupable. L’expérience prouve qu’on y privilégie l’action et les répliques sur la structure du scénario. Quand bien même vous aurez aimé (ou pas) Avengers, vous n’aurez pas manqué de vous demander comment une armée intergalactique d’envahisseurs Chitauri peut tirer sur tout ce qui bouge pendant 25 minutes… et manquer un Hawkeye immobile en haut d’un immeuble pendant le gros du combat. Ici c’est pareil. Iron Man 3 porte les traces d’une histoire à tiroirs où les révélations finales ne fonctionnent pas forcément avec la ligne de départ. Ainsi on apprendra à un moment du film que Stark est essentiel dans les plans du méchant, lequel méchant oublie un peu vite que quelques instants plus tôt il y allait à coups de missiles sur la demeure de Stark, prenant donc le risque de le tuer (ce qui aurait été problématique pour la suite de son plan). Les méchants, parlons-en… Ils feront sans doute parler. D’un côté A.I.M. (dirigé par Guy Pearce), de l’autre le Mandarin (Ben Kingsley)… Mais un Mandarin vraiment très différent de ce qu’on connaît dans les comics. Il faut dire que la peur du « péril jaune » n’est plus ce qu’elle était dans les années 60. Il n’y avait donc pas de sens à utiliser un Mandarin chinois. Sur ce plan, autant je disais plus tôt qu’Iron Man 3 était le premier film post-Avengers, autant pour ce qui est du rôle du Mandarin on est plus près du Ra’s Al Ghul dans Batman Begins Christopher Nolan (encore qu’il vous faudra attendre un peu dans le film pour voir sous quel angle). Dans le même registre je dois cependant avouer que je me demande bien pourquoi ils sont allé chercher Eric Savin (dans les comics l’alter-ego du cyborg Coldblood) pour en faire quelque chose de si différent, qui pour le coup ne sert aucun discours. Et, autre petite critique liée à la cohésion interne aux films Marvel : Pour un film lancé sur fond d’attaques terroristes sur les USA, on se demande où sont passés le SHIELD ou Nick Fury…
Iron Man 3 n’est très certainement pas parfait. Tout comme les deux autres ne l’étaient pas. Mais il s’appuie néanmoins sur l’expérience des projets précédents. Il n’y a qu’à voir les batailles finales dans Iron Man 1 et 2 qui étaient assurément des points faibles, les combats étant mal réglés. Là, on ne peut pas nier qu’il y a une chorégraphie forte et dynamique (même si on sent bien que le passage a été pensé comme du prêt à adapter en jeu vidéo, Tony sautant littéralement de poutre en poutre comme un émule de Super Mario). On regrettera cependant la facilité avec laquelle les armures sont utilisées ou sacrifiées, tandis que l’ordinateur Jarvis commence à leur donner une intelligence rudimentaire et des noms de code (encore un peu et on les prendrait pour des Transformers). De là à penser que c’est l’armure qui fait tout le boulot et que Stark ne fait que s’y protéger il n’y a qu’un pas… que le film ne franchit pas. Au contraire il y a même des passages où Stark sans armure affronte des gardes tout en étant digne d’un James Bond. Il faut également verser au crédit des films Iron Man d’avoir donné à la femme (dans le cas présent Gwyneth Paltrow) un rôle autrement plus valorisant que celui de l’éternelle potiche). Lois Lane (en tout cas celles qu’on a vu jusqu’ici) peut aller se rhabiller. Pepper Potts n’est pas seulement une victime qu’il faut sauver. Elle amène aussi sa contribution. C’était déjà le cas dans le premier (où elle était essentielle dans la défaire du Iron Monger) et ici encore elle s’impose comme une réelle partenaire du héros.
Si vous allez voir Iron Man #3 en vous attendant à une fable métaphysique, vous en reviendrez assurément déçu. Comme The Avengers, ce film n’a pas la prétention d’être autre chose qu’un blockbuster décomplexé. A l’inverse si vous avez apprécié le show de Robert Downey Jr. dans les deux premiers opus, celui-ci devrait vous plaire. En un sens même Iron Man 3 est ce que le 2 voulait être sans y arriver. En effet on retrouve un peu le duo « méchant industriel »/super-vilain mais Guy Pearce est plus charismatique que Sam Rockwell tandis que le Mandarin a une particularité qu’il serait délicat d’évoquer ici sans spoiler. Certains puristes hurleront mais pour ma part je trouve que l’idée de Black permet d’alléger le film. D’autres grogneront sur certains aspects familiaux (comme la présence du gamin de service) mais franchement on peut comparer avec ce qui se passait pour Green Lantern (le temps d’écran donné artificiellement au neveu d’Hal Jordan pour capter maladroitement les gosses) et il n’y a pas photos. Avec de l’humour on peut se permettre beaucoup plus de choses. Sans réinventer le 7ème art, Iron Man 3 sait placer son personnage en difficulté mais sans trop le prendre au sérieux. Il boucle un cycle pour le héros et, si on devait s’en tenir à une trilogie (mais ça semble difficile à croire) il fermerait alors très bien le bal, avec un Tony qui aura fini par apprendre quelques priorités. C’est assurément un bien meilleur spectacle qu’Iron Man 2 ou que Thor mais il faut être fan de montagnes russes…
[Xavier Fournier]
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