Grant Morrison et Liam Sharp continuent leur réappropriation de tout un pan « science-fictionesque » de l’univers DC, avec des personnages aussi obscurs qu’Hyperman ou Zarl Vorne pour nous donner quelque chose d’assez puissant… Mais où l’on cherche parfois un peu le rapport avec Green Lantern, comme si Morrison écrivait cette série « par défaut » tout en pensant à un autre personnage majeur de l’éditeur…
Scénario de Grant Morrison
Dessin de Liam Sharp
Parution aux USA le mardi 7 juillet 2020
Si vous vous êtes un jour demandé ce que cela aurait pu donner si DC Comics, au lieu de confier Superman’s Pal: Jimmy Olsen à Jack Kirby, lui avait donné une série plus « cosmique » telle que Green Lantern, alors ce qui se passe depuis que Grant Morrison et Liam Sharp ont repris les aventures d’Hal Jordan est assurément pour vous. Il y a un peu du ton à la fois austère et épique des New Gods dans cette saison 2, avec des personnages secondaires qui respirent la puissance… et qui sont pour la plupart des « réformés » des années cinquante ou soixante, un peu à l’image de ce que Morrison avait fait en ramenant dans le mythe de Batman des concepts tels que Zur-En-Arrh. Liam Sharp va à fond dans la notion de carrure, de muscle et tout ça, finalement, a de faux-airs du Hypernaut d’Alan Moore et Steve Bissette (ce qui ne manque pas de sel quand on connaît l’admiration très relative que se portent Morrison et Moore). La situation a les avantages de ses inconvénients : le premier effet de ces aventures de Jordan est qu’elles repeuplent le cosmos de DC loin des questions d’anneaux de toutes les couleurs, avec beaucoup de protagonistes oubliés mais qui ont, du coup, tous les avantages d’une feuille blanche (combien de lecteurs vont reconnaître l’ex-Power Boy dans ces pages ?). Mais inversement le script de Morrison a réciproquement les inconvénients de ses avantages…
Oui, Morrison s’en donne à cœur joie avec la continuité oubliée, la ramène pour lui donner un souffle nouveau et c’est bien. De Maxima à Astra (rescapée de Sensation Comics), il y a de quoi faire. Mais ce qui est moins « nouveau », c’est l’obsession du scénariste pour Superman et ses versions perverties/déformées. Hal Kar ou Hyperman en sont des exemples évidents, « Powerlord » l’est peut-être moins. Mais c’est un défilé de versions alternatives du surhomme initial. Pour qui connaît le travail de Morrison, au moins depuis Animal Man, ce n’est pas une surprise. Et la (re)lecture de Supergods, du même auteur, peut apporter des clefs de compréhension du comment du pourquoi. Mais à ce stade l’impression qui se dégage c’est que Morrison serait sans doute plus à son aise s’il écrivait un titre lié à Superman, le lien thématique ou personnel avec Green Lantern étant ténu. Pour qui a lu le JLA: Earth 2 de Morrison et Quitely, le principe du Hyperman maléfique tentant d’avoir une vie de famille a quelque chose d’énormément familier. Pour le coup Morrison peut remercier Sharp d’apporter cette touche kirbyesque à l’histoire, évitant ainsi la redite complète. Mais il manque une valeur ajoutée propre à cette saga qui pour l’instant n’est pas désagréable mais reste très « académique » pour du Morrison. Espérons que les épisodes à venir apporteront quelque chose de plus qu’un listing de personnages disparus. Il manque un petit truc, un petit plus qu’il y avait dans des projets comme Seven Soldiers ou Multiversity, par exemple.
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