Comic Box Virgin #21 – Heavy Liquid

[FRENCH] Je n’en suis pas encore au point d’être accro aux comics mais je commence à ressentir le besoin d’avoir ma dose une fois par semaine… De la bonne page de BD qui s’avale bien…. Qui vous mette dans un état second le temps de la lecture… Vous plonge dans un autre monde pour un bon trip de strip. Cette semaine, avec Heavy Liquid, j’ai été servie en sensations fortes. De la bonne came. Je ressors mon vieil album du Velvet Underground en chantouillant dans un anglais marshmallow pour faire écho à Lou Reed. J’étais déjà fan des chansons épiques qui vous font décoller (bon d’accord, sous substance exclusivement) mais les BD où les images se chargent de musique au fil des pages (toujours sous substance… C’est ce qui s’appelle se défoncer au travail), c’est une expérience sensorielle unique…

Un ovni visuel de Paul Pope, le pape psychédélique du comics… Heavy liquid a les mêmes ingrédients qu’un rêve sous acide. Un futur qui rappelle étrangement les années pop de Warhol, tout en se projetant dans un espace fantaisiste mais sans exagération. Stooge, dit « S » est un détective qui a retourné sa veste pour se mettre à son compte. Il vient de se mettre une bande de criminels à dos en dérobant une substance précieuse, le heavy liquid, qui se rapproche du chrome mais possède des propriétés uniques. Certains s’en servent pour l’art, comme Gaylord Schmeltz, appelé le Collectionneur, qui charge « S » de mettre la main sur la plus grande artiste de tous les temps pour réaliser une sculture en heavy liquid. D’autres comme « S » l’utilise à des fins purement hallucinogènes en se le coulant bouillante dans l’oreille (du heavy metal certainement…). La quête du heavy liquid pousse « S » dans une aventure qui va lui faire prendre conscience que je, sous drogue, est un autre…

Drug, sex and rock&roll


Heavy liquid se coule dans l’underground… « S » est complètement pop (mi Iggy mi Paul). Même avant que « S » ne se shoote à l’heavy liquid, le paysage est déjà stone. La ville est fourmillante de fantaisie et l’appararition de Crac, Kip et Coupé, les trois tueurs du gang, revêtus de masques de carnaval, précipite l’histoire dans un méli mélo dissonant comme une musique expérimentale. Le heavy liquid est le seul point d’ancrage de Stooge. Sa raison d’être, comme aurait dit ce grand philosophe de Pascal Obispo (vu qu’on vient de parler de musique expérimentale). Il lui sacrifie ses amis, sa vie professionnelle et son grand amour. Mais la vie est un labyrinthe où l’on finit toujours par se recroiser (et accessoirement tomber dans un cul de sac). Les affaires du détective le mènent sur les traces de la femme qu’il a aimée autrefois. Ironie du sort : le heavy liquid les avait séparés. Il va les réunir le temps d’une mission. « S » est seul avec sa drogue comme unique amie. Les effets de l’heavy liquid se font énigmatiques. La drogue explose la vision comme du verre brisé, décuple les forces, finit par se rebeller. Bad trip ou vraie présence ? Le mystérieux métal révèle ses secrets dans l’intimité de « S ». Et si la substance était vivante finalement ?

C’est du lourd !

L’origine d’Heavy liquid ? Une vision fantasmagorique pendant un morceau de musique du groupe de rock Thee Hypnotics. Le titre s’appelait Heavy liquid… Paul Pope a réussi le pari de passer du son aux mots et aux images. L’histoire tourne autour de l’Heavy liquid qui devient le personnage invisible que tout le monde s’arrache. Chaque protagoniste a sa mélodie et sa tonalité. Parfois les accords se confondent pour créer une cacophonie des Stooges. L’Heavy liquid fait le lien avec chacun tout en restant insaisisable, sauf pour « S » qui finit par percer le secret de la substance. Les pupilles restent dilatées pendant la lecture, les sens enveloppés du coton des couleurs et bercés de textes addictifs. Si vous voulez essayer l’Heavy liquid, vous n’avez plus qu’à l’acheter en toute légalité et à le consommer sans risquer d’effets secondaires autres que le plaisir.

[Ange Lise]

HEAVY LIQUID
scénario&dessins : Paul Pope
Editions Dargaud, 2007

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