Trade Paper Box #71 : First Wave featuring Will Eisner’s The Spirit
25 novembre 2012[FRENCH] Connaissez-vous bien le Spirit ? Si non c’est l’occasion de le découvrir, si oui de reprendre l’expérience ! C’est officiel les héros vintage à l’image de Doc Savage font leur retour. Il est donc naturel d’assister à une relance du titre consacré à Denny Colt, personnage culte de Will Eisner. Ce redémarrage est scénarisé pour l’occasion par Mark Schultz (en charge des épisodes 1-3) et David Hine (pour les épisodes 4-7), le tout dessiné par Moritat dans un album paru en octobre chez Ankama.
Un Nouveau Spirit ?
Dans la première moitié du tome Mark Schultz (scénariste de Cadillacs & Dinosaurs, ou de Superman), nous plonge dans l’univers du mythique justicier masqué toujours à la lutte à Central City contre les organisations criminelles contrôlées par Octopus. En ville la corruption règne jusqu’au plus hautes sphères du pouvoir et les trafics en tout genre sont légions. Or celui-ci perturbe trop le business du goût des trafiquants qui décident de l’éliminer en lançant à sa poursuite un mystérieux tueur venu d’Europe qui se traine une réputation à vous glacer le sang ! Denny Colt « censé être mort, un esprit » n’est pas homme à s’arrêter au qu’en dira on, il va pourtant avoir maille à partir avec Angel Smerti. Dans un second temps, David Hine (scénariste sur Spawn, The Darkness ou encore co-scénariste sur Spider-Man Noir) met en scène un Spirit déboulonnant un réseau de vente de « Frost », une drogue nouvellement arrivée sur le marché à Central City, mais déjà responsable de trop nombreuses overdoses.
Manifestation de l’esprit
Il est plaisant de constater que les codes qui ont fait le succès du personnage urbain d’Eisner sont repris aussi bien dans le scénario que dans la représentation. Les pin-ups rappelant l’âge d’or du titre sont par exemple au rendez-vous. L’atmosphère particulière des titres de gangsters avec action et règlements de compte à arme à feu est fort bien restituée. L’élément le plus intéressant reste cependant que notre héros, éminemment solitaire de nature, élabore à priori des stratagèmes impliquant sa seule personne ne s’en remettant qu’à lui. Or on peut constater qu’il élucide ses enquêtes et se retrouve souvent tiré d’affaire grâce au soutien indéfectible de personnages secondaires récurrents de la série, à l’image du commissaire Dolan de sa fille Ellen, ou encore des « centralettes ». En cela le travail des scénaristes concernant le développement des personnages secondaires est très réussi.
Redécouverte de l’esprit
L’intrigue est vraiment convaincante, on prend un certain plaisir à voir Denny Colt évoluer dans son univers, entre les collectes d’indices, la résolution de ses enquêtes, et autres turpitudes. Le suspens s’installe d’ailleurs au fil des planches à mesure que l’étau se resserre et que la tension augmente. Pourtant dans les deux histoires, on peut regretter que la résolution soit un peu téléphonée. Les dessins de Moritat (dessinateur sur Elephantmen mais aussi sur les couvertures de Blade Runner et la série All-Star Western) ne sont pas en reste, son style épousant l’esprit de la série originale, participant à l’harmonie de l’ensemble. En somme un bon point de départ pour re/découvrir ce personnage mythique.
[Anne-Sophie Peyret]