Super-Héros, Festival International des Comics de Labège 2019
20 avril 2019Le week-end dernier, sur les cendres du TGS Springbreak, pas moins de deux manifestations jumelles, le festival Super-Héros et la convention PopCon, s’élançaient comme le Phénix. Une image appropriée quand on réalise le nombre d’artistes présents associés au sort des X-Men, à commencer par Chris Claremont lui-même, celui a transformé les mutants en superstars. Un démarrage en trombe pour Super-Héros, où chasseurs de dédicaces et cosplayeurs s’étaient donné rendez-vous.
Au centre Diagora de Labège, cela faisait plusieurs années que les festivaliers geeks avaient pris l’habitude du TGS Springbreak, une manifestation s’intéressant aussi bien aux mangas qu’aux jeux vidéo et aux séries TV mais aussi aux comics, via un coin aménagé par le toulousain Paul Renaud (dessinateur de Captain America ou de Black Panther). En 2019, le TGS Springbreak n’est plus, avantageusement par une manifestation bicéphale. D’un côté la PopCon, qui continue de privilégier mangas et séries TV (parmi les invités de cette année on comptait Dean Cain, l’ex-Superman de Loïs et Clark). Mais malgré la présence de cet ex-Kryptonien, c’est l’autre pôle qui intéressera le plus, sans doute, les lecteurs de Comic Box : le Festival Super-Héros, choix délibéré de faire passer à la vitesse supérieure ce qui jusqu’ici était un petit coin du TGS, avec une identité plus forte.
Une vitesse supérieure négociée avec la complicité de la ville de Labège et des commerces environnants. Les expositions mettant en évidence les X-Men, les Avengers ou encore l’univers DC étaient implantées dans de nombreux restaurants locaux, tandis que le cinéma Gaumont, non content de proposer une programmation spécifique, typée « Super-Héros », prêtait aussi ses installations pour accueillir des conférences (en plus de celles déjà accueillies au centre Diagora). Mais c’est dans le choix des invités que Paul Renaud et ses collaborateurs ont frappé un grand coup, attirant donc le scénariste Chris Claremont (X-Men, New Mutants, Excalibur), les dessinateurs Alan Davis (Excalibur), Bruce Timm (Batman, Harley Quinn), Carlos Pacheco (Avengers Forever, Green Lantern), Mahmud Asrar (Conan le Barbare), l’encreur Mark Farmer (X-Men, Excalibur) et, chose plus rare, un lettreur, Tom Orzechowski (Uncanny X-Men, Green Lantern). Rareté totale, même, pour Orzechowski, un artiste d’une grande gentillesse, c’était la première fois qu’il quittait les USA. Outre les invités officiels, il fallait aussi compter avec quelques guests « surprise » (comme Pat Masioni, arrivé dans les valises du comic-shop lyonnais Comics Zone) et puis aussi une artist alley variée. Au point qu’on pouvait voir Bruce Timm ou Chris Claremont faire « leurs courses », achetant des sketchbooks et autres prints d’artistes émergeants… tandis que ces derniers se pinçaient pour être certains de ne pas rêver. Parmi les atouts de cet espace super-héros, on notait aussi la présence de la boutique Gourvycomics, avec des comics remontant jusqu’au Golden Age (et ça non plus, on ne voit pas ça tous les jours dans un festival français).
Avec beaucoup de conférences et d’animations, le Festival Super-Héros, fort de ses années d’expérience sous une autre forme, a démarré en trombe avec cette première édition, reprenant un flambeau un peu délaissé depuis la disparition de la regrettée Paris Comics Expo : s’adresser d’abord aux fans de comics plus qu’aux fans de produits dérivés et remettre les auteurs « au centre du village ». D’autant plus détendus par l’ambiance conviviale, des gens comme Claremont n’hésitaient pas à aborder pourquoi et comment on ne verra pas de sitôt un revival d’Excalibur piloté par Alan Davis et lui (Marvel ne veut/peut tout simplement pas les payer sur un même projet car, auteurs vétérans, ils sont trop chers). En 2020, Super-Héros passera encore une vitesse supérieure. L’ambition, cette fois, c’est d’organiser le festival de manière autonome, toujours à Labège mais sans PopCon (qui se tiendra à une autre date). Rendez-vous pris pour juin 2020, d’autant plus si la liste des invités fait preuve de la même richesse.
[Xavier Fournier]
5
4.5