Trade Paper Box #31 – Haunt T1: Frères Ennemis
6 février 2011[FRENCH] En 2006, alors qu’Al Simmons peinait trouver une nouvelle direction artistique et scénaristique, il se murmurait que Todd Mc Farlane, père du maudit soldat, était sur le point de revenir aux affaires par le biais d’une nouvelle créature. Dans les pages de Comic Box comme sur la toile, le génial auteur de « Tourment » (Spider-Man 1-5, 1990) laissait entendre que si Spawn avait été son Batman, sa prochaine création serait, elle, à rapprocher de Peter Parker. Un discours étonnant et à double tranchant, de la part de celui qui a toujours prêché pour une BD au-delà des frontières marquées par les « Big Two »… Un an plus tard, illustration à l’appui (CB #48), on apprenait que le personnage serait plus proche des canons super-héroïques classiques que ne l’était Spawn, et que Robert Kirkman, auteur d’« Invicible » et « Walking Dead » s’était déjà mis au travail pour bâtir les origines du héros.
Il n’en fallait pas plus pour que tout le fandom soit en attente de cette deuxième grosse franchise (que Sam & Twitch nous pardonnent…). Paru en 2009, le premier numéro de « Haunt », puisque tel était le nom retenu, reçut des critiques assez mitigées de la part des observateurs. Si certains se félicitaient de retrouver la patte et l’univers très particuliers de Todd Mc Farlane, nombreux furent aussi ceux qui soulignèrent la relative prévisibilité avec laquelle les personnages Kurt et Daniel Kilgore étaient développés. Aujourd’hui disponibles en langue française et dans un volume agrémenté de quelques crayonnés et notes de production, les six premiers épisodes de cette série ont donc une saveur très particulière pour tout amateur de comic-books intéressé à l’aventure d’Image Comics. « Haunt » en a-t-il suffisamment sous son « symbiote » pour dépasser le concept de sa genèse et fidéliser ses lecteurs ?
Association contre nature
Après la mort de son très détesté frère Kurt, agent secret exécuté froidement en territoire américain, le prêtre Daniel Kilgore se retrouve impliqué dans une vaste conspiration. Pour protéger Amanda, celle qu’il aime, il doit remettre la main sur des informations recherchées par des crapules très déterminées. Pour y parvenir, il pourra compter sur la présence fantomatique de Kurt à ses côtés. Défiant ainsi la notion même de « mort », la fusion de ces deux frères ennemis donnera naissance à la puissante créature baptisée « Haunt »…
Entre variant cover et retour aux sources
Commençons d’emblée par préciser que cette aventure est dessinée par le monumental Greg Capullo (pour le découpage et le dernier épisode) et Ryan Ottley (« Invicible »), tandem encré finement par Todd Mc Farlane. Le mélange habile de ces trois artistes apporte une esthétique hybride très intéressante qui s’éloigne de Spawn par l’utilisation d’une gamme de couleurs plus claire et un aspect relativement plus proche du cartoon. L’atmosphère de cette BD brillamment illustrée est donc la première des satisfactions, et emporte le lecteur avec légèreté et rythme vers des thématiques qui restent matures et assez gores.
Ce « Haunt » est source d’énormément de satisfactions, certes, mais aussi de bien des points communs avec les tribulations d’Al Simmons/Jim Downing : une réflexion sur l’amour par-delà le trépas, un ancien agent spécial capable de tuer froidement qui décède pour revenir sous une forme chimérique, une belle amazone dénommée Mirage pour franc-tireur, des frères qui ne se supportent pas mais règleront sans doute leurs différends dans la mort (on pensera à l’ami Terry Fitzgerald)… les points communs sont très nombreux et à peine dissimulés. Mais Todd Mc Farlane et Robert Kirkman le cherchaient-ils seulement ? Ces six épisodes sont bel et bien une variation assumée sur des thèmes chers au père de Spawn, et introduits dès mai 1992. Pourtant, assez étrangement, on se surprend à vouloir y revenir, pour voir ce que ça donnera dans une version alternative.
La grande illusion ?
Todd Mc Farlane est décidément un auteur aussi grandiloquent qu’attachant. Omniprésent (son encrage en est ici encore le témoignage), mais capable de s’appuyer aussi de vrais bons scénaristes, à l’image de Robert Kirkman, ce passionné de hockey (propriétaire des Edmonton Oilers) est parvenu à faire naître le buzz sur son seul nom, et sur sa fantastique capacité à donner naissance à des personnages humains, complexes et ténébreux. « Haunt » ne déroge pas à cette habitude qualitative, et emporte le badaud avec une grande facilité. Très agréables à lire, ces épisodes ne parviennent cependant pas complètement à dissiper une légère méfiance initiale. Pour qui aura été désarçonné sinon déçu par l’orientation donnée au HellSpawn, il en faudra plus pour que « Haunt » ne parvienne balayer les souvenirs amers laissés par une série phare qui aurait dû clore ses chapitres successifs avec plus de détermination.
Aujourd’hui parvenu à son 200e numéro, et en dépit d’arcs narratifs ponctuellement intéressants, « Spawn » a tout de même pas mal tourné en rond au cours des quinze dernières années. Espérons donc que les promesses de ce « Haunt » version 2009-2011 ne se termineront pas par des errances et flottements comparables. La spirale que porte Daniel Kilgore sur son poitrail pourrait alors revêtir une toute autre portée… Mais pour l’heure, il est vraiment trop tôt pour crier qui au génie, qui au scandale. Clairement ressenti dès la couverture, le sentiment de clonage est ensuite relativement bien canalisé par une partie graphique très maîtrisée, et par, surtout, l’attrait de la nouveauté. Et puis, il y a dans ces emprunts aux poses du Tisseur un vrai clin d’œil à l’attitude déjà adoptée par Todd Mc Farlane lorsqu’il créa « Spawn ». Chacun sait combien le concept de « cycle » peut marquer l’œuvre d’un auteur, reste maintenant au fondateur d’Image à donner une épaisseur, une indépendance à sa dernière progéniture. Quoi qu’il en soit, l’arrivée définitive de Greg Capullo aux crayonnés est un bon indice de l’importance accordée par TMF à son bébé. Le tome 2 de cette série sera donc attendu avec une grande impatience !
[Nicolas Lambret]
« Haunt – T. 1 : Frères ennemis », par Robert Kirkman, Todd Mc Farlane (scénario), Greg Capullo, Ryan Ottley (dessin), Delcourt, février 2011, 120 p.
Raaaaaaaaaaaaaaaah. C’est un peu con quand même d’avoir commencé à publier la série dans les Chroniques de Spawn pour la faire revenir sous la forme dans TPB. Il aurait été plus sage de le faire dès le début, à mon humble avis.
Haunt est vraiment une très bonne série, il faut juste dépasser les premiers épisodes pour que la série décolle vraiment. En ce qui me concerne j’ai beaucoup plus apprécié la lecture en TPB qu’en épisodes individuels.
Quant à l’arrivée de Capullo sur le titre on sent vraiment qu’il s’éclate sur le titre et on peut dire que l’on ne l’avait pas vus aussi inspiré depuis longtemps.
@Yannick: A ce compte là il faut arrêter d’urgence la publication de toutes les intégrales. Là pour le coup, ceux qui n’ont pas le budget pour acheter un album peuvent se rabattre sur la version kiosque. Et ceux qui veulent un volume entier ont l’album, tout comme aux USA les histoires paraissent d’abord sous forme de fascicule avant de revenir en TPB.
Faut pas confondre les intégrales de Spawn donc les épisodes datent de 15 ans et une série encore jeune. Je pense qu’elle aurait dû être dès le début, proposée en TPB et non pas en kiosque. Et vu le retard qu’elle a pris….. ça aide pas
Oui mais du coup le public qui n’achète pas les TPB aurait été privé de tout choix.
Depuis le temps que la série était annoncée, je pense quand même que les fans auraient suivi la parution en TPB.
perso sans vouloir mettre le caca, jai connu haunt grace à la publication kiosque, sans ça j’aurais été comme un c**.