Trade Paper Box #69: Butcher Baker – le Redresseur de torts

[FRENCH] Alors que l’on est bombardé d’adaptations cinématographiques super-héroïques de tous poils, qui connaissent de très large succès populaire. Il est temps de s’interroger : vous n’en avez pas marre des Super-héros trop beaux, trop riches, trop lisses, trop polis, et trop politiquement corrects… bref trop insupportables!? Si? Et bien Butcher Baker est clairement fait pour vous! Cette minisérie complètement barrée est publiée chez Ankama pour la VF sous le619, scénarisée par Joe Casey (Uncanny X-Men, GI Joe: America’s Elite) et dessinée par Mike Huddleston (Harley Quinn, Captain America Red, White and Blue).

Grandeur et décadence des héros

Les super-héros sont en voie de disparition, les super-vilains aussi! Les derniers représentants du genre sont d’ailleurs parqués dans une prison spéciale, l’institut Bertrand pour méta-criminels, surnommé « la cage aux dingues ». Butcher Baker occupe ses journées de retraité dans un bordel, le Plato’s Retreat. « Le redresseur de tords », se trouve alors mandaté par deux hommes en costard qui connaissant parfaitement les penchants de notre homme, et parviennent à l’intéresser, afin de faire le ménage parmi les détenus. C’est parti pour une folle virée au volant de son indestructible Truck américain « Liberty Belle ». Un groupe de super-méchants composé de Blue Lightning, El Sushi, Angerhead on encore l’Abominable Snowman s’échappent pourtant et organisent la riposte, autour du pas très net Jihad Jones et de l’énigmatique Absolutely, remontant pas à pas la piste de Butcher jusqu’à une confrontation magistrale sur Times Square (excusez du peu)!

Délicieusement pervers!

« Je bois au bon vieux temps ! Le temps où les dommages collatéraux sont devenu pertes acceptables… » voilà qui résume assez bien l’atmosphère de cette minisérie. A des années lumières du super héros classique, Butcher Baker est un personnage rustre, cynique et sans foi ni loi (ou peut être la sienne, à géométrie variable bien évidemment) avec des faux airs de Punisher. Notre redresseur de tords pour le moins déjanté œuvre dans un monde où le sexe décomplexé et la pornographie sont la norme absolue. Notre homme n’hésite pas à taquiner brutalement les forces de l’ordre et plus précisément l’agent Arnie B. Willard comme un running gag courant tout au long du volume. On serait presque tenté de dire « pauvre bougre » à un moment donné, mais celui-ci en tient finalement une sacrée couche! BB, super-héros sur le retour reprend vie au fil de l’intrigue, et nous apparait progressivement nostalgique et éternel insatisfait. Des flashbacks sur sa carrière passée de super-héros nous aident ainsi à cerner sa personnalité. Ses souvenirs couplés aux scènes d’actions en cours narrées par différents protagonistes viennent quadriller l’intrigue principale. Utilisées brillamment, ces figures de style participent du découpage des épisodes et donnent surtout une tonalité tout à fait singulière à l’ensemble du récit.

Un cocktail d' »étonnant »

Volontairement trash, aussi bien dans le traitement des scènes de combat et d’actions, dans la dimension érotique (pour ne pas dire pornographique), que dans le vocable employé, Butcher Baker n’en est pas moins léger et délirant. Les courses poursuites relèvent d’ailleurs plus des « fous du volant » que de « Boulevard de la Mort » dans le style. Le scénario de Joe Casey est plutôt bien frappé, reprenant les codes d’un genre qui s’en trouve détournés, malmenés, pastichés pour en sortir triomphant. Le duo artistique fonctionne à merveille puisque les dessins de Mike Huddleston sont eux aussi tout à fait remarquables, son style s’exprimant en effet pleinement dans cette série. La succession des types de colorisations loin d’être artificielle participent de l’atmosphère survitaminée presque « sous acide » du titre, créant un ensemble plaisant et tout à fait cohérent. A lire et à partager sans modération!

[Anne-Sophie Peyret]

« Butcher Baker – le redresseur de torts. » par Joe Casey et Mike Huddleston, Ankama Editions, Label 619, octobre 2012, 144 p.

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