Il en va ainsi depuis le seizième siècle et le premier héros de la lignée Walker. Lorsqu’un nouveau Fantôme prend la relève de son père mourant, il doit prêter serment sur un crâne : « Je prête serment de consacrer ma vie à la destruction de la piraterie, l’avidité, la cruauté, et l’injustice, sous toutes leurs formes. Mes fils et leurs fils devront en faire de même. » En tout point du globe, la légende de « l’Ombre qui marche » ne laisse aucune chance aux crapules qui s’écartent du droit chemin… Au menu des réjouissances, « La mort jaune » et « Les enfants de la forêt »… Un village Massagni est en proie à un étrange brouillard vermillon qui a décimé ses habitants. Les trafiquants d’armes chimiques peuvent trembler ! Et les responsables d’une déforestation massive et illégale devront rendre des comptes…
Dans ce volume intégralement présenté en noir et blanc, le trait de John Milton est aérien. Comme dans les meilleures BD, l’action s’enchaine avec fluidité, sans fioriture. Les décors sont riches et maîtrisés, exactement ce qu’il fallait pour nous plonger dans une jungle aussi mystérieuse que son veilleur de nuit. Le découpage des planches, très académique et très européen, renforce le sentiment de retour aux sources, plus de vingt ans après leur production. L’album tient haut la main ses promesses et nous rappelle combien le neuvième art hexagonal aurait besoin que des figures telles que Jean-Yves Mitton soient rappelées au bon souvenir des commissaires d’expositions. Les scénarios de Scott Goodall (auteur de « Fishboy » avec John Stokes), quant à eux, sont délibérément simples mais ils n’en restent pas moins pertinents. A l’évidence, leur naïveté raisonnable renforce encore la fraîcheur et le cachet qui se dégagent de ces épisodes.
Ce premier album marque le centenaire de Lee Falk de la plus belle des manières. Le « Phantom » version Egmont est sans conteste une excellente entrée en matière pour ceux qui méconnaitraient encore l’œuvre du plus français des auteurs de comics… Et pour ceux, aussi, qui souhaiteraient redécouvrir l’aventureuse et exotique ambiance qui entoure le Phantom dans toutes ses (bonnes) apparitions. En revanche, côté distribution, il vous faudra passer directement par le site de l’éditeur (www.saintrapt.com/imaginer) pour vous en procurer les copies espérées. Bonne nouvelle en ce début du mois de septembre : le deuxième tome vient de paraître pour une série qui en comptera quatre, un carré d’albums qui, lorsqu’ils seront tous publiés, vous donneront probablement encore de dévorer l’œuvre la plus récente (2011) de Jean-Yves Mitton, le très émoustillant « Kzara ou les nuits barbares »…
[Nicolas Lambret]« The Phantom T1 », par Scott Goodall (scénario) et Jean-Yves Mitton (dessin), Editions Images Innées, mai 2011, 68 p.
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