A l’allure où Marvel et DC brûlent leur relaunch, l’événement dans cette relance de Spider-Man n’est pas à chercher dans le énième numéro 1 mais bien dans un ton différent. Cela faisait une décennie que Dan Slott, parfois aidé par Chris Gage, dirigeait le destin de Peter Parker. Voilà qu’il y a un changement de taulier, avec l’arrivée de Nick Spencer (mais aussi, aux dessins, d’un Ryan Ottley bien actif). Si dans la chronique précédente on vous parlait d’un face-à-face avec le Superman de Bendis, le fait que la recette appliquée ici est une approche totalement contraire… qui devrait en ravir plus d’un parmi les lecteurs de longue date.
Scénario de Nick Spencer
Dessins de Ryan Ottley
Parution aux USA le mercredi 11 juillet 2018
Peter Parker inventeur, puis remplacé par Octopus, puis milliardaire, puis chef de service au Daily Bugle… La vie de Spider-Man n’a pas été un long fleuve tranquille ces dernières années. Elle a aussi beaucoup fait parler dans le lectorat, qui reprochait au Spider de Slott d’être tout sauf le Parker classique. Nick Spencer (Secret Empire, Captain America: Sam Wilson, Ant-Man…) se glisse aux commandes sans tout mettre à la poubelle. Il se sert même d’un élément du Superior Spider-Man de Slott pour justifier, très naturellement, le retour de Parker à la vie universitaire. Mais ce sont surtout les premières pages qui vont faire parler, ce rêve que fait Peter et son rapprochement avec quelqu’un sur qui il a (presque) toujours pu compter. Cet Amazing Spider-Man #1 a un peu le parfum d’un Rebirth appliqué au Tisseur de Toile. C’est à dire qu’on ramène des choses, des atmosphères, qui étaient indissociables de la série il y a quelques années. Ce n’est pas simplement un retour en arrière (encore qu’il y en aura, forcément, pour s’arrêter aux apparences). Spencer ne se renie pas et importe aussi des idées (ou carrément des personnages) que l’on pouvait déjà trouver dans ses (excellents) Superior Foes of Spider-Man il y a quelques temps. Il en revient à une figure qui l’intéresse particulièrement, celle du super-vilain fébrile à en être maladroit. Le premier bad guy de cette nouvelle ère, Mysterio, en devient rapidement un bon exemple, même si Boomerang (et d’autres) ne sont pas très loin. En fait, Spencer fait un choix totalement opposé à ce que Bendis fait, au même moment, sur Superman (sans doute tout simplement parce que les deux personnages n’avaient pas besoin de la même chose). Au lieu d’isoler le héros et de lui créer un nouvel ennemi juré, Spencer recentre sur le couple, ramène la vie privée et prend un plaisir tangible à puiser dans le bestiaire existant des adversaires de Spider-Man.
« We’re in this together. We always have been. »
Que l’ex-scribe des Superior Foes of Spider-Man continue dans cette voie, ce n’est pas à proprement parler étonnant. Encore que certains lecteurs, après ses Captain America et son Secret Empire, l’associent peut-être à quelque chose de bien plus politisé. Mais il serait faux de penser qu’Amazing devient simplement une continuation des Superior Foes. D’une part parce que Spencer est quand même plus fin que cela. Et puis aussi et surtout parce qu’aux dessins Ryan Ottley s’active pour instaurer une ambiance radicalement différente. Et on pourrait dire qu’il est fait pour cela. Quand il dessinait Invincible, Ottley donnait au jeune héros de faux-airs de Peter Parker. Voilà qu’en le retrouvant sur l’authentique Spider-Man, son Peter prend des allures d’Invincible et quelques personnages secondaires s’illuminent d’expressions voisines des Guardians of the Globe. Il y a même une équivalence assez frappante d’Atom Eve. Tout comme Spencer, ce n’est pas qu’Ottley ne sait faire qu’une seule chose en boucle. Les deux auteurs font d’abord ce qui leur fait plaisir, tout en prenant soin d’importer chez Spider-Man seulement des recettes qui s’appliquent à lui. D’office, ce premier numéro nous montre que Spencer et Ottley s’éclatent beaucoup avec le petit monde de Spider-Man. Du coup, c’est comme une sensation contagieuse et beaucoup de lecteurs devraient eux aussi s’y retrouver.
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