Avec un titre comme « One More Day » (allusion à la réécriture du passé et l’effacement du mariage de Spider-Man et Mary-Jane), cet annual de Daredevil promet d’emblée de toucher au mythe de Daredevil. Mais Chip Zdarsky n’a pas pour but d’enlever quelque chose de l’historique de Matt Murdock. Au contraire il s’agit de rajouter quelque chose…
Scénario de Chip Zdarsky
Dessin de Manuel Garcia
Parution aux USA le mercredi 26 août 2020
S’il s’agît du premier Annual du volume en cours de Daredevil, le héros aveugle n’y tient qu’un rôle secondaire. Mais dans le même temps il convient de surligner l’importance du numéro pour tête à cornes puisque Chip Zdarsky s’occupe d’installer durablement dans le « paysage » Mike Murdock, réapparu comme un cheveu sur la soupe ces derniers temps. Le frère imaginaire de Matt est essentiellement un « mensonge qui a pris vie » et qui entend bien faire ce qu’il faut pour continuer d’exister. Pour autant que cette injection puisse sembler étonnante, elle n’est pas sans précédent ces dernières décennies. Il y a eu des épisodes où Clark Kent et Superman existaient comme deux êtres indépendants mais on se souviendra également des épisodes des Avengers de Busiek et Perez où Yellowjacket existait « hors Hank Pym » ou de sagas similaires entre Thor et Don Blake. Mike Murdock, pour les lecteurs de la fin du Silver Age, c’était un peu la « troisième identité » de Matt et le « vieux coup de l’identité qui prend une vie propre » était presque inexorable. Maintenant que le « frère factice » est là, Chip Zdarsky fait le nécessaire pour consolider sa présence. Et il faut bien dire que si, au demeurant, l’Annual y va un peu au « chausse-pied » pour placer Mike sur la carte, au bout de quelques pages le scénariste s’avère très convaincant sur les mérites de cet ajout rétroactif. Il ne s’agit pas simplement d’inscrire le jumeau de Matt dans la continuité mais aussi de négocier une sorte de virage, d’ajouter quelques éléments qui rendent finalement beaucoup plus naturels le sort de Jack Murdock et de sa progéniture. La technique n’est pas d’une subtilité à tout épreuve mais elle semble assez rapidement promettre quelques retombées intéressantes.
Manuel Garcia aux dessins et Le Beau Underwood à l’encrage nous proposent des pages certainement efficaces, pas déshonorantes mais un peu « factuelles ». Vue la teneur de l’annual on aurait pu envisager quelque chose qui tienne d’une évocation des époques concernées, avec quelques allusions aux artistes emblématiques de la série. A défaut, il n’aurait pas idiot de demander à un ou deux « anciens » de la série de venir travailler sur les flashbacks. C’est ce qui fait que tout en étant intéressant l’épisode ne transforme pas tout à faire l’essai. La fonction de Daredevil Annual #1 est efficace, mais il manque un peu de pep’s pour que la situation nouvelle de Mike soit d’emblée percutante. On se demande quand même si, chez Marvel, quelqu’un avec une pointe d’humour (et pourquoi pas Chip Zdarsky ?) osera nous pondre une saga impliquant tous les frères et sœurs rajoutés rétroactivement ces dernières années, de Teresa Parker à Arno Stark en passant par Shuri, Angela et maintenant ce chez Mike..
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