A la base de la présente série Hawkman, il y a un réglage nouveau dans les origines du personnage. Il n’est plus seulement un pharaon réincarné mais un héros dont le cycle des vies précédentes s’étire bien plus lointainement, bien plus anciennement, à travers l’espace-temps. Le sens premier de la vie d’Hawkman, c’est un peu la quête principale de la série de Venditti et Hitch. Or, cette semaine, loin de faire traîner les choses en longueur, les deux auteurs ouvrent les vannes. Voilà donc le secret de la vie initiale d’Hawkman.
Scénario de Robert Venditti
Dessins de Bryan Hitch
Parution aux USA le mercredi 12 décembre 2018
La série post-Metal d’Hawkman avait, au demeurant, tous les aspects d’une quête au long cours, un « machin » qui aurait pu durer des années : un Carter Hall amnésique (découvrant que ses vraies origines ne remontaient finalement pas à l’Egypte Ancienne mais bien plus loin encore) essayant de savoir d’où il vient vraiment et quel danger universel il est supposé prévenir. D’autres auraient fait durer l’affaire aussi longtemps que le mystère des origines de Wolverine ou de Rogue. Venditti et Hitch ont au contraire la sagesse de ne pas attendre des lustres pour lâcher une pièce importante du puzzle, peut-être la plus importante d’ailleurs : ce qui semble être la première vie d’Hawkman. C’est à dire quelque chose qui surfe sur une sorte de relation à la Silver Surfer/Galactus. On s’en doutait un peu depuis le premier épisode, avec les silhouettes gigantesques de méchas inspirés du design d’Hawkman et qui avaient de faux-airs du dévoreur de monde de la Marvel. Mais Venditti surprend cependant en changeant les éléments et les rôles de place. Les « géants mécaniques » ne sont pas les « boss de niveau » que l’on aurait pu croire. Et le proto-Hawkman se retrouve devant une problématique à mi-chemin entre le récit biblique (l’ange rebelle et déchu) et la mythologie lovecraftienne (le dieu ancien, informe, qui s’éveille).
Que vous soyez client ou pas de l’axe actuel d’Hawkman, voici un élément important qui impacte le héros volant. Et de manière beaucoup plus convaincante que le Hawkman #0 qui, quelques années en arrière, s’était surtout évertué à repomper le roman Dune (le métal NTH remplaçant l’épice), vers géants inclus. Il y a des origines dont on sait, rien qu’à la première lecture, qu’elles ne tiendront pas et qu’elles seront pratiquement si vite oubliées. Là, sans parier sur l’avenir à long terme, le propos de Venditti et Hitch est autrement mieux soutenu. Les ventes d’Hawkman ne sont pas interstellaires. Les auteurs ont sans doute conscience de ne pas travailler sur la distance (il serait plaisant mais très étonnant qu’on en arrive à un Hawkman #50). De ce fait, ils nous livrent une quête du héros qui progresse de manière rapide et dense, en explorant les vies précédentes du héros comme autant de manières de peupler le passé de l’univers DC. Gage de cette densité, Hitch est plus régulier aux dessins qu’il l’a été depuis des années (sur son compte twitter, l’artiste explique d’ailleurs que sur cette série il a amélioré ses techniques pour progresser plus vite sans pour autant brader la qualité). Globalement Hawkman #7 est donc incontestablement un maillon important. Le reproche qu’on pourra cependant faire à Venditti, c’est de s’acheminer vers une sorte de redite de Metal appliquée à Hawkman. Dans Metal, le démon Barbatos utilisait Batman pour s’incarner sur Terre. Voilà qu’Hawkman tente d’empêcher l’incarnation d’une autre entité. Quelque part c’est logique (Barbatos était en un sens le point culminant de la « Bat-tribe », penser que la « Hawk-tribe » converge elle aussi vers une divinité n’est pas idiot) mais c’est un peu trop similaire, quelques mois à peine après le crossover de Batman qui a justement ramené Hawkman. Et puis il y a la question de cette divinité tentant de s’incarner depuis des millions d’années mais qui n’a pas l’air d’avoir beaucoup progressé depuis la première vie d’Hawkman. Mais d’un autre côté, comme dit plus haut, l’avantage d’Hawkman, la série, est d’être soutenue par deux auteurs qui en maîtrisent le rythme et le contenu (ce qui n’était pas vraiment le cas avec le crossover). De facto, allez savoir si l’exercice auquel se préparent Venditti et Hitch n’est pas de reprendre la structure d’un Metal mais pour mieux l’exécuter (en ne se perdant pas trop, par exemple, dans les personnages secondaires). Les mois qui viennent nous le diront.
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