L’arc Joker War démarre officiellement dans la série Batman (alors qu’il faut bien dire qu’officieusement elle bat son plein pratiquement depuis le #86). Tremblez habitants de Gotham, le Joker est de retour et cette fois il ne fait pas de cadeau (à supposer qu’il en faisait avant). Un arc qui – malgré la qualité des auteurs – traine un peu la patte parce que c’est ENCORE le Joker.
Scénario de James Tynion IV
Dessin de Jorge Jimenez
Parution aux USA le mardi 21 juillet 2020
Le Joker revient et cette fois c’est la bonne il est bien décidé à en finir avec Batman… comme les 35823856 fois (nombre non contractuel) où il a déjà attaqué Batman et Gotham. On comprend bien l’intérêt qu’à DC Comics à jouer et à rejouer la carte du criminel le plus populaire de l’univers DC (et cela ne vas pas se calmer avec le démarrage de Three Jokers d’ici quelques jours) mais l’impression du déjà vu/déjà lu demeure. Même l’insertion d’une nouvelle complice, Punchline, n’arrive pas à enlever cette impression de réchauffé (le coup du massacre dans le cinéma fait vraiment « vu 15 fois déjà »). Et c’est doublement dommage car le Joker c’est la surface, le premier degré de cette histoire. En fait à bien y regarder ce n’est pas ce qui intéresse James Tynion mais bien une exploration de la ville et des choses qu’il reste à découvrir. En quelques numéros Tynion nous a présenté un nouveau siège de Wayne et l’équivalent d’une nouvelle batcave et puis a enchainé avec pratiquement un nouvel endroit par numéro, de la banque de l’Underbroker à Tartarus House en passant par le nouveau QG du Pingouin. Tynion arrive à se placer à mi-chemin entre les approches de Scott Snyder et de Tom King pour nous proposer une Gotham qui déborde de vie, qui s’agite, et y injecter plein de nouvelles choses, symbolisées (peut-être) par un nouveau costume qui lorgne à l’horizon. Il faut savoir voir au-delà du Joker pour comprendre l’intérêt du run en cours. Mais voilà, ce n’est toujours évident et le Joker a le chic pour occuper l’espace. Peut-être que Tynion a enchainé un peu trop vite et qu’il manque un arc intermédiaire sur Batman obligé de fonctionner sans sa fortune (là, les choses vont tellement vite qu’il n’a guère, pour l’instant, l’occasion de remarquer la perte de ses moyens). On nous dit que le Joker a pris la ville mais on le voit peu, finalement.
Jorge Jimenez est un atout de l’arc, arrivant à donner des éclairages vibrants, un dynamisme, dans la ville où on a l’impression qu’il fait nuit 20 heures par jours. Les ombres, Jimenez ne les fuit pas mais c’est pour bien souvent leur donner des textures et des mi-teintes, du relief, du volume. Il y a des pluies à la Blade Runner dans sa Gotham et c’est essentiel pour l’ambiance générale. Ce n’est vraiment pas désagréable à lire mais on se heurte finalement à cet obstacle : après avoir perdu tant de fois, le Joker peine à passer le niveau supérieur. Il devient une habitude. Dans les mois qui viennent DC Comics a vraiment intérêt à réussir la réinvention de son croquemitaine. Parce que ça lasse, et des auteurs inspirés n’y peuvent plus grand-chose.
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