Après les évènements de Batman #50 (épisode qu’il est absolument nécessaire d’avoir lu avant, comme le souligne la couverture), Catwoman/Selina Kyle mène désormais une vie nouvelle… Mais s’attire également des ennemis nouveaux, dont une matriarche difforme que ne renierait sans doute pas Garth Ennis. Joelle Jones, aux commandes à la fois du scénario et des dessins, installe la femme-chat dans une nouvelle série illimitée et de caractère.
Scénario de Joelle Jones
Dessins de Joelle Jones
Parution aux USA le mercredi 4 juillet 2018
Nous vous l’expliquions dans une chronique précédente : la lecture de Batman #50 cette semaine laisse, pour des raisons diverses, la sensation d’une douche écossaise. Il n’en demeure pas moins que DC Comics profite – à raison – du coup de projecteur donné sur Selina Kyle ces derniers mois pour lui rendre sa propre série. Si elle faisait en effet partie des 52 titres (re)lancés en 2011, voici quelques temps déjà que cette femme ambiguë en était privée. Confier la responsabilité du titre à Joelle Jones est une excellente idée. D’une part parce que les femmes qui ont pu travailler sur Catwoman ces dernières décennies ne se bousculent pas au portillon (à plus forte raison si l’on cherche une créatrice qui écrirait mais dessinerait également). D’autre part (et c’est le plus important), car son style à la fois sombre et précis convient à cet univers à la fois nocturne et baroque. On a pu s’en apercevoir dans ses projets différents, Jones ne donne pas dans le cliché, dans le sur-jeu, dans les histoires de petites princesses. Il y a du caractère dans son travail, aussi bien au niveau visuel que dans l’écrit. Pour preuve une adversaire qu’un Ennis aurait pu aussi bien nous servir dans Punisher ou dans The Boys, une sorte de Ma Gnucci appliquée à Catwoman.
« …You’ve got the wrong cat. »
C’est ce caractère, aussi bien celui que l’on associe à Selina que celui dont fait preuve Joelle Jones, qui donne du goût à une histoire qui, au début tout au moins, pourrait sembler tenir de l’archétype. Quelqu’un, en effet, utilise le nom et le costume de Catwoman pour tuer des gens. Il n’en fallait pas plus pour que la vraie Catwoman décide, doublement, de changer d’apparence et de se lancer sur la piste de l’imposture. Entre le nouveau look (un peu plus bondage, en un sens) de l’anti-héroïne et cette histoire de fausse Catwoman, on pourrait se croire revenu à l’époque de l’antique minisérie Miss Fury des années 90. Et on en viendrait presque même à se demander si Jones n’est pas dans le registre d’un hommage confiant. Pourtant, sur la fin, cette histoire de vol d’identité prend un tournant totalement différent. Tout comme on peut parier que les ventes de Batman #50 seront excellentes, celles de ce Catwoman #1, en théorie très lié, ne devraient pas rendre l’éditeur morose. Mais il est certain que rapidement cette nouvelle série féline devra vivre sans la hype. Sans préjuger de ce qui se passera au niveau commercial, Joelle Jones marque ici un redémarrage qui respecte la personnalité de Selina. S’il existe une marge de progression, elle se trouve sans doute dans l’ébauche de supporting cast. Un flic sur la piste de Catwoman, cela nous ramène un peu à l’ère de Brubaker. Jones gagnerait à vite établir autour de Selina un entourage composé de profils nouveaux pour elle. Mais c’est un bon début.
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