Trade Paper Box #94: Superstar
2 juin 2013[FRENCH] Il n’est pas nécessaire d’exister depuis la fin des années 1930 pour être un super-héros efficace. En effet des personnages bien plus récents comme Superior, Invincible, ou encore Superstar, parviennent par une intrigue efficace, des dessins attractifs, et un postulat de départ intéressant à captiver le lecteur. Preuve que l’on peut « débarquer » et se montrer convaincant dans un marché hyper concurrentiel sans pour autant compter sur une légende vieille de plus d’un demi siècle.
La célébrité et ses vertus
Un nouveau super-héros débarque en ville, et à première vue, il a tout d’un premier de la classe ! Un sourire ravageur, des cheveux blonds parfaitement peignés, un corps musculeux sculpté au cordeau. Dans un costume aux couleurs de la bannière étoilée, taillé sur mesure. Jusqu’ici rien de particulier, ça vous rappelle forcément quelqu’un, ou plutôt quelques autres… Captain America, Captain Britain, Le Winter Soldier, Le Faucon par exemple. Ce personnage se distingue cependant par une originalité de taille. Sa popularité est en effet la source des pouvoirs de Clay Bridges alias Superstar ! Ses batteries ne se rechargent que grâce à la générosité et aux dons de son public. Le héros est donc confronté a des impératifs très concrets comme « plaire ou perdre. » Pas d’alternative, le succès populaire et l’exposition médiatiques constantes paraissent nécessaires. Pour couronner le tout, le père de Clay, un mania de l’industrie et des médias, contrôle l’image, la communication, et donc la célébrité de son fils par des moyens qui irritent le jeune homme au plus haut point. Mais comment s’en passer ? Y-a-t-il une autre voie que de renoncer ?
Le pire des maux ?
Notre héros est confronté à un techno-super-vilains « à l’ancienne » comme on peut en trouver dans des séries comme Iron Man par exemple. Celui-ci veut assouvir l’humanité, instaurer une pensée unique. Fondre les personnalités des individus dans un esprit commun, désincarné. Pourtant de bout en bout, il n’est pas certains que cette menace préoccupe vraiment Superstar. Il paraît plus préoccupé par ce que lui cache son PDG de père et par les fantômes de son passé. Ses relations avec son frère qui l’assiste au combat (à l’image d’Oracle par exemple) sont assez compliquées, parfois tendues. Plus complexe encore ses rapports à son père. Qui prétend agir dans l’intérêt de son héros de fils mais semble surtout très préoccupé par les bénéfices qu’une situation ou plutôt qu’un produit pourrait apporter à son groupe.
Succès obligé…
Ces premiers épisodes nous interrogent sur la notion même d’héroïsme, mais aussi de célébrité et des dérives qui se greffent autour, les limites de la surexposition médiatique, les excès et les dérapages qui peuvent en résulter. Ces thèmes raisonnent avec notre réalité. Les aventures d’un héros qui aurait pu souffrir de la comparaison avec de plus illustres ancêtres. Mais à qui l’intrigue mise en scène par Kurt Busiek (Green Lantern, Action Comics, Les Vengeurs, Superman, ou encore les Thunderbolts) scénariste très confirmé du genre s’il en est, donne une vrai cohérence. Le dessin de Stuart Immonen (Ultimate Spider-Man, et récemment All New X-Men) résolument ancré dans notre époque apporte de surcroit à l’ensemble une véritable légitimité.
[Anne-Sophie Peyret]
Superstar, par Kurk Busiek (scénario) et Stuart Immonen (dessin), Glénat Comics, avril 2013, 88 p.