RAPPEL DES FAITS
Le premier film FF était un « produit ». Un truc taillé sur mesure pour faire des partenariats avec des chaines de Fast Food et collectionner les quatre gobelets à l’effigie des personnages. Bon, vous me direz… mais quel blockbuster américain ne se résume pas à ça quand on le met face à la réalité économique d’Hollywood ? C’est vrai que vues les sommes impliquées même des films comme 300 sont « pensés » pour des cibles, des tranches d’âges et même des ménagères qui, selon le cas, ont plus ou moins de 50 ans. Mais le premier film FF se limitait pour une bonne partie à cette définition. Pour le restes, on avait saupoudré les divers éléments avec autant d’élégance qu’une poignée de magnets jetés sur le côté d’un congélateur. La Chose et la Torche se partageaient les bonnes vannes. L’Invisible et Mister Fantastic faisaient parents pauvres à côté. Et tout le machiavélisme du Docteur Fatalis se bornait à cambrioler ses propres laboratoires pour y piquer un bazooka version luxe. Là, le mot d’ordre semble d’avoir été de corriger un certain nombre de choses qui n’allaient pas dans le premier. Tout n’est pas parfait, loin de là, mais plusieurs choses ont été revues à la hausse. Et puis regardons les choses en face, libérés de la contrainte de saucissonner l’origine des héros, les auteurs ont pu se donner un peu plus d’attention à leurs personnages.
QUATUOR, 2EME SERVICE
Disons-le d’emblée, ce second film consacré aux FF a une bien meilleure tenue. Certes, on sent encore un poil le côté marketing (merci mr Dodge !) mais il y a en plusieurs endroits de véritables bons en avant en matière de scénario et de dialogue. Si la Chose et la Torche sont égaux à eux-mêmes, Mister Fantastic prouve enfin lors de quelques scènes pourquoi il est le chef de la bande. Moins « nerd névrosé », il est plus proche du profil de la BD. L’Invisible, elle, c’est une autre histoire. En un sens on peut dire qu’elle est elle aussi plus proche de la Sue Storm des épisodes de Stan Lee et Jack Kirby mais paradoxalement ce n’est peut être pas un bien. Là où Sue était une « tête pensante» capable de participer aux projets scientifiques de Red et Fatalis dans FF1, elle est ici essentiellement recentrée autour d’une version démodée de la féminité. Tandis que ses coéquipiers conspirent pour lui cacher que Red travaille à un détecteur qui pourrait sauver le monde, Sue n’a qu’une préoccupation: son mariage, fonder une famille, etc… et peu importe ces histoires de pertubations subatomiques auxquelles elle ne comprend rien. Certes elle dit tout ça avec panache (son fiancé découvrira à ses dépends l’usage des champs de force dans le cadre des scènes de ménage) mais entre les deux films, la Sue diplômée en sciences est passée à la trappe. Mais d’une manière générale la « première famille » de Marvel est bien plus homogène que dans le premier film (ouf, c’est déjà ça de pris…). Le Docteur Fatalis lui aussi a été revu et corrigé (encore plus que les autres). Au point que son apparence et son comportement sont méconnaissables par rapport au premier film. En ce qui le concerne, ces changements sont inégaux. La plupart tendent à lui rendre sa superbe, là aussi en se rapprochant du comic book. Finies les histoires d’acnée métalliques. On parle d’armure, de quête du pouvoir… Par contre il faut bien dire que dans plusieurs passages cet être encapuchonné balançant des éclairs fait plutôt penser à l’Empereur Palpatine qui se serait trompé de studio…
ARGENTIQUE
Mais bien sûr la nouveauté principale, la chose qui attire l’oeil, c’est la présence du Surfeur d’Argent. D’ailleurs, toute la situation tient dans le titre français (« Les Quatre Fantastiques et le Surfer d’Argent »). Il y a deux pôles dans ce film. D’un côté l’histoire des FF et leur évolution en tant que famille, de l’autre la prise de contact du Surfeur avec la Terre et sa rebellion contre son maître (Quoi ? Je vous ai spoilé ? Vous pensiez vraiment que dans cette version le Surfeur laissait son patron transformer notre monde en steak tartare cosmique ?). Pendant ses apparitions, le Surfeur vole la vedette aux quatre autres, ne serait-ce que par l’élégance de son design et de ses mouvements. C’est presque comme si on avait cannibalisé un film du Surfeur pour y insérer les FF dedans. FF2, c’est un peu Silver Surfer #0 et après ça les producteurs pensent déjà à un spin-off (dont le scénario sera signé JMStraczynski). Un regret cependant: la non-apparition de Galactus (ou pas en tant que tel), malgré quelques allusions. Dommage, ça ne leur aurait pourtant pas demandé beaucoup plus d’efforts. Cinématographiquement FF2 n’est pas LE film de l’année, mais c’est un film d’action à vocation familiale pour qui veut se plonger dans l’univers des FF. Sur ce plan il dépasse de loin le film qui l’avait précédé…
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