Repoussé maintes et maintes fois, ce dernier volet de la saga des X-Men se sera fait désirer. Et l’attente valait- elle le coup ? Tout n’est pas à jeter mais il y a quand même peu de choses à sauver.
1992. Les X-Men sont populaires. De vrais héros. Non, nous ne parlons pas du lancement du dessin animé éponyme, mais bien de la réalité dans laquelle vive les X-Men de Simon Kinberg. Ils sont à ce point adulés que le Président des USA fait appel à l’équipe de mutants de Charles Xavier pour sauver une navette de la NASA dans l’espace. Cette mission va changer la vie de la X-Woman Jean Grey alors qu’elle absorbe l’énergie cosmique qui menace ses amis. Revenus sur Terre, Jean développe des pouvoirs hors du commun qu’elle a du mal à gérer. Et quand une armée d’extraterrestres débarque pour récupérer ce pouvoir, c’est le bazar !!
Simon Kinberg avait envie de donner sa propre interprétation de « Dark Phœnix », l’une des plus populaires sagas des X-Men dans les années 1980 de Chris Claremont et John Byrne. Malheureusement pour lui, Brett Ratner avait déjà massacré cette histoire dans le X-Men : L’affrontement final. Tant pis, Kinberg se dit que puisque la chronologie des X-Men a été rebootée avec X-Men : Le commencement, puis Days of Future Past (où le futur des X-Men est réécrit), rien ne l’empêche de livrer sa version. Et au départ, on est conquis. Le cahier des charges est rempli : une scène dans l’espace bien foutu, des héros qui travaillent à l’unisson, une Jean Grey absorbant une entité cosmique… Et quand tout le monde revient sur Terre, on retombe dans le travers des films X-Men de ces dernières années : l’ennui !
Depuis le reboot des X-Men en 2011 avec X-Men : Le commencement, le casting n’a pas cessé d’évoluer. Rapidement, la plupart des héros de ce film ont disparu pour laisser place en 2016 à de nouveau X-Men dans X-Men : Apocalypse. Cette « seconde génération » ne payait pas de mine au départ mais depuis 2016, la plupart de ces « jeunes » ont connu des carrières fulgurantes : Sophie Turner a connu le succès pour son rôle de Sansa Stark dans Game of Thrones, Tye Sheridan a été l’interprète principal de Real Player One, le dernier Spielberg et Nicolas Hoult est devenu l’acteur « bankable » au point de presque décrocher le rôle de Batman (qui est allé à Robert Pattinson, au cas où vous auriez manqué l’épisode). Si on ajoute à ça les « vétérans » que sont James McAvoy, Michael Fassbender, sans oublier Jennifer Lawrence et Jessica Chastain, on se dit que le casting va envoyer du lourd. Et pour être honnête, ils ne déméritent pas quand on voit l’histoire et les dialogues que leur sert Kinberg. Même les héros plus en retrait, Nightcrawler (Kodi Smit-McPhee) et Tornade (Alexandra Shipp) sont développés rapidement, donnant envie d’en voir plus. Mais l’intrigue plan-plan nous fait vite décrocher et on vient à prier que ça s’achève vite.
Les grosses ficelles de l’intrigue se voient dès le départ. Des X-Men adulés par le monde entier ? On voit bien que ça ne peut pas être le statut quo. Des aliens (menés par Chastain qui se demande tout au long du film ce qu’elle est venue faire dans cette galère) débarquent pour tout détruire ? On comprend que les amis/ennemis jurés Xavier et Magneto vont devoir s’allier une nouvelle fois (ils ne s’affrontent vraiment que dans le premier X-Men, d’ailleurs). Il va y avoir des morts, des sacrifices et des rédemptions. Bref, on a déjà vu ce film il y a quelques années. Ce remix de L’affrontement final n’utilise même pas pleinement le potentiel de son casting, ainsi que l’élément nouveau : les extraterrestres (entre Sh’iar et Skrulls) à la recherche du Phénix. Quand on sait que le dernier acte a été entièrement retourné pour ne pas ressembler à un autre film de super-héros, on se demande si ce qu’on a loupé était pire ou aurait pu permettre de sauver ce final poussif et dans ambition. Si l’intrigue principale est écrit sur deux bouts de papier, certains personnages sont (enfin) développés pleinement. Ainsi, le narcissisme et les manipulations de Charles Xavier sont mis en avant. Une chose qu’on retrouve souvent dans les comics. À tel point que dans les deux medias, on en vient à se demander parfois si Xavier n’est pas le vilain de l’histoire. Le Fauve devient (enfin) un leader, au dépend de Scott/Cyclope qui malgré tout arrive à s’imposer dans certaines scènes. Quand à Jean Grey, bien que la vedette du long-métrage, elle est bien souvent au second plan. Sa transition de gentille/méchante relevant plus d’un dédoublement de personnalité que de véritables doutes sur ses capacités à maîtriser ce nouveau don.
Un gâchis d’autant plus bête car visuellement, le film se situe bien au-dessus du précédent volet : X-Men : Apocalypse. La scène d’introduction dans l’espace est impeccable. On est au cœur de l’action avec les héros. Par la suite, même si parfois brouillonnes, les scènes d’actions retranscrivent les différents super-pouvoirs des héros sans difficulté. Le côté « Phénix Noir » de Jean Grey est bien retranscrit également. Le seul bémol, c’est l’âge (ou plutôt l’apparence) des personnages comme Xavier, Magneto ou encore le Fauve qui ont pris presque 30 ans depuis First Class mais qui n’ont pas vieilli pour autant. Un problème que nous avions déjà évoqué. Cette différence d’âge est mieux géré sur les nouvelles recrues car en trois ans, Turner et les autres ont pris « de la bouteille » et on peut croire qu’une petite dizaine d’années s’est écoulée.
Si vous avez déjà vu X-Men : L’affrontement final, vous savez à quoi vous attendre. Si vous ne l’avez jamais vu, Dark Phœnix s’impose comme une fin logique à regarder pour terminer la saga commencée par First Class. Une fin qu’on aurait espéré un peu plus glorieuse.
[Pierre Bisson]
Réalisé par Simon Kinberg – Avec James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence, Nicolas Hoult, Sophie Turner, Kessica Chastain, Tye Sheridan – Sortie mercredi 5 juin 2019 – 20th Century Fox
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