Il y a précisément quatre-vingt dix ans ce 11 janvier 2025 paraissait New Fun: The Big Comic Magazine #1, la toute première publication d’une société qui, par la suite, changerait plusieurs fois de nom avant de devenir DC Comics. Mais encore plus que celà, on peut considérer que les comic-books tels qu’on les connaît aujourd’hui sont véritablement nés le 11 janvier 1935.
A l’origine, les comic-books n’étaient qu’une sorte de marché secondaire pour les bandes dessinées publiées dans la presse américaine. Les strips paraissaient d’abord dans les journaux quotidiens puis hebdomadaires, avant que quelqu’un ait l’idée de récupérer ce contenu pour continuer de le vendre. Le journal c’était un peu l’équivalent de la sortie ciné tandis que les comic-books étaient peu semblables au marché DVD ou à la plateforme de streaming. L’équation économique de ces premiers comics semblait fonctionner seulement parce que les bandes dessinées rééditées avaient déjà été rentabilisées via leur parution dans la presse. Personne (ou presque) ne savait comment faire vivre un comic-book inédit de A à Z, sauf de très occasionnels fascicules promotionnels ou des tentatives-tests qui restaient des « one-shot », comme The Funnies en 1929, chez Dell Publishing (mais qui était au format tabloïde) ou le numéro unique de Detective Dan publié par Humor Publishing Co. en 1933.
Le 11 janvier 1935, un ancien militaire, le Major Malcom Wheeler-Nicholson, publie le premier numéro de New Fun: The Big Comic Magazine (daté de février sur la couverture), qui sera par la suite retitré New Fun puis More Fun Comics.
La maison d’édition s’appelle d’abord National Allied Publications et changera elle aussi de nom pour devenir DC Comics (On l’oublie souvent mais aux alentours de 1937 la société s’est aussi nommée The Nicholson Publishing Company).
Wheeler-Nicholson, c’est un personnage à part entière, quelqu’un qui mériterait sans peine de devenir un héros de bande-dessinée, avant même d’avoir mis le doigt dans l’industrie des comics. Né le 7 janvier 1890 (on vient de passer le 135ème anniversaire de sa naissance), Wheeler-Nicholson entame une carrière épique dans la cavalerie de l’armée américaine, rapidement déployé sur différentes opérations internationales, comme le Mexique ou la Sibérie. Wheeler-Nicholson participe aussi à la Première Guerre Mondiale et, après la fin des hostilités, séjourne un peu en France.
Ce n’est pas assez dit mais Malcom Wheeler-Nicholson n’est pas seulement le directeur de la maison d’édition. Il est aussi l’un des scénaristes les plus réguliers de la revue. La toute première histoire, consacrée au cow-boy Don Nogales, est écrite par Wheeler-Nicholson en s’inspirant directement d’une nouvelle qu’il avait publié en 1928 dans des pulps. Sandra of the Secret Service, la première héroïne de la maison d’édition (et donc la première héroine de ce qui deviendra DC Comics) est elle aussi écrite par Wheeler-Nicholson. L’ex-militaire signe aussi diverse autres exploits d’aventuriers comme Barry O’Neill, Wing Brady, Jack Woods ou encore une adaptation d’Ivanhoe. Parmi les autres curiosités de ce premier numéro, on trouve aussi le héros de dessin animé Oswald The Rabbit (le prototype de Mickey Mouse), adapté pour l’occasion en BD et qui de fait est la première BD « sous licence » de l’éditeur.
Par la suite Wheeler-Nicholson continuera d’avoir un rôle sur le côté créatif. Par exemple dans Detective Comics #1, il est, avec Siegel et Shuster, le co-créateur du limier Slam Bradley (récemment revu dans Gotham City: Year One). Wheeler-Nicholson est d’ailleurs celui qui a engagé Siegel & Shuster, les faisant débuter dans les comics à partir de New Fun #6, à l’automne 1935, numéro où les deux jeunes auteurs lançent leur premier personnage notable (mais loin du futur succès de leur Superman), Doctor Occult.
Au courant de leur projet de Superman mais déjà dans une situation financière compliquée, Wheeler-Nicholson propose aux deux jeunes gens de publier Superman mais en les payant plus tard, en les associant aux bénéfices. Siegel et Shuster, qui craignent de ne jamais voir revenir le moindre bénéfice, refusent. Ils en seront quitte pour signer un autre contrat plus tard avec les nouveaux propriétaires de National, contrat rétrospectivement bien moins avantageux.
En fait Wheeler-Nicholson collabore aux différentes revues qu’il publie jusque dans le courant de l’année 1938, date à laquelle il est dépossédé de sa société dans des conditions rocambolesques. Il est effectivement couvert de dette, quand ses associés l’encouragent à partir en séjour à Cuba… mais pendant l’absence de Wheeler-Nicholson ils organisent, grâce à un juge « ami », la banqueroute de la société et sa revente à ces mêmes associés. Quand Wheeler-Nicholson revient, les clefs ont été changées et son bureau vidé. Il n’est plus le propriétaire de la société. Sa collaboration ainsi coupée net, il lui reste sur les bras quelques épisodes de ses séries en cours, comme Barry O’Neill, qui seront publiés dans l’après-guerre chez d’autres éditeurs.
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[Xavier Fournier]
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