À la base, il y a une mini-série signée Mark Millar (qu’on ne présente plus) et Dave Gibbons (est-il besoin de le présenter ? Non ? Merci…). Mais, contrairement à d’autres comics produits par Millar, The Secret Service est né pendant le tournage de Kick Ass, au cours d’une discussion informelle avec Matthew Vaughn, entre deux pintes de biere.
Kingsman : The Secret Service raconte un passage de témoin à plusieurs niveaux. Entre un jeune agent secret et son mentor. Entre un monde hérité d’un autre siècle et un autre, plus moderne. Entre raffinement et barbarie (et inversement). Le thème a été vu et revu de nombreuses fois. Ici, il est passé à la moulinette de deux grands gamins à l’humour potache. Tous les poncifes du genre sont présents, assumés ou détournés. Si le scénario est très fidèle au comic book d’origine (et pour cause, le réalisateur du film en est un des auteurs), le casting est impécable. Le jeune Taron Egerton se sort très bien du rôle d’Eggsy. La méchante aux pattes d’acier façon Oscar Pistorius (Sofia Boutella) est également une des révélations du film.
Pour le reste… Colin Firth, Michael Caine ou Sam Jackson (en méchant zozotant) démontrent tout leur professionnalisme malgré un script convenu, dans lequel il y a peu de place pour la surprise. Par moments, on ne sait plus si on est dans James Bond ou Spy Kids! Le film pêche par des légèretés scénaristiques criante et une limitation de son budget manifeste. Une fois passé l’idée que rien n’est vraissemblable, Kingsman n’est pas désagréable à regarder. Mais il n’est pas assez drôle pour être un vrai spoof movie. On reste globalement sur sa faim jusqu’à la dernière image.
Ce n’est un mystère pour personne, Mark Millar a quelques marottes. Il aime profondément tous les symboles britanniques qu’il cajole tout autant qu’il les maltraite (il n’est pas le seul du reste, n’est ce pas Warren Ellis ?). James Bond fait indéniablement partie de ces personnages que n’importe quel auteur british normalement constitué a envie d’écrire. Mais aller écrire le vrai James Bond aurait sans doute tourné au pugilat… Il était bien plus aisé pour Millar d’en livrer une version moins politiquement correcte. Mais hélas, on a une impression de déjà vu : The Secret Service fleure bon le copier-coller de ses autres créations. Il y a du Wanted et du Kick Ass là-dedans. Jusqu’à la caricature.
Kingsman : the secret service ressemble à un caprice de deux sales gosses (Millar et Vaughn) qui ont eu envie de se faire plaisir. Ils prennent le public à témoin (ou en otage?) de leur tartufferie et bourrent le film de clins d’oeil jusqu’à l’écœurement. Et bien sûr, comme dans tout projet de Mark Millar qui se respecte, les références à Hitler et à la sodomie répondent présent. Soyons honnêtes, au premier degré, Kingsman n’est pas pire qu’une autre série B, mais il faut croire qu’on attendait mieux de la part de talentueux storytellers comme Matthew Vaughn et Mark Millar.
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