La Terre a subi une guerre nucléaire. Les quelques survivants se sont regroupés dans des métropoles géantes. Les gangs pullulent et tentent de diriger la ville. Les autres habitants essaient de vivre tant bien que mal dans ce monde de misère et de violence. Certains d’entre eux sont des mutants. C’est le cas de la Juge Anderson, jeune recrue douée de télépathie. Elle va faire s’équipe avec le vétéran Judge Dredd. Lorsqu’ils sont appelés pour deux homicides dans le bloc de Ma-Ma, la situation dérape. La maîtresse des lieux contrôle la distribution d’une nouvelle drogue, le « slow-mo » et ne veut pas qu’on la gêne dans son business. Elle prend possession du bloc et les deux jugés vont devoir lutter pour survivre et faire respecter la loi.
Cette nouvelle version de Dredd au cinéma fait table rase de la version avec Sylvester Stallone sortie en 1995. L’ambiance ici est plus « sale », comprenez moins lisse. Le monde futuriste et la ville de Mega-City One ne font pas rêver (non pas que le film précédent décrivait un paradis, mais on est loin d’un futur « graphique » à la Blade Runner et c’est voulu). Après une introduction à ce nouvel univers (lors d’une arrestation musclée), le ton change et on se retrouve dans un huis-clos, qui peut faire penser à The Raid (si ce n’est que la production de Dredd était lancée avant et que le sujet s’appuie sur des épisodes de la BD des années 70/80, en particulier 2000AD #182). Dredd et sa coéquipière n’ont qu’un seul but : arrêter Ma-Ma et ses sbires. La progression dans les étages de la tour font penser à un jeu vidéo et ses différents niveaux. Malgré tout, ce scénario simpliste n’empêche pas quelques retournements de situation inattendus.
L’ambiance comic-book de 2000 AD est bien là : violence, baston, réflexion sur l’avancée de la civilisation. Les scènes de combat s’enchaînent avec un esthétisme soigné et contrôlé. Mention spéciale aux séquences ralenties lorsque le « slow-mo » entre en scène.
Sous le casque du Juge Dredd, on retrouve Karl Urban (Star Trek, Doom). L’acteur de fond dans le personnage au point de ne pas montrer son visage de tout le film. Dredd est ici une personne anonyme, chargée de faire respecter la loi. Le spectateur s’identifie plus facilement au personnage et le lecteur de comics ne peut pas reprocher à l’acteur d’être différent de sa version papier. Urban arrive malgré ce handicap à laisser transparaître les (rares) émotions du Juge. Dans les scènes d’action, il se révèle excellent. Bref il assure avec brio la succession de Stallone, qui avait laissé un goût amer aux fans.
L’autre atout de ce film, c’est son casting féminin. On a d’un côté, Olivia Thirlby dans le rôle de « l’apprenti Juge » Anderson. La jeune actrice n’a pas eu de grand rôle avant, et elle se démarque dans Dredd. Réservée et inexpérimentée, elle ressemble un peu à Liz Sherman interprétée par Selma Blair dans Hellboy. On regrette simplement que les dons paranormaux du personnage ne soit pas plus développés. Elle utilise ce pouvoir dans quelques scènes mais n’atteint jamais le niveau d’un Professeur X ou même… celui de la Juge Anderson de la BD qui, elle, apparaissait déjà expérimentée. Dommage car le réalisateur aurait pu créer tout un univers « spirituel » pour elle. Face à elle, Lena Headey (Game of Thrones, Sarah Connor Chronicles) en Ma-Ma cruelle et vicieuse… Défigurée, l’actrice perd de sa superbe mais gagne en « prestance ». Ses apparitions sont prenantes, surtout que la dame se laisse aller à des accès de violence. Un rôle décalé pour Lena Headey.
Bref, il faut donner sa chance à ce « reboot » du policier de Mega-City. Plus violent, plus sombre, cette adaptation est fidèle au produit original. Même si le film n’est pas un chef d’oeuvre (il manque, entre autres choses, une acidité qui lorgnerait plus vers le Paul Verhoeven non pas de Robocop – ce serait trop facile – mais bien de Starship Troopers), on passe un bon moment en se vidant la tête. Un bon film pop-corn à visionner entre amis.
[Pierre Bisson]
Dredd, disponible en Blu Ray 3D, Blu Ray et DVD chez Metropolitan Video le 11 février 2013.
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