Après avoir promené Doctor Strange dans l’espace, Mark Waid et Jesus Saiz profitent d’un « épisode de respiration » qui est aussi une sorte de prologue en prévision du suivant, qui sera ni plus ni moins que le 400ème chapitre des aventures du magicien (bon, ne fait, c’est un peu plus compliqué que cela puisque la numérotation prend en compte l’antique série Strange Tales). Un côté terre-à-terre bienvenu, avant que le Sorcier Suprême reparte défendre l’univers…
Scénario de Mark Waid
Dessins de Jesus Saiz
Parution aux USA le mercredi 5 décembre 2018
A travers l’actuelle série Doctor Strange, Mark Waid s’intéresse – d’une certaine manière – à l’entourage du héros. Certes les premiers épisodes n’en n’avaient pas l’air ou la chanson, puisque le sorcier partait dans une galaxie vraiment très lointaine pour retrouver ses pouvoirs. Mais le scénariste n’a jamais réellement laissé le personnage seul. Qu’il s’agisse de ses négociations avec Tony Stark ou de sa compagne de route dans l’espace, Waid a pris soin de montrer un Stephen Strange sans cesse sous le regard des autres… quitte à ce qu’il tente de s’en soustraire (par exemple en mentant). Revenu sur Terre avec ses pouvoirs, Strange pourrait reprendre ses affaires habituelles mais Waid choisi le contre-champ, avec ce qui ressemble au demeurant à un récit de « proximité ». Depuis des années une grosse société immobilière tente de racheter le quartier où habite le célèbre sorcier. L’insistance de l’entreprise va attirer, de manière croissante, le courroux de Strange mais, inversement, les pressions vont se faire de plus en plus insistantes et dangereuses. Pour Stephen, certes, mais surtout pour ses voisins. Car c’est le vrai intérêt du numéro, il replace le sanctuaire du maître des arts occultes dans une rue issue du réel. Une idée qui permet de repeupler (peut-être de façon passagère, mais on ne l’espère pas) le périmètre du personnage avec quelques figures humaines issues du quotidien. Pour ces gens, Stephen est un bon voisin, parfois un gendre idéal. Mais parfois sa présence et sa façon de régler les choses fait qu’ils doivent bien se rendre à l’évidence. Stephen Strange est tout sauf un voisin normal. Quelque part Mark Waid retombe sur une thématique proche à la fois de certains épisodes de Doctor Who (les amis entraînés malgré eux dans les retombées des aventures du héros) mais aussi, plus logiquement, du Doctor Strange de Roger Stern et Paul Smith, quand il s’agissait là aussi d’explorer un certain lien avec la normalité.
Malgré des couleurs parfois un peu trop massives, Jesus Saiz s’amuse visiblement avec ce récit plus urbain que le cursus habituel de Doctor Strange. Représentants ou épiciers sont représentés avec un souci du détail, un sentiment d’humanité. Il y a aussi des petites touches particulièrement bien vues, comme Stephen relevant le regard, plus dur, à l’attention d’un inconscient qui veut forcer sa porte. C’est loin d’être un fill-in ou un épisode en attendant le « 400 » de la fois prochaine. D’ailleurs, en un sens, on abandonne presque à regret l’intrigue principale alors que la dernière partie du numéro vise plutôt à réinstaller une tension en prévision des choses à venir. Pour ceux qui n’avaient pas forcément été intéressés par le concept d’un Doctor Strange dans l’espace, premier arc de la série, ou qui auraient perdu le fil, ce numéro est un excellent point de réentrée dans l’univers du héros. Une histoire simple, plaisante, qui semble cependant être le calme avant la tempête.
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