Après le désastreux X3 (oh, je sais, statistiquement il y en aura bien un pour se lever en disant « ah mais non moi je l’avais trouvé bien ce film), X-Men First Class (« X-Men: Les Origines » en VF) avait donné une identité et une énergie nouvelle à la licence. C’est que, mine de rien, une fois passés les films de Marvel Studios, les mutants de la Fox représentent en taille le deuxième univers partagé des super-héros au cinéma. Cinq films sur le groupe auxquels il convient d’ajouter les deux Wolverine. Soit sept longs-métrages en l’espace de 14 ans. Si la Fox s’était égarée un peu il y a quelques années, First Class avait remis les choses sur les rails en jouant le charme rétro, le côté roots d’une équipe où tout était à construire. Mais le film n’était pas parfait. La dernière bataille (Cuba) était un peu pataude, un tiers des personnages avait à peine deux phrases à dire et le film s’achevait sur un Michael Fassbender qui passait du rang de vengeur implacable à celui d’un Magneto en costume d’opérette. Est-ce que la boucle était bouclée ? Que vaudraient ces X-Men du passé maintenant qu’ils avaient passé le baptême du feu et que l’on risquait de la jouer plus « costume » ?
Le Futur. Les Sentinelles ont exterminé presque tous les mutants mais aussi les humains qui aidaient les mutants et les êtres « normaux » susceptibles d’engendrer des mutants. Bref, une bonne partie du monde a été rasée. Dans les décombres la dernière génération de X-Men (Blink, Bishop, Solar, Warpath…) se bat encore. Et si, comme moi, vous pensiez que l’on allait les voir dans la scène d’ouverture avant qu’ils se fassent massacrer, c’est… un peu plus compliqué que cela. Bryan Singer a profité des expériences passées. Oui, il y a beaucoup de mutants (à plus forte raison parce que l’on jongle avec les époques) et tous n’ont pas le même temps à l’écran (Colossus n’est toujours pas très loquace). Mais la plupart ont quand même l’occasion de montrer qui ils sont et ce qu’ils font. Les pouvoirs de Blink, par exemple, rythment les batailles dans le futur. J’avais peur d’un trop plein de personnages mais c’est plutôt bien géré. Autant vous prévenir tout de suite : si vous aviez sursauté en voyant le vieux Charles Xavier débarquer à la fin de Wolverine: le Combat de l’Immortel, rien ici ne viendra expliquer le pourquoi du comment de cette résurrection et de cette scène. Patrick Stewart est bien du voyage, mais les X-Men de demain ont d’autres chats à fouetter. Même si j’aurais préféré des Sentinelles un peu plus massives, grandes comme des immeubles, on comprendra que ne pas en faire des géants (encore que la taille reste grande) permet plus de choses en milieu fermé. Et bien vite il faut en venir à ce qui reste de la trame originelle du Days of Future Past des comics. Les mutants décident d’envoyer quelqu’un dans le passé pour « corriger » ce qui leur arrive. Pour diverses raisons, c’est donc Wolverine qui s’y colle…
Cette fois on retrouve le noyau de First Class dans les années 70. Ou en tout cas le noyau des survivants car un ménage certain a été fait. Les deux factions ont payé un prix lourd et Wolverine débarque dans un contexte où tout lui paraît étrange. Le jeune Charles Xavier est ravagé et… inutile. Et là où il est, Magneto ne peut pas être d’une grande aide. Wolverine va donc devoir embaucher de l’aide supplémentaire, un certain mutant qui va vite. L’implication de Quicksilver (Evan Peters) s’accompagne de quelques changements incongrus (à commencer par son prénom et sa coupe de cheveux) mais s’avère rapidement une très bonne surprise. L’acteur a un visage un peu lunaire et sa scène d’intro est un poil laborieuse mais une fois qu’il entre vraiment dans l’action, il est bien plus bluffant que je ne le pensais et les utilisations de son pouvoir semblent sans fin. Je m’attendais franchement à pire en ce qui le concernait. L’autre personnage mis en évidence, c’est une Mystique (Jennifer Lawrence) qui ne se contente plus de servir les intérêts des uns ou des autres. Complice de Magneto dans la plupart des films, sœur adoptive de Charles Xavier dans First Classe, Raven est un troisième camp à elle seule, imprévisible et plus dangereuse que « tu ne devineras jamais mon prochain visage ». Et, forcément, Fassbender nous sert un Magneto imposant, pour épouser un costume moins guignolesque que celui entrevu la dernière fois. Quand ce Magneto-là lève les bras, ce n’est pas simplement pour soulever quelques voitures de police. À plein régime, il en impose carrément plus… On appréciera aussi les messages et les réflexions du film (dans un registre assez voisin de Captain America: The Winter Soldier, mais avec une exécution différente) les personnages – bons comme moins bons – ayant tout le loisir de se demander si la fin justifie les moyens, si on répondre à la peur par la peur.
Des mutants en veux-tu en voilà… Jusque dans les dernières minutes (et même après le générique) les apparitions se poursuivent. C’est clairement la fête aux X-Men mais aussi… de leurs auteurs. Car Stan Lee n’est pas le seul à pouvoir jouer aux caméos. Cette fois la Fox est allé demander à des scénaristes fortement associés à la série de jouer les seconds rôles et c’est une vraie bonne idée, un vrai signal envoyé, un gage de respect : si la continuité des comics n’est pas décalquée, loin s’en fait, il y a un esprit qui règne. Singer et la Fox montrent qu’ils savent à qui ils le doivent. J’avais bien aimé X-Men: First Class mais je trouvais que les scènes sympas étaient parfois séparées par des wagons plus lourdingues. Ici, le rythme est plus soutenu. Pour le meilleur et pour le pire, Singer a été le réalisateur et le co-producteur le plus actif de la décennie en matière de films de super-héros. Et l’expérience, ici, se voit. L’univers des mutants de la Fox n’a pas encore la complexité de Marvel Studios mais il ringardise un tantinet celui que Sony souhaiterait construire avec Spider-Man et ses super-vilains mal gérés. Là, Singer ramène le ban et l’arrière-ban (dans la limite des acteurs disponibles) et se garde un droit d’inventaire. De quoi nous faire oublier les passages les plus sombres de la licence (en particulier X3 et le premier Wolverine). Dans les premiers X-Men, Hugh Jackman portait beaucoup de choses sur son dos. Ici il y a James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence mais aussi d’autres rôles comme Nicholas Hoult (le Fauve) montent en puissance. A la fin de First Class on se demandait comment le studio arriverait à continuer sur sa lancée. À la fin de celui-là, on n’en est plus à cette question, on n’est plus dans le doute (encore que je pense que certains spectateurs n’aimeront pas forcément la toute dernière séquence du film). On est pressé déjà d’arriver au prochain film et de voir ce que l’on nous réserve.
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