Trade Paper Box #84: Elephantmen T1: Jouets de Guerre
17 mars 2013[FRENCH] Fans de science-fiction et de récits inspirés de la Grande Guerre ? Vous trouverez certainement de quoi vous satisfaire dans les premiers épisodes de cette série parue chez Delcourt. Un concept original où l’humanité quasiment décimée par une épidémie, se retrouve déchirée au milieu d’une guerre totale opposant la Chine a une Alliance Centre Africaine. Un projet à l’initiative de Richard Starkings (Hip Flask, Ghostbusters, Transformers) et dont les dessins sont assurés alternativement par Moritat, Axel Medellin et Lädronn.
Anthropomorphisme à tout prix
La population européenne a eu bien du mal à survivre à l’épidémie fulgurante du virus FCN. Ce n’est pourtant pas son seul soucis, l’Europe est en effet devenue le théâtre d’opération d’une guerre totale vers l’annihilation pure et simple de l’espèce. Celle-ci oppose la Chine et l’Alliance Centre Africaine subventionnée par les laboratoires MAPPO et leurs Elephantmen, sortes d’hybrides mi-hommes mi-animaux sauvages mis au point dans les laboratoires de la firme par Kazushi Nikken. Ces créations sont les jouets d’un savant plutôt fou, et ne sont pas franchement destinés aux enfants ! Ce sont en fait des armes terribles dont le seul but est la destruction totale. Dépourvus d’affect ils agissent comme des automates, et le moins que l’on puisse dire c’est que l’esprit d’équipe, et le remord ne sont pas dans leurs caractéristiques et programmations d’origines.
L’Homme, une bête comme une autre…
Les européens font donc face à cette double menace, l’espèce se meurt terrassée par l’épidémie que l’on n’a pu contenir, tandis qu’ils subissent en parallèle un conflit entre les feux duquel ils sont pris. Leur représentante, l’héroïne Yvette est un personnage complexe plutôt insaisissable. Elle semble incarner le dernier rempart de la volonté de l’homme. Elle va devenir, à cause de l’horreur de ce qu’elle a subi et dont elle a été le témoin, tout aussi cruelle et impitoyable que ses assaillants. Elle va laisser libre cours à de bas instincts à l’instar des créatures qu’elle combat. Sa position rappelle fort celle des résistants célèbres durant l’occupation. On peut par ailleurs faire un parallèle certain avec le comportement des survivants de Walking Dead par exemple. Les rapports aux autres se modifient quand la civilisation est a genoux et que les référentiels sociaux ont été pulvérisés. Aussi bien par en cas d’épidémie que dans Elephantmen lors d’une guerre contre des ennemis d’autres espèces.
La Der des Ders ?
Les allusions et les parallèles au déroulement de la Grande Guerre sont constants dans le récit, ce qui est en un sens très anachoronique, mais surtout plutôt déroutant. Cela permet de planter un décor qui semble quasiment « familier », comme une sorte d’empreinte de notre héritage culturel dramatique. On aimerait par ailleurs en apprendre d’avantage, sur plusieurs points. Quel est l’origine de ce fameux virus ? Sort-il par hasard des éprouvettes d’un certain laboratoire ? La fameuse entité MAPPO n’est pas franchement « incarné » jusque là. Alors qui tire les ficelles et dispute aux chinois (autre entité opaque, mais à visages humains) une suprématie ainsi que les restes de l’humanité et de la terre décimée par des années de conflits ? A noter qu’à la fin du volume une nouvelle sorte d’alliance se profile… affaire à suivre !
[Anne-Sophie Peyret]« Elephantmen T1 – Jouets de Guerre » par Richard Starkings (scénario), et Axel Medellin, Moritat et Ladrönn (dessin), Delcourt, janvier 2013, 135 p.