Walking Dead S04E014

[FRENCH] Après un des prégénériques les plus courts de la série, Walking Dead nous réserve cette semaine un des épisodes les plus tarés, les plus dérangeants, les plus amers qu’on ait pu voir. Et si d’avance on savait qu’un détachement comportant Tyreese et Carol était promis à des situations conflictuelles, rien ne nous préparait à quelque chose de ce niveau.

GIRL POWER ?

Dans les séries TV classiques, il y a des barrières qu’on ne franchit pas. Ou peu. Dans Walking Dead, depuis le comic-book mais aussi depuis les premières minutes du feuilleton (la petite fille zombie que Rick dégommait vers la station à essence), depuis la gestion d’un Carl parfois bien borderline ou encore le sort de Sophia, on savait que le show osait aller là où peu de scénaristes s’aventurent. La « classe de survie » de Carol, ses filles par procuration et leur regard très particulier sur la vie (il y a quelques épisodes elles se posaient la question d’étouffer ou pas un bébé) est depuis le début de l’actuelle saison une intrigue de fond, une question potentielle qui cette fois-ci remonte à la surface. Avant leur introduction, Carl Grimes semblait l’exception, le gamin obligé de grandir vite dans un monde d’adultes. D’un seul coup la présence de Lizzie (Brighton Sharbino) et de Mika (Kyla Kenedy) a donné de l’horizon à cette question. A moins qu’on les considère comme une mini version de Maggie et Beth Greene ? D’un côté la sœur pessimiste, débrouillarde, et de l’autre l’optimiste, qui laisse son entourage prendre l’initiative. Mais l’épisode de cette semaine va nous montrer combien nous les connaissons peu…

FACE A FACE

Carol (Melissa McBride) et Tyreese (Chad L. Coleman) ont refondé, un peu par hasard, une unité familiale. Pour le réaliser, il ne reste plus qu’à trouver un endroit, un refuge à trouver. Au lieu de faire comme les autres sous-groupes du show, ils ne tombent pas sur le poster du sanctuaire mais sur une petite maison à l’écart qui n’attendait que des habitants et qui, d’une certaine manière, a de faux airs de la ferme des Greene. Là, ils peuvent s’installer, souffler, et recommencer à penser à autre chose que leur survie au jour le jour. Mais Tyreese a beau voir les choses sous un jour meilleur, il reste hanté par le souvenir de Karen. Par écho, c’est Carol qui est à son tour torturée. Chad L. Coleman peine un peu à évoquer l’amertume qui devrait tirailler son personnage. Il faut dire qu’il a fort à faire pour arriver à la hauteur des autres personnages dans cet épisode. Melissa McBride, elle, est véritablement prise dans une moulinette d’émotions, dans un jeu de douches écossaises, un « puzzle » (pour reprendre un des éléments graphiques de cette semaine) qui donne sa vue d’ensemble seulement dans les dernières minutes…

PAS DE FUMEE SANS FEU…

Même sans les coups de théâtre qui secouent cet épisode, les auteurs ont trouvé le cadre, le contexte parfait pour installer un havre de paix, un paradis à tout moment à un doigt de basculer dans l’enfer. La petite maison des bois et son univers champêtre, intemporel, à l’écart de la voie ferrée, à quelque chose d’intemporel. Et inversement il y a ce sinistre et mystérieux panache de fumée (sans doute expliqué dans un épisode à venir, mais même si le non-dit restait ce ne serait pas moins percutant), qui montre que l’apocalypse n’est jamais loin. Il y a aussi un discours intéressant autour de la nécessité de tuer (ou pas). C’est aussi un fil rouge qu’on retrouvait ces dernières semaines avec Beth obligé d’apprendre à « tuer » (enfin détruire des zombies) pour vivre. Ici encore c’est la question, d’emblée forcément intéressante sachant les antécédents de Carol. De quel côté doit aller la famille ? Le pragmatisme de cette mère de substitution où la confiance d’un Tyreese plus positif ? A moins que la vraie différence philosophique se trouve à « l’étage en dessous », entre les deux petites sœurs Samuels. On aura d’ailleurs plusieurs fois l’occasion dans cet épisode de se demander laquelle des deux est la plus forte.

LA PETITE MAISON DANS L’APOCALYPSE

Là où le comic-book peut compter sur quelques « bad guys » massifs tels que Negan, le feuilleton Walking Dead (qui n’en manque pas non plus) est rarement aussi bon que lorsqu’il floute les frontières, quand il ne s’agit pas (ou si peu) d’affronter la menace de l’extérieur mais bien de lancer les unes contre les autres les personnalités qui composent le groupe. C’est le cas ici, avec un parti pris cinglant, sec, désespéré. S’il y a bien quelques zombies au rendez-vous, vous n’aurez pas de scène d’action aussi massive qu’une prise de la prison, non. Mais les auteurs et le casting nous offrent ici une grande claque, comme un une sorte de western nihiliste, non pas la « petite maison dans la prairie » mais bien « la petite maison dans l’Apocalypse »…

[Xavier Fournier]
Xavier Fournier

Xavier Fournier est l'un des rédacteurs du site comicbox.com, il est aussi l'auteur de différents livres comme Super-Héros - Une Histoire Française, Super-Héros Français - Une Anthologie et Super-Héros, l'Envers du Costume et enfin Comics En Guerre.

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