En ces derniers jours de janvier, une partie de la planète BD a une nouvelle fois migré vers le Festival International de la Bande-Dessinée d’Angoulême. Si la manifestation donnait la part belle au Japon cette année en termes d’expositions, plusieurs éditeurs présent2s défendaient les couleurs des comics, la plupart d’entre eux invitant des artistes internationaux.
Le FIBD 2018 restera dans les mémoires pour une météo plutôt clémente. En effet, à cette période de l’année la Charente ne se présente pas toujours sous son meilleur jour. Auteurs, éditeurs et festivaliers de tous bords peuvent témoigner d’années où la neige ou des trombes d’eau décourageaient clairement une partie du public. Passé un jeudi pluvieux, cette fois l’atmosphère était toute autre et c’est peut-être ce qui expliquait que la longue artère piétonne qui relie les différentes bulles du festival semblait cette fois-ci plus remplie. Beaucoup de curieux aux expositions et conférences, qui refusaient régulièrement du monde. La chose se percevait encore tard dans la nuit puisque les expos en extérieur (comme celle consacrée à Titeuf) avaient encore du public. On regrettera cependant certaines bizarreries d’organisation, comme le fait que la journaliste et blogueuse Heidi McDonald, spécialiste américaine des comics, tienne une conférence… près de la buvette de l’espace réservé au marché des droits internationaux… une zone réservée aux seuls professionnels de la profession. On croisait quelques étudiants qui auraient bien voulu y assister mais qui, faute du bon badge, ne pouvaient y entrer. Dommage !
L’affiche comics pouvait compter encore une fois sur les trois ténors du marché, Delcourt, Panini Comics et Urban Comics qui comme à leur habitude, avaient fait venir différentes pointures. Delcourt semblait jouer sur du velours avec Charlie Adlard et Sean Phillips mais il faut voir que l’éditeur est toujours entre deux tomes de Walking Dead et que la nouvelle série de Phillips (Kill Or Be Killed) sortait en VF. Panini Comics était déjà passé aux couleurs de Black Panther et de Deadpool, actu ciné oblige. Niveau auteurs, on croisait aussi bien Andrea Sorrentino que Dalibor Talajic, Pepe Larraz ou Mast. Les plus attentifs auront aussi reconnus Stéphanie Hans… mais celle-ci arborait un badge refusant de faire des dessins. Normal : cette année elle était passée de l’autre côté de la barrière et n’était là qu’en mode visiteuse. Le stand Urban, lui, s’honorait des présences de Marcos Martin, Mikel Janin et enfin Sonny Liew. La même bulle du Champ de Mars accueillait Wanga Comics mais surtout Snorgleux Comics qui, faisant cause commune avec Bliss et Monsieur Toussaint Louverture, proposait sur son stand aussi bien Matt Kindt que Wendy et Richard Pini ou Paul Azaceta. Avec des personnages peut-être moins mainstream comme le nouvel album de Kindt (Du Sang sur les mains), l’univers Valiant ou Elfquest, ces éditeurs profitaient d’un capital surprise efficace. Les abords de leur stand ne désemplissaient pas. D’autres « pointures » internationales hantaient le salon, comme Dave McKean, excusez du peu…
Plus haut dans la ville, on trouvait le stand d’Original Watts (avec un Jean-Yves Mitton en mode stakhanoviste du dessin), celui de Graff Zeppelin (désormais éditeur de Red Sonja et Vampirella), les habituelles présences d’Organic Comix, Scarce ou encore Ça et Là fort de la présence de Derf Backderf (une projection du film adaptant Mon Ami Dahmer avait d’ailleurs lieu en ville). Si cette année culturelle française est placée sous la bannière Japonismes 2018, encourageant pour ce festival la tenue d’expositions à tendance manga, les fans de BD américaine peuvent déjà se projeter vers 2019, avec un cru qui aura comme président Richard Corben. Chez Délirium, éditeur qui publie et republie bon nombre des œuvres du maître, on ne cachait pas sa joie. D’ailleurs sans attendre 2019, les albums de Corben disparaissaient comme des petits pains.
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