Il arrive enfin sur les écrans : Kraven le Chasseur ! Non, on blague ! Le nouveau long-métrage de Sony sort dans l’indifférence totale et conclut (pour le moment) les spin-offs autour de Spider-Man au cinéma. Malgré tout, il y a-t-il quelque chose à sauver ?
Nous avons eu l’occasion de visionner Kraven The Hunter il y a quelques jours et le film sort sur les écrans français ce mercredi après avoir essuyé un échec à son lancement aux USA vendredi dernier. Il faut dire qu’après Madame Web et Venom The Last Dance, Kraven est le troisième film de l’année 2024 pour Sony où le studio promet du grand spectacle avec les personnages issus du monde de Spider-Man… sans Spider-Man. Si Madame Web a également fait un four au box-office, le troisième opus de la saga Venom a réussi à engranger un peu plus de 450 millions de dollars. Les premiers chiffres de Kraven lui prédise un destin bien plus funeste. Et il y a de quoi..
C’est en 2021 que le projet a pris forme sous la direction de J.C. Chandor, un réalisateur pourtant reconnu pour ses œuvres dramatiques (l’execellent Margin Call, A Most Violent Year ou encore All is Lost avec Robert Redford) plutôt que pour des films de super-héros. Le casting fut annoncé en grande pompe avec Aaron Taylor-Johnson dans le rôle-titre, promettant un film plus brut et ancré dans la réalité, s’éloignant des conventions classiques du genre. Le film devait ainsi apporter une nouvelle tonalité, plus sombre et plus mature, à l’univers Marvel de Sony, avec une approche proche du thriller psychologique, tout en explorant la psyché du personnage de Kraven, un homme tourmenté par des croyances et des luttes internes.
Le scénario de Kraven the Hunter se centre donc sur Sergei Kravinoff (Aaron Taylor-Johnson), fils d’un mafieux russe, interprété par Russell Crowe, décidément habitué aux rôles de « paternel » après Jor-El dans Man of Steel et Zeus dans Thor : Love and Thunder. Le film fait le choix de réinventer une partie de l’origine de Sergei, s’éloignant ainsi des comics pour le dépeindre comme un personnage victime d’un passé difficile, notamment à travers une relation complexe avec ce père, un homme cruel et dénué de scrupules. Après un accident de chasse en Afrique, Sergei (Levi Miller dans la version jeune) se voit sauver par un étrange élixir de la jeune Calypso (Diana Babnicova jeune puis Ariana DeBose dans la version adulte). Ce remède le dote de pouvoirs lui permettant de traquer ses proies. Le jeune homme profite de ses nouveaux dons pour fuir le domaine familial, laissant de côté son jeune frère Dmitri (Fred Hechinger). Le récit nous plonge donc dans la quête de Kraven pour se débarrasser de l’influence de son père et prouver sa valeur, tout en l’amenant à affronter une série de menaces, comme Aleksei Systevich (Alessandro Nivola). Il s’agit avant tout d’un film sur la rédemption, mais également sur la construction d’un anti-héros… même schéma donc que Morbius avec Jared Leto !
Sony, après ses expériences mitigées avec Venom et les échecs de Morbius et Madame Web, a une fois de plus misé sur un projet issu de son univers élargi de Spider-Man, mais il est évident que la société a rarement montré un souci de cohérence ou de qualité sur ses productions. Kraven the Hunter semble bien, malheureusement, s’inscrire dans cette longue série de films d’anti-héros qui n’ont pas réussi à s’imposer de manière convaincante. Comme les précédents échecs de Sony, ce film souffre avant tout de son écriture plate et prévisible, de ses personnages manquant de profondeur et de son incapacité à tirer parti du potentiel de son univers. Dans ce contexte, Kraven the Hunter ne parvient pas à briser ce cycle de médiocrité. Bien que le film bénéficie d’un budget conséquent et d’un casting relativement solide, sa structure narrative et son manque de prise de risque créatif n’arrivent pas à capter l’intérêt. Le problème n’est pas tant la prestation des acteurs, mais plutôt l’histoire elle-même : une intrigue trop basique, sans véritable profondeur, qui ne fait qu’effleurer les thèmes de rédemption et de famille sans jamais les explorer de manière satisfaisante. Dommage quand on voit que les producteurs (Avi Arad en tête) s’amusent à insérer quelques références au Tisseur dans Kraven mais sans jamais pouvoir l’utiliser pleinement ! On se retrouve ainsi avec des versions ciné de personnages comme le Caméléon ou le Rhino assez proches visuellement des versions papier.
Bien que le film échoue largement à exploiter ses atouts, il parvient à offrir quelques moments d’action efficaces, qui, sans briller par leur originalité, réussissent à capter l’attention de manière ponctuelle. Le film s’inscrit dans une lignée de productions Marvel qui cherchent à jouer sur une violence plus graphique et des scènes de combat viscérales, et, à cet égard, l’action n’est pas mauvaise. Les scènes de chasse, de combat rapproché, et l’utilisation des pouvoirs de Kraven sont plutôt bien filmées. Cependant, contrairement à ce qui avait été annoncé par les producteurs, le film n’atteint jamais le niveau de gore ou de brutalité promis. Il y a bien des scènes de sang, mais rien de vraiment choquant ou perturbant. En d’autres termes, Kraven the Hunter se veut plus mature, mais sans jamais vraiment franchir les limites du cinéma populaire habituel.
Finalement, Kraven the Hunter semble marquer, pour le moment, la fin d’une phase de projets liés aux personnages secondaires de Spider-Man. Il est peut-être temps pour Sony de revoir sa stratégie. Certes, Venom a eu un certain succès commercial, mais les échecs de Madame Web, Morbius et Kraven suggèrent que la formule des anti-héros liés à Spider-Man pourrait être épuisée, voire contre-productive. Et il est, en effet, bien temps d’arrêter l’hémorragie !
Kraven The Hunter – Réalisé par J.C Chandor – Avec Aaron Taylor-Johnson, Russell Crowe, Ariana DeBose, Fred Hechinger et Alessandro Nivola – En salles le mercredi 18 décembre – Sony Pictures.
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