Vingt ans après le lancement des Marvel Knights, entre autres choses via le Daredevil de Kevin Smith, Joe Quesada et Jimmy Palmiotti, voici un passage de relai avec une nouvelle génération d’auteurs, qui reprennent à leur tour certains des héros « urbains » de Marvel. Peut-on encore surprendre avec les Marvel Knights ? Donny Cates et Travel Foreman le démontrent de manière éclatante.
Scénario de Donny Cates
Dessins de Travel Foreman
Parution aux USA le mercredi 7 novembre 2018
Pour mesurer le poids de 20 ans d’histoires, quelle méthode plus paradoxale et pourtant la plus logique que de retirer aux personnages le souvenir de ces années ? Non, ne fuyez-pas dans l’autre sens en hurlant au reboot. Mais Daredevil se réveille au pied de la tombe de Karen Page sans se souvenir de comment il est arrivé là, de qui il est où même de qui était Karen. Quelqu’un ou quelque chose semble avoir vidé sa mémoire. En fait, c’est tout l’univers Marvel qui semble avoir été lobotomisé, les super-héros et les super-villains ne se souvenant plus de leur identité ou de leur passé. Un coup de Mysterio ou de Killgrave ? Que se passe-t-il exactement ? En partant sur cette idée forte, une sorte de « coup à la Sentry à l’envers », Donny Cates sort les nombreux personnages concernés de leur routine, tandis que le lectorat mesure l’étendue de ce qu’il se passe. Bien sûr, il faut se souvenir que Marvel Knights c’est Daredevil, Punisher, Black Panther… mais que le label a, à certaines époques, englobé même des séries comme les Fantastiques. Là où Matt Murdock est décomposé sans son identité et sa mémoire, un autre personnage, lui, récolte carrément une nouvelle existence, un nouveau job et un tempérament plus tranquille. Clairement, le twist est prenant, alors qu’on a très vite la sensation que ce n’est pas simplement une histoire à la Age of Apocalypse/Flashpoint mais qu’un responsable se cache quelque part. Qui plus est, il semble (sauf hallucination) qu’il y a un personnage qui ne devrait pas être de la partie.
« I’m here. »
Travel Foreman est un dessinateur très inventif, qui fait des choix graphiques qui le singularisent du tout-venant de ses collègues. Il a ses textures, ses postures… Mais pour le coup encrage et colorisation ne le servent peut-être pas autant qu’ils le devraient. Parfois les couleurs y vont un peu à la truelle, elles sont un peu trop artificielles pour l’ambiance plutôt nocturne visée par Foreman. Globalement, cependant, le dessin porte l’histoire. Il est assez loin d’une esthétique à la Quesada, telle qu’on aurait pu l’imaginer pour honorer les 20 ans de Marvel Knights. Mais d’un autre côté passer par un Forelman (et un Cates), c’est l’occasion de montrer que la meilleure façon de démontrer la vivacité de l’héritage de la gamme, c’est de continuer à produire des choses nouvelles, de ne pas refaire dans la redite. Même si certains tiqueront sans doute sur l’identité du responsable des évènements (ce n’est pas forcément le premier bad guy auquel on pense en évoquant MK), le pitch est redoutable et on se demande vraiment ce que les épisodes suivants vont révéler.
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